![]() Le gouvernement Verhofstadt est en pleine tempête (Photo: Belga) |
En ce début du mois d’octobre, plusieurs dossiers
particulièrement brûlants sont à l’agenda du gouvernement
fédéral. Ce dernier navigue en pleine tempête et la
crise politique menace. Une seule question: le Premier ministre Guy Verhofstadt
va-t-il pouvoir tenir encore longtemps la barre de son gouvernement?
La première bourrasque a atteint le gouvernement Verhofstadt
dans le courant du mois de septembre. Elle concernait le désormais célèbre
dossier DHL. Derrière ces trois initiales se cache une entreprise allemande
de transport express de colis. Depuis plusieurs années, DHL s’est
installée à l’aéroport de Bruxelles-National, à
Zaventem. Aujourd’hui, elle veut étendre ses activités et
demande donc l’autorisation d’augmenter le nombre de vols qu’elle
effectue la nuit. Une formalité? Pas vraiment…
A l’heure actuelle, en Belgique, on tolère un maximum
de 25 000 vols de nuit par an. Pour que ce plafond puisse être dépassé,
le gouvernement fédéral, mais aussi celui de la Région
flamande et de la Région de Bruxelles-Capitale doivent donner leur accord.
Et c’est
là que le bât blesse! Au Nord comme au Sud du pays, les avis
et les intérêts divergent.
La question est la suivante: faut-il privilégier la tranquillité
des riverains de l’aéroport et des zones voisines en n’augmentant
pas le nombre de vols? Ou au contraire, faut-il donner priorité à
la création d’emplois en autorisant davantage de mouvements d’avions?
Impossible de trancher! Fin septembre, les trois gouvernements sont pourtant
parvenus à rendre une proposition commune aux dirigeants de DHL. Depuis,
la tension est retombée…
De DHL à BHV…
Le second coup de vent se décline aussi en trois initiales: BHV ou plutôt,
Bruxelles-Hal-Vilvorde. Cet arrondissement avait beaucoup fait parler de lui
en avril dernier. A l’époque, les bourgmestres des communes
flamandes à facilités de la périphérie
bruxelloise exigeaient la scission de cet arrondissement. En résumé,
cette scission empêcherait les habitants francophones des communes à
facilités de voter pour des candidats francophones lors des élections.
Les communes à facilités sont un reste de la structure passée
du pays.
Aujourd’hui, les responsables flamands remettent encore une fois ces
facilités en cause. Ils sont favorables à cette scission tandis
que les francophones s’y opposent fermement. Nouveaux remous en perspectives…
La troisième perturbation concerne le budget 2005. Celui-ci compterait
un déficit de 3 à 4 milliards d’euros. Une somme qu’il
faudrait trouver pour que ce budget soit en équilibre. Pour cela, deux
solutions sont possibles: augmenter les recettes (et notamment les impôts
et les taxes) ou diminuer les dépenses. Contrairement aux dossiers DHL
et BHV, celui du budget doit obligatoirement être résolu rapidement.
Un pays de compromisdécision prise après une discussion où chacun a abandonné une partie de ce qu'il voulait pour trouver un accord
Enfin, l’ultime obstacle qui attend le gouvernement Verhofstadt est la
déclaration de politique fédérale. Celle-ci est normalement
présentée à la Chambre par le Premier ministre ce mardi
12 octobre. Comme chaque année, elle reprend l’ensemble des projets
que le gouvernement fédéral espère réaliser l’année
prochaine. Ici aussi, les négociations s’annonçaient difficiles
étant donné que les priorités et les objectifs des partis
de la majorité sont différents.
Et c’est bien ce qui rend notre petite Belgique toujours plus difficile
à gouverner. Il faut désormais ternir compte des positions de
plus en plus divergentes des partis francophones et flamands. Un vrai casse-tête!
D’autant plus que depuis les élections de juin dernier, une autre
difficulté est venue s’ajouter: les gouvernements fédéraux
et régionaux ne sont plus composés des mêmes familles politiques
et sont donc “asymétriques”. Résultat: comme cela
a été le cas dans le dossier DHL, par exemple, les partis au pouvoir
au gouvernement fédéral ne peuvent plus aussi facilement influencer
ceux qui forment la majorité des gouvernements des entités
fédérées.
C’est bien connu: la Belgique est un pays de compromis. En d’autres
mots, les dossiers délicats ne se règlent que si chacun des parties
en présence acceptent de faire des concessions.
Les dossiers qui sont à l’agenda n’échapperont pas
à cette règle. Sinon, le gouvernement de Guy Verhofstadt risque
bien de prendre l’eau et de couler…
Anouck Thibaut