Des prisonniers irakiens ont subi des humiliations et des sévices – Photo: Belga

Depuis plusieurs semaines, les mauvais traitements
que les soldats américains
ont fait subir aux prisonniers irakiens font scandale. Les militaires ont-ils
agi seuls? Ou ont-ils reçu des consignes de leurs supérieurs? Quoi
qu’il en soit, la responsabilité du commandement politique et militaire
est écrasante…

Dans une prison près de Bagdad, des prisonniers irakiens ont subi des
humiliations et des sévices, souvent à caractère sexuel.
Les photos et les vidéos de ces mauvais traitements ont fait la Une
de tous les journaux et télévisions du monde. Elles mettent encore
plus en difficulté les Etats-Unis d’Amérique et les pays
de la coalitionalliance temporaire entre plusieurs personnes, groupes ou partis pour faire quelque chose ensemble qui ont envoyé des soldats en Irak. En effet, partout,
ces violations flagrantes des droits humains ont provoqué l’écoeurement
et le rejet. C’est d’ailleurs en avançant la raison de ces
mauvais traitements qu’un groupe clandestin irakien a filmé et
revendiqué l’exécution, tout aussi horrible, d’un
jeune otage américain. Il faut aller au-delà des faits pour essayer
de comprendre ce que cela peut provoquer.

Un rapport secret

Les premières images sont apparues dans des journaux américains
au début du mois d’avril. Au départ, ces journaux avaient
tous ou presque soutenu l’intervention américaine en Irak. Mais
aujourd’hui, ils sont de plus en plus critiques vis-à-vis de cette
guerre et des mensonges utilisés pour la justifier. D’autant plus
que le nombre de soldats et de civils américains tués en Irak
ne cesse d’augmenter. Par ailleurs, il est très vite apparu que
les responsables politiques et militaires américains savaient déjà ce
qui se déroulait en Irak. Un général américain
avait déjà fait un rapport confidentielqui se dit ou se fait en secret sur les faits graves
qui se passaient dans certaines prisons. Malgré tout, ils n’ont
rien fait pour arrêter ces faits et punir leurs auteurs. C’est
la révélation publique de ces tortures qui a fini par obliger
les responsables politiques et militaires à réagir.

Qui est responsable?

La véritable question qui se pose est de savoir qui est responsable
de cette situation. Le président américain, Georges W. Bush,
a dû finir par admettre que son ministre de la Défense, Donald
Rumsfeld, était au courant de la situation. Tout le monde croyait que
Rumsfeld allait démissionner. Mais Bush lui a maintenu sa confiance.
La position des dirigeants politiques américains est de dire que ces
sévices ne sont pas le résultat d’une politique du haut
commandement militaire. Ils disent que c’est le fait de soldats qui ne
savaient pas comment se comporter vis-à-vis des prisonniers et qui ont
commisdu verbe commettre, c'est faire quelque chose contre la loi: voler, tuer,... des excès très graves. Mais certains soldats ne sont pas
du même avis. Ils affirment que des ordres sont venus des services de
renseignement américains. La consigne était d’amener les
prisonniers à dévoiler des informations en les humiliant psychologiquement
et physiquement. Les ordres ne sont donc peut-être pas venus du commandement
militaire, mais d’un autre service.

Bush sera-t-il réélu?

Dans tous les cas, ces faits pourraient empêcher Bush d’être
réélu, en novembre. En effet, si les soldats ont agi sans aucune
consigne, c’est qu’ils étaient mal préparés
et pas du tout surveillés. Donc, les dirigeants politiques et militaires
ont une part de responsabilité. Par contre, si ces soldats avaient des
consignes, la responsabilité des dirigeants est encore plus grave! Certains
chefs militaires ont déjà été écartés.
Mais ils ne sont pour l’instant pas jugés. Les soldats, eux, sont
jugés. On a ainsi un peu l’impression que, ces soldats, même
s’ils ont aussi leur responsabilité, paient pour les vrais responsables.

Aux Etats-Unis comme ailleurs, beaucoup exigent que ceux qui sont directement
ou indirectement responsables soient eux aussi jugés et punis. Or, sur
ce point, l’administration Bush ne bouge pas. Et le président
et ses conseillers sont de plus en plus embarrassés, parce qu’ils
ne savent plus justifier leur politique, et parce que les familles de soldats
morts sont de mieux en mieux organisées pour critiquer Bush et ses hommes.
Sans compter que maintenant, le Président américain est contesté par
les membres de son propre parti…

Marc Vandermeir