Dans « Regarde les lumières mon amour », Annie Ernaux raconte ses visites dans un grand centre commercial où il y a un hypermarchémagasin encore plus grand qu'un supermarché, "hyper" vient du mot grec "huper" qui veut dire au-dessus. Elle nous raconte ce qu’elle voit, ce qu’elle observe de la vie de gens ordinaires dans ces lieux. Des lieux qui sont des espaces d’aliénationperte d'indépendance de pensée et d'action imposée par les contraintes sociales et, qu’on le veuille ou non, de bien-être. Tout le monde est déjà allé dans un centre commercial. C’est un grand bâtiment de plusieurs étages avec des dizaines de magasins et souvent un supermarché voire un hypermarché. Dans un centre commercial, il y a des gens comme vous et moi. Ce ne sont jamais des gens « ordinaires » quand ils sont écrits et décrits par Annie Ernaux.
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Stress et bien-être
Faire les courses fait partie de notre vie de tous les jours. C’est aussi une cause de soucis quand on n’a pas assez de pouvoir d’achat alors que tout est fait dans le supermarché et le centre commercial pour que l’on achète. Hypermarchés et centre commerciaux sont aussi des lieux où l’on se promène. Ce sont des espaces de fatigue et de stress, ce sont aussi des lieux d’évasion et de détente.
C’est aussi notre vie
Centres commerciaux et grand magasins font partie de notre vie. Pourtant, on n’en parle pas beaucoup dans les romans. L’écrivaine Annie Ernaux a voulu faire un livre sur le sujet. Il est écrit « roman » sur la couverture, mais il se présente sous la forme d’un journal. Annie Ernaux va souvent dans un grand centre commercial près de Paris. Dans ce livre, elle nous raconte ce qu’elle voit presque au jour le jour pendant quelques mois en 2012 et 2013.
Au début du livre, il y a une citation d’un autre écrivaine, Rachel Cusk qui dit que les hypermarchés sont comme des « espaces éclairés au néon … si impersonnels et aussi éternels qu’il en émane du bien-être autant que de l’aliénation. »
Si l’on veut résumer, Annie Ernaux voit dans le détail ce que dit Rachel Cusk. Alors ouvrons , lisons ce livre journal d’Annie Ernaux et voyons cela de plus près.
Aliénation
Un hypermarché crée de l’aliénation ? Annie Ernaux nous en donne des exemples quand elle parle, entre autres, du sexismele fait de considérer l'autres sexe comme inférieur, comportement qui humilie, insulte l'autre sexe. Ce sont toujours les femmes qui sont victimes du sexisme des hommes. des jouets : poupées pour les filles, voitures pour les garçons. Ou encore la place des articles dans le magasin. Les produits « bio » pour les plus riches sont mis en évidence. Les produits les moins chers pour les plus pauvres sont au fond du magasin.
« Je » et « Nous »
Au rayon librairie, il n’y a que les livres bestsellers. Annie Ernaux remarque quand même un de ses livres en collection de poche, rangé sur une étagère. C’est une petite anecdote où elle parle d’elle, mais il y en a finalement peu dans le livre ou plutôt elles ne se remarquent pas. Pourtant le livre est un journal, il est écrit à la première personne. C’est donc le « je » d’Annie Ernaux. Mais ce qui traverse Annie Ernaux, ce qu’elle vit, c’est aussi ce qui nous traverse, ce que nous vivons. Son « je » est aussi un « nous ».
Impersonnel et éternel
Un hypermarché est un espace impersonnel ? Oui quand on lit, par exemple, dans le livre : « Foule dense dès l’entrée dans le centre commercial. Un bourdonnement immense où la musique perce faiblement. » Et dans la phrase qui suit, on voit l’espace éternel : « Sur le tapis roulant, sous la verrière, on monte vers les guirlandes et les illuminations qui pendent comme des colliers de pierres précieuses. » Le paragraphe se termine par ces 2 phrases : « La jeune femme qui est devant moi avec une petite fille en poussette lève la tête, sourit. Elle se penche vers l’enfant : « Regarde les lumières mon amour » ! »
Une belle humanité
Ainsi , quoi qu’on dise, l’hypermarché et le centre commercial sont aussi des espaces « éternels et de bien-être ». Espaces éternels et de bien-être comme l’amour d’une maman. En deux phrases, Annie Ernaux nous montre toute l’humanité de cette maman, comme elle le fait à d’autres pages pour une femme asiatique, une femme noire, une femme voilée, un jeune SDF, un vieil homme pauvre, une famille populaire. Avec l’écriture d’Annie Ernaux, ce ne sont jamais des gens « ordinaires ».
Le livre d’Annie Ernaux est en livre de poche. Il est aussi accessible gratuitement en ligne à cette adresse électronique
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