A des milliers de kilomètres d’écart géographique
et surtout idéologique, le sommet social de Bombay et le sommet économique
de Davos se déroulent presque aux mêmes dates. Bombay se situe en
République fédérale indienne. Davos, dans une petite vallée
suisse de 12 000 habitants. Deux mondes, deux visions du monde, se heurtent sans
vraiment se parler. D’un côté les altermondialistes, de l’autre
les grands de l’économie de la planète.
![]() "Chaque matin je m’éveille du mauvais côté du capitalisme" dit cette affiche vue à Bombay (Photo: Belga) |
Ces deux rendez-vous sont devenus incontournables. Mais
ils ont déçu
la plupart des observateurs. Bombay-Davos, match nul pourrait-on dire, comme
un
match
au sommet
qui n’aurait
pas tenu ses promesses. Le quatrième Forum social mondial a tenu ses
quartiers dans le principal port de l’Inde. Bombay compte 12 millions
d’habitants.
La moitié de ceux-ci vivent dans des bidonvilles.
Triste record, Bombay abrite le bidonville le plus peuplé d’Asie.
Un million de personnes sont entassées sur 1,5 km2 ! A côté de
cela, l’autre
moitié des habitants vit dans l’opulence et le luxe. Dans un
pays qui compte plus d’un milliard d’habitants, cette poignée
de
pauvres ne pèse pas lourd.
Des chiffres
Bombay brasse à elle seule 90% des transactions bancaires du pays. Le
port représente 40% du commerce maritime du pays. Cette ville est à elle
seule un véritable symbolePersonne ou chose qui représente bien un sentiment, une idée, qui sert d'exemple. C’est pour cela que les organisateurs
l’ont choisie pour accueillir le quatrième forum social mondial.
A côté de cette (sous) région du monde, Porto Alegre était
presque luxueux. A propos de luxe et de chiffres, voici quelques éléments
qui peuvent faire réfléchir. On parle de plus ou moins 180 000
personnes au sommet de Bombay dont la moitié d’Indiens, mais il
est très difficile de vérifier ces chiffres ! A Davos, par contre,
cela semble beaucoup plus clair du point de vue participants. Deux mille participants,
selon les organisateurs, venant d’une centaine de pays. Un bon millier
de ces participants représentent la crème des grands patrons de
l’économie mondiale. Ces derniers payent une cotisation annuelle
de 20 000 euros, à laquelle il faut ajouter un ticket d’entrée
au sommet de 11 000 euros. Frais de déplacement et de séjour non-compris.
A Davos, il n’y a pas de squatters !
“
Un bordel sans nom, bricolé…”
Tel est l’avis d’un militantpersonnes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. altermondialiste italien. Le grand forum
de Bombay ne semble pas avoir atteint ses objectifs. Les réunions n’ont
pas été suivies par les participants. Manque d’organisation,
d’imagination peut-être ? Le sommet n’est pas vraiment porteur
d’espoir pour les laissés-pour-compte du monde entier.
Davos, c’est un peu la même chose. L’organisation, on s’en
doute, était sans faille, mais l’imagination n’était
pas au rendez-vous des plus riches de la planète. Les discussions ressemblaient
plus à celles qui se passent autour des machines à café,
qu’à celles de grands décideurs économiques.
Il faut dire que ces grands du commerce et de la finance mondiale ont actuellement
quelques soucis. Différents scandales financiers font la une des journaux:
les scandales Enron (pétrole), plus récemment, Parmalat (agroalimentaire)
en Italie, Adecco (travail temporaire) en Suisse ou encore Annesmann (téléphonie)
en Allemagne.
Finalement, de ces deux réunions si différentes, il n’est
pas sorti grand-chose. Chaque camp donne l’impression de rechercher un
nouveau souffle.
Un petit café , peut-être ?
Nicolas Simon