Pieter De Crem, bourgmestre d’Aalter, une petite ville flamande, a été obligé de démissionner de son poste. Pendant des années, il a pratiqué une politique de discriminationle fait de traiter différemment (le plus souvent plus mal) une personne ou un groupe par rapport aux autres personnes ou au reste de la collectivité. à la domiciliation pour les personnes étrangères.
Qui est Pieter De Crem ?
Pieter De Crem est un homme politique belge du parti CD&VChristen-Democratisch en Vlaams. En français: Chrétiens-démocrates et flamands. Pour le dire simplement, c'est à l'origine la famille sociale-chrétienne, comme le CDH côté francophone., le parti démocrate-chrétien flamand. Au cours de sa carrière, il a occupé des postes très importants. Il a notamment été ministre de la Défense pendant plusieurs années. Depuis 30 ans, il est aussi bourgmestre de cette petite ville, fonction qu’il a presque « héritée » de son père, Jan De Crem, qui a été bourgmestre d’Aalter de 1959 à 1994. En 1994, c’est le fils, Pieter, qui a repris ce rôle. Les De Crem, père et fils, ont donc été à la tête de la commune depuis longtemps. On appelle d’ailleurs la maison communale d’Aalter le « Cremlin » presque comme le Kremlin, lieu du pouvoir en Russie.
Les faits
Lorsqu’on loue un logement dans une commune, il faut s’enregistrer au service population. Pour cela, il faut aller à la maison communale déclarer sa nouvelle adresse. La police fait ensuite une enquête pour vérifier si tout est en ordre. Cette enquête dure en principe une quinzaine de jours. A Aalter, le délai pouvait être de plusieurs mois pour les personnes étrangères ou des personnes belges mais avec un nom qui « sonne » étranger.
Depuis 2020, Pieter De Crem demandait à ses agents communaux de tout faire pour ralentir l’inscription dans sa commune de personnes non-européennes ou tout simplement des personnes belges avec un nom à consonance étrangère. Le délai de traitement du dossier d’une personne étrangère était toujours beaucoup plus long que celui d’un Belge (en moyenne 136 jours contre 15 jours pour les Belges).
L’enquête
L’administration flamande avait déjà enquêté sur cette affaire car depuis 2023, il y a eu plus de 100 plaintes pour ce motif auprès du ministère de l’Intérieur. Les enquêtes ont montré que c’était vrai : Pieter De Crem a bien appliqué une « politique volontaire de discrimination », et c’est illégalinterdit par la loi. Pourquoi démissionne-t-il seulement maintenant ?
La ministre de l’Intérieur de l’époque était Annelies Verlinden, du même parti que lui. Elle était au courant et elle n’a pas réagi. Pire, l’administration du gouvernement flamand lui avait demandé de signer une lettre d’avertissement au bourgmestre. Elle ne l’a pas fait. Maintenant, elle est ministre de la Justice au gouvernement fédéral et les partis de l’opposition l’accusent d’avoir couvert Pieter De Crem.
Démission sans sanctions
Finalement, Pieter De Crem a démissionné de son poste de bourgmestre. Il a aussi rendu sa carte de parti CD&V, mais il ne s’est pas excusé d’avoir fait ces discriminationsfaire des discriminations, c'est traiter différemment (et plus mal) une personne ou un groupe par rapport aux autres personnes ou au reste de la collectivité. pendant des années. Il n’a pas respecté la loi, mais il ne devrait pas être inquiété par la justice. Et vu ce qu’il a fait, il n’y a rien d’étonnant qu’il soit soutenu par le parti d’extrême droite Vlaams Belang"Intérêt flamand" en français, nouveau nom du Vlaams Blok, parti d'extrême droite flamand dans sa commune.
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