Le procès de Marc Dutroux et de ses trois complices débutera le
1er mars, devant la cour d’assises d’Arlon. A quelques jours du début
de cet événement, voici un rappel de faits ainsi que les grandes
questions que ce procès va poser.
 Le procès de Marc Dutroux débutera le 1er mars à Arlon (Photo: Belga) |
Rappelons d’abord que Marc Dutroux ne sera pas seul devant
les juges et les jurés. Trois autres accusés comparaîtront
avec lui: Michèle Martin, Michel Lelièvre et Michel Nihoul. L’acte
d’accusation a été résumé en 74 pages. Mais
l’ensemble du dossier fait, lui, 420 000 pages! On reproche aux inculpés
les faits suivants : d’avoir enlevé et séquestré Sabine
Dardenne, Laetitia Delhez, Julie Lejeune, Melissa Russo, An Marchal et Eefje
Lambrecht. Les accusés doivent aussi répondre de la mort de Julie
Lejeune, Melissa Russo, An Marchal et Eefje Lambrecht. Par ailleurs, d’autres
faits, comme des vols de voitures, sont reprochés à Marc Dutroux.
Mais ces faits ne seront pas jugés à Arlon.
Déroulement des faits
L’affaire est jugée à Arlon parce que Laetitia Delhez a été enlevée à Bertrix,
dans la province de Luxembourg, dont Arlon est le chef-lieu. C’est suite à de
cet enlèvement que Dutroux a été mis en cause par le parquet
de Neufchâteau. Avant cette date, les cinq autres fillettes avaient déjà été enlevées.
L’affaire Dutroux commence donc réellement le 13 août 1996.
Ce jour-là, Marc Dutroux et son épouse, Michèle Martin,
sont arrêtés dans leur maison de Sars-la-Buissière, près
de Charleroi. Michel Lelièvre, un ami et complice présumé de
Dutroux, est arrêté en même temps. Dutroux dit alors aux enquêteurs
qu’il a aménagé une cache dans la cave de sa maison et qu’ils
pourront retrouver deux des gamines. Le 15 août, Laetitia et Sabine sont
retrouvées vivantes. Deux jours plus tard, les corps de Julie et Mélissa
sont déterrés du jardin de la maison. Le corps de Bernard Weinstein,
un complice de Dutroux, est également retrouvé. La justice pense
que cet homme a été assassiné par Dutroux.
Une cellule d’enquête spéciale est créée. Toute
la Belgique est sous le choc. On parle de cette affaire dans le monde entier.
On commence aussi à parler de grands réseaux de pédophilie
où Dutroux aurait pu jouer un rôle essentiel. Mais jusqu’à présent,
cette théorie n’a pas encore pu être confirmée. Enfin,
le 3 septembre 1996, les corps de An et Eefje sont retrouvés, dans le
jardin de Bernard Weinstein.
Des moments très durs
Le procès d’Arlon va être suivi par la presse du monde entier.
Il va aussi être particulièrement difficile pour les fillettes survivantes
ainsi que pour les familles des victimes. Pour elles, ce procès marquera
la fin du travail de la justice. Elles espèrent que ce procès pourra
faire la lumière sur ces faits odieux ainsi que sur les responsabilités
de chaque inculpé. Le procès est donc très important pour
que chaque victime puisse continuer son travail de deuil. Mais pour la première
fois depuis leur libération, les victimes vont aussi être face à leurs
bourreaux.
Par ailleurs, ce procès va aussi être éprouvant pour l’institution
judiciaire. Le procès devrait durer environ quatre mois. En réalité,
il pourrait durer beaucoup plus longtemps. Ainsi, suite à certaines manœuvres
des accusés ou même de personnes extérieures au procès,
les débats pourraient être suspendus. En plus, inévitablement,
les très nombreux dysfonctionnements de la justice et de la police tout
long de cette affaire seront à nouveau soulignés. Car l’enquête
a prouvé que les lenteurs et les rivalités entre certains services
d’enquête ont empêché d’arrêter Dutroux
plus tôt. Ce qui veut dire que si la justice et la police avaient travaillé correctement,
certaines victimes auraient pu être retrouvées vivantes tandis que
certains enlèvements n’auraient pas eu lieu. La justice devra donc
aussi montrer qu’elle a tiré les leçons de ces erreurs tragiques…
Marc Vandermeir
3 réponses
Dysfonctionnements?
Il me semble qu’en Belgique il y a pas mal de dysfonctionnements.
L’affaire de “tueurs du Brabant wallon”, l’affaire Cools. La justice a mis beaucoup de temps, trop de temps à avancer. Je suis assez d’accord avec le fait que la justice doit se rendre “à froid”, càd quelques années après les faits. Mais il ne faut pas exagérer.
Je me pose plusieurs questions sur la thèse du prédateur isolé agissant par perversion sexuelle.
1° En juin 1995, Dutroux enlève deux fillettes brunes e huit ans à Grâce-Hollogne.
2° En août 1995, Dutroux enlève deux jeunes filles (brunes) de 18 ans sur la côte.
3° En juin et août 1996, Dutroux enlève deux fillettes blondes de 12 et 13 ans.
Si Julie et Mélissa sont encore vivantes – comme il l’affirmera en août 96 – fin août 95, pourquoi enlever deux jeunes femmes? La cache ne peut contenir quatre personnes. S’il est un prédateur isolé, ce n’est pas logique… Ce ne peut être pour “usage personnel”…
Pourquoi enlève-t-il les filles par deux, du même âge, deux fois deux brunes, puis deux blondes?
Il parle notamment à Lelièvre et à son épouse Michelle Martin – du moins à l’époque, elle est divorcée depuis fin 2003 – d’un commanditaire qui lui donnerait 150000 francs belges par filles. Est-ce la réalité ou est-ce pour justifier ses enlèvements aux yeux de ses complices?
Quatre mille cheveux ont été relevés dans la cache de Marcinelle, sans compter les quatre mille autres dans le reste de la maison. Ils révèlent la présence, outre de Dutroux et Lelièvre et des victimes (Julie, Mélissa, Laetitia et Sabine), d’autres personnes dans la cache… Aucune n’a été identifiée. Seulement une dizaine d’examens de cheveux effectués à ce jour, sans résultat.
Des témoins affirment avoir vu Julie et/ou Mélissa après leur enlèvement, notamment Mélissa sur le pas de la porte de la maison de Marcinelle. Une femme, inquiète de l’aspect famélique de la petite fille, avertira même l’association “Marc et Corinne”. Sans résultat. Tous ces témoins seront écartés du dossier par le juge Langlois…
Lelièvre et Martin affirme que Nihoul était un commanditaire de filles de Tchéquie et Slovaquie pour un réseau de prostitution en Belgique – prljet avorté, malgré un voyage en ce sens effectué par Lelièvre et Dutroux en Slovaquie fin juin 1996. Rien d’autre?
Nihoul, lors d’une interview au magazine allemand Stern en 2000, affirme détenir des documents sur l’assassinat de Cools et l’implication d’un ministre alors en exercice. De même qu’il affirme détenir la photo d’un haut personnage politique belge en pleine action avec une mineure de 16 ans… Affabulations?
Tout cela pose question. Et en tout cas, l’hypothèse du juge Langlois du prédateur isolé paraît assez peu vraisemblable… “Toutes les personnes identifiées seront poursuivies” avait dit le Procureur Bourlet en 1996. Ajoutant : “Si on me laisse faire…” Connerotte a eu moins de chance que lui… Mais dans l’instruction de l’affaire Cools déjà, Connerotte et Bourlet avaient été désaisis parce qu’ils approchaient la vérité de trop près, parce qu’ils ne sont pas socialistes (pas de Liège ou Charleroi…) donc pas manipulables par le Procureur Général de Liège, socialiste aussi, quel hasard!..
Ce procès est bien mal parti. L’instruction a été baclée, orientée, tronquée. Les parents ne sont pas très optimistes sur l’issue du procès… Il n’y a pas qu’eux. Le procès Cools n’a vu aucun politique inculpé et encore moins jugé, alors qu’on voit mal de petits mafiosi tuer un ministre d’état pour leur compte. Quel mobile invoquer?.. Evidemment, si les juges et procureur du procès Cools doivent leur nomination au PS, on les voit mal cracher dans la main qui les nourrit…
Pauvre Belgique!
CES PAUVRES FILLES QUE DIEU LES LAISSES EN PAIX