Une femme iranienne en exil a réalisé un film sur une photojournaliste palestinienne de Gaza, Fatma Hassouna. Il s’appelle en anglais Put your soul on your hand and walk. En français: Mets ton âme (ton cœur) sur ta main et marche. La phrase est de Fatma… Fatma, assassinée par l’armée israélienne dans sa maison de Gaza. Fatma qui photographiait le drame de Gaza. Ces amies l’appelaient les yeux de Gaza.
Fatma Hassouna, photojournaliste palestinienne
Fatma Hassouna avait 25 ans. Elle était une photojournaliste et poète palestinienne dans la Bande de Gaza. L’armée israélienne l’a ciblée et tuée le 16 avril 2025. Ce n’est pas un hasard. Depuis le début de la guerre, Israël veut empêcher les journalistes présents à Gaza de faire leur travail. Leur travail, c’est informer sur ce qui se passe. Et puis, Fatma Hassouna était l’héroïne d’un film de Sepideh Frasi.
Le film à Cannes
Le 15 avril 2025, le film avait été sélectionné au Festival de Cannes. Fatma Hassouna allait avoir un visa pour quitter Gaza par l’Egypte. Elle allait présenter le film à Cannes. Le pouvoir israélien n’avait pas envie de voir Fatma Hassouna parler devant le monde entier de ce qui se passe à Gaza. Le pouvoir israélien a donc assassiné Fatma Hassouna.
Sepideh Farsi, cinéaste iranienne en exil
Heureusement, il reste les photos de Fatma Hassouna et le film de Sepideh Farsi. Sepideh Farsi est une cinéaste franco-iranienne. Née en Iran, Sepideh Farsi a 16 ans quand le pouvoir islamistequi veut imposer son interprétation des règles de l'islam à l'Etat et à la société. la met en prison pour avoir aidé un opposant politique au régime. A 18 ans, elle réussit à quitter l’Iran. Elle s’installe à Paris. Elle fait du cinéma. En 2023, elle veut faire un film sur ce qui se passe à Gaza.
La rencontre
Grâce à des amis, Sepideh fait la connaissance de Fatma par appel vidéo. Elles sympathisent tout de suite. Leurs échanges commencent le 24 avril 2024, ils se terminent le 15 avril 2025, la veille de la mort de Fatma. Fatma et Sepideh communiquent uniquement par des appels vidéos grâce à leur smartphone. Et Sepideh Farsi en fait un film. Pour le titre de son film, Sepideh Farsi reprend une phrase dite par Fatma: Put your soul on your hand and walk. En français: Mets ton âme (ton cœur) sur ta main et marche.
Deux femmes libres
Que voit-on et que sent-on dans le film ? On voit et on sent que ces 2 femmes sont libres. Pourtant, Fatma (Fatem pour ses amis) Hassouna vit dans les ruines de Gaza. Pourtant, Sepideh Farsi ne peut pas retourner dans son pays d’origine ni revoir Téhéran qu’elle aime tant. Fatma Hassouna a été assassinée. Le mieux est de laisser la parole à ces 2 femmes libres.
“ Fatem est devenue mes yeux à Gaza, et moi, sa fenêtre ouverte sur le monde. ”
Quelques mots de Sepideh Farsi
Après l’assassinat de Fatma, Sepideh Farsi a écrit une tribune dans le journal Libération: “Fatma Hassouna, les yeux de Gaza”. Elle appelle Fatima, Fatem comme les amis de Fatima:
«(…) Dès notre première rencontre, j’ai pris ma caméra et j’ai commencé à filmer : nos conversations, Fatem et moi, ce qui se passait autour d’elle. Je lui demandais de m’amener à une fenêtre de sa maison ou de son abri, selon l’endroit où elle se trouvait, pour que je puisse regarder à travers. Et ainsi, Fatem est devenue mes yeux à Gaza, et moi, sa fenêtre ouverte sur le monde. J’ai filmé, capturant les moments que nous partagions lors de nos appels vidéo, tout ce que Fatem, si fougueuse et pleine de vie, partageait avec moi. J’ai filmé ses rires, ses larmes, ses espoirs et son désespoir. J’ai suivi mon instinct. Sans savoir à l’avance où ces images nous mèneraient. Telle est la beauté du cinéma. La beauté de la vie.(…)
Le jour viendra où je marcherai vers un Iran libre. A la frontière, personne ne me demandera pourquoi je suis venue, ni ce que je fais. Et j’irai à Téhéran, pour marcher sous les platanes de mon avenue préférée, la plus longue du monde. Et, je l’espère, à Gaza, une jeune Palestinienne, qui aurait pu être Fatem, marchera le long de la plage. Alors, nous serons entourées de nos amis, de tous ceux qu’on aime. Et nous aurons la tête levée vers un ciel bleu, sans craindre les bombes. »
“ Je dois continuer et je dois tout documenter, pour faire partie de cette histoire, pour être moi. ”
Quelques citations de Fatma Hassouna
Si je meurs, je veux une mort que le monde entendra. Je ne veux pas être seulement une brève, ou un numéro dans un groupe. Je veux une empreinte qui restera à travers le temps, une image intemporelle que ni le temps ni l’espace ne pourront ensevelir.
Si j’arrête, leurs voix disparaîtront. (…)
Je viendrai à Cannes, mais je dois retourner à Gaza. Je ne veux pas quitter Gaza.(…)
Je dois continuer et je dois tout documenter, pour faire partie de cette histoire, pour être moi. (…)
Je suis photographe. Peut-être que mes photos me survivront. C’est ce qui m’apporte la paix. (…)
Dialogue entre Sepideh et Fatma
Sepideh : C’est quoi, être Palestinien à Gaza en ce moment ?
Fatma : J’en suis fier.
Sepideh : Fier ?
Fatma : Ils ne pourront jamais nous battre, quoi qu’ils fassent.
“Put your soul on your hand and walk” (Mets ton âme (ton cœur) sur ta main et marche)
- Sortie en salle : Le film sort en salle en octobre, mais il y a plusieurs avant-premières. Par exemple, le 13 septembre, le CRICabréviation de Centre Régional d'Intégration de Charleroi a organisé une projection en avant-première au cinéma Le Parc à Charleroi. La réalisatrice Sepideh Farsi était présente en visio conférence.
- Soutien : le film est diffusé partout grâce au soutien d’une association indépendante de cinéma “Acid”.
- Difficulté : Le film est en anglais sous-titré français, mais les phrases sont courtes. Ce sont des échanges. Et ce qui est beau, c’est de voir ces deux femmes dialoguer par écran interposé.
- Particularité : le film est tourné uniquement à travers des appels vidéo.