jeudi 17 juillet 2025

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Hautes Ecoles au bord de l’asphyxie

Les Hautes Ecoles sont en colère! Elles sont privées
du refinancement accordé aux universités. Elles lancent un SOS:
les classes sont surpeuplées, il y a un manque de reconnaissance de l’enseignement
supérieur non universitaire. Selon elle, la rentrée 2004 est “un
cauchemar”.


Photo: Belga

Voici un an, les hautes écoles découvraient le plan
de Françoise Dupuis, alors ministre de l’enseignement supérieur.
Il s’agissait de mettre sur pied le décret de Bologne qui vise
à uniformiser
l’enseignement dans 40 pays européens. A l’époque,
leur réaction a été la suivante: c’est un scandale!
L’enseignement universitaire allait recevoir une somme supplémentaire
de 22 millions d’euros. Cet argent devait leur servir à faire face
à l’allongement des études et à l’augmentation
des étudiants. La dotation des Hautes Ecoles, par contre, n’allait
pas augmenter. Pourtant, le nombre de leurs étudiants se multiplie.

Des classes surpeuplées

Lors de la rentrée de septembre, la colère des Hautes Ecoles
n’a pas baissé d’un cran. Les unes après les autres,
elles se mobilisent. Première conséquence concrète du sous-financement
des Hautes Ecoles: elles manquent de professeurs. Impossible, dès lors,
de dédoubler les classes. Ainsi, dans certaines écoles, les étudiants
sont plus de 60 à assister au même cours. Et cette situation se
passe un peu partout en Communauté française. Selon le Conseil
général des Hautes Ecoles
, ces établissements accueillent
53 % des étudiants de la Communauté. Cela correspond à
environ 70 000 personnes. Les universités n’en reçoivent
donc que 47%. Selon une étude de l’ULB, la différence va
augmenter dans les prochaines années. Or, le gouvernement ne prévoit
aucun refinancement avant 2010.

Impossible de donc faire de la pédagogie correcte dans ces conditions
estiment étudiants et syndicats d’enseignants. Le mouvement de
révolte prend donc de l’ampleur. Des piquets de grève et
des arrêts de travail surprise sont programmés. Une manifestation
nationale des enseignants du supérieur non-universitaire a également
eu lieu au début du mois d’octobre.

Un déficit chronique

Pendant ce temps, Marie-Dominique Simonet, la nouvelle ministre de l’enseignement
supérieur a été fraîchement accueillie avec son nouveau
projet. Elle veut consulter des étudiants et des enseignants et en tirer
les leçons pour présenter un plan en juin 2006. C’est beaucoup
trop tard estiment les intéressés! Pour eux, il faut s’attaquer
aux problèmes tout de suite. Aux questions du financement et du problème
de la surpopulation des classes, il faut en ajouter d’autres. Il faut
notamment améliorer les passerelles
avec l’université et la reconnaissance des grades et des titres
non universitaires.

Devant la levée de boucliers, la ministre de l’Enseignement supérieur
a dû faire des propositions pour calmer les esprits. Première mesure:
établir un rapport sur la situation financière des Hautes Ecoles.
Un rapport de ce type avait été émis en juin dernier par
le Conseil général des Hautes Ecoles. Mais Marie-Dominique Simonet
veut un avis extérieur.

D’ici là, la ministre rencontrera le Conseil général
des Hautes Ecoles puis les enseignants et les étudiants. Mais derrière
tout cela se profile LA question fondamentale: où trouver l’argent
nécessaire alors que la Communauté française est aujourd’hui
en déficit
chronique? La seule certitude aujourd’hui, c’est que la rentrée
qui commence s’annonce chaude, très chaude…

Thierry Vangulick


Histoire d’une réforme

En 1996, Michel Lebrun, alors ministre de l’enseignement dans le gouvernement
de la Communauté française entamait une réforme profonde
de l’enseignement supérieur. Pour rendre l’offre plus claire
et diminuer les coûts, on a imposé aux 113 écoles supérieures
existantes de se regrouper en 30 Hautes Ecoles. Chacune de ces nouvelles entités
disposait d’une enveloppe “ fermée “. C’est-à-dire
que son budget ne dépendait pas du nombre d’étudiants. La
seule augmentation possible était liée à l’index.
Le problème, c’est que depuis 1996, le nombre d’étudiants
a augmenté de plus de 11 %. Il est aujourd’hui de 70 000 étudiants
et devrait selon certaines estimations dépasser les 90 000 en 2010. Pendant
ce temps, le nombre de professeurs lui n’a pas changé et dans certaines
écoles, on en a même licencié pour faire face aux frais
d’entretien de l’établissement.

Une réponse

  1. Les hautes écoles, je viens juste d’en sortir. La situation est telle qu’on la décrit dans les pires articles. Et d’après ceux qui me suivent ça n’est pas prêt de s’arranger.
    Que penser de pays riches qui bradent leur système éducatif?

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