Le 1er mai, c’est la fête du travail. Cette année, le 1er
mai sera aussi une date historique pour l’UE.
L’Union européenne va passer de 15 à 25 pays. En nombre
de pays, cela fait beaucoup. Mais la population de l’Union n’augmentera
que de 15%. Et le territoire de l’Union augmentera, lui de moins de 20%.
Beaucoup de pays donc, mais des pays petits. Avec 40 millions d’habitants,
la Pologne est le seul grand pays à entrer dans l’Union. Malgré
tout, cet élargissement pose beaucoup de questions sur l’avenir
de l’Union. Ainsi, combien cela va-t-il coûter? Pas très
cher, finalement. Si l’on fait la différence entre l’argent
donné par l’Union aux nouveaux pays et ce qu’ils vont payer
comme membre de l’Union, on arrive à moins de 10 euros par an et
par habitant actuel de l’Union (pour les années 2004 à 2006).
Et l’euro? Les dix nouveaux pays ne vont pas utiliser tout de suite l’euro.
Quelques-uns espèrent utiliser la monnaie européenne en 2007.
Cela ne peut de toute façon pas se faire avant.

Et les immigrés? Certains pensent que l’élargissement
va entraîner une arrivée massive de gens de l’Est dans nos
pays. Les rapports officiels prévoient une arrivée de 220 000
personnes par an dans les 15 pays de l’Union. Et, en plus, la plupart
des Etats actuels de l’Union ont limité l’entrée de
ces immigrés. Il y aura bien sûr des personnes de l’Est qui
viendront travailler au noir. On parle essentiellement de Polonais. Mais cela
n’aura certainement rien d’une invasion! Et les délocalisations?
Les entreprises vont investir dans les nouveaux pays de l’Est où
les salaires sont plus bas et les gens qualifiés. C’est vrai. Mais
ce phénomène existe déjà actuellement. Beaucoup
de multinationales de l’UE délocalisent déjà à
l’Est.

Les vraies questions sont ailleurs… Pour y répondre et avancer, l’Union
va devoir se mettre au travail. Au plan politique, par exemple. Les nouveaux
pays ont souvent plus une vision américaine du monde qu’une vision
proprement européenne. Comment l’Union va-t-elle pouvoir se faire
entendre comme vrai pouvoir au niveau mondial? Au plan social, aussi. Dans beaucoup
de pays de l’Est de l’Europe, l’Etat a joué jadis un
rôle très important dans l’économie et dans la société.
Aujourd’hui, c’est plutôt le contraire. Beaucoup de dirigeants
de ces pays de l’Est font maintenant confiance à la liberté
de marché et à l’économie privée. Ils ont
viré l’Etat par la grande porte. Ils ne veulent pas que cet Etat
revienne par la fenêtre. Or, cela risque de bloquer encore un peu plus
l’Europe sociale. Une Europe sociale qui n’existe déjà
pas beaucoup…

Mais ne boudons pas notre plaisir. Le 1er mai, fêtons le travail et
la nouvelle Union européenne à 25. En sachant que pour avoir une
Union qui profite à toutes et à tous, il faudra aller au charbon…

Thierry Verhoeven