Le film
Le film montre les dernières heures d’une petite fille coincée dans une voiture en pleine zone de guerre à Gaza. C’est la conversation entre la petite fille et les travailleurs du centre d’appel du Croissant rouge, Omar et Nara. C’est une course contre la montre pour organiser le sauvetage de la petite fille.
Depuis le début de la guerre à Gaza, 20 000 enfants sont morts, la réalisatrice tunisienne Khaouter Ben Hania a voulu “donner une voix et un visage” aux victimes palestiniennes. Le film a reçu un prix au festival du film de Venise et a été applaudi pendant 20 minutes après sa projection.
La bande-annonce
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Le film sortira en salle le 19 novembre 2025 mais il y a déjà eu des projections en avant-première, notamment à Charleroi le 7 novembre.
L’avant-première à Charleroi
Le film a été projeté en avant première à Charleroi, au cinéma Quai10 en collaboration avec le Centre Régional d’Intégration de Charleroi. Pour en parler, voici les mots de Fabrice CIaccia, Directeur du CRI Charleroi.
La Voix de Hind Rajab. Quand le silence devient cri !
“Il arrive que le cinéma fasse plus que raconter : qu’il écoute, qu’il recueille, qu’il porte ce que d’autres ont tenté d’étouffer. La Voix de Hind Rajab, le film de Kaouther Ben Hania, est de ceux-là. Un film qui nous force à entendre.
Hind Rajab avait six ans. En janvier 2024, à Gaza, sa famille est tuée alors qu’ils fuient un bombardement. Coincée seule dans une voiture criblée d’éclats, elle appelle désespérément les secouristes du Croissant-Rouge palestinien.
À une époque saturée d’images de guerre, Ben Hania choisit l’économie du visible pour redonner sa place au poids du son, du silence, de la parole.
Sa voix d’enfant traverse la ligne : « Venez me chercher. Je suis seule. »
Ce sont ces enregistrements réels que la réalisatrice a choisi de faire résonner dans son film, entrecoupés d’images d’attente, de reconstitutions minimalistes, d’ombres et de silences. Rien d’autre. Pas d’effets. Pas de musique pour apaiser. Juste la tension du réel, la voix, le souffle, l’interruption brutale.
Ben Hania poursuit sa quêtele fait de chercher pour trouver quelque chose ou quelqu'un que l'on veut, exemple: la quête du bonheur. d’un cinéma à hauteur d’humain. Elle ne filme pas la guerre : elle filme l’absence de secours, le vide après la mort, la solitude de la victime.
En choisissant de concentrer tout un conflit dans la voix d’une enfant, elle inverse la perspective : ce n’est plus le monde qui regarde Gaza. C’est Gaza qui nous regarde à travers les yeux fermés d’une fillette.
Le cinéma ne peut pas sauver Hind, mais il peut l’empêcher d’être oubliée. Et c’est peut-être cela, l’acte politique le plus fort d’un artiste : créer une mémoire là où le monde se détourne.
La Voix de Hind Rajab n’est pas un film facile. Il dérange, bouleverse, confronte. Mais il ouvre un espace d’écoute radicalement humain.
Chaque spectateur devient témoin. Pas seulement du drame d’Hind, mais de la responsabilité collective de ceux qui entendent et ne répondent pas.
Pour le CRI Charleroi, cette œuvre représente une invitation à penser autrement la géopolitique, à redonner un visage, une voix, une dignitéRespect pour l'être humain à ce que les statistiques effacent.
Regarder ce film, c’est se tenir dans cet entre-deux inconfortable : l’impuissance et l’empathie.
C’est se demander ce que signifie, ici, à Charleroi, être témoin d’un monde qui brûle ailleurs.
C’est interroger notre rapport à l’information, à la distance, à la compassion.
Pour le CRI Charleroi, cette œuvre rappelle combien l’écoute est une forme de résistance, combien raconter est déjà agir.”
Fabrice Ciaccia, Directeur du CRICharleroi