jeudi 25 avril 2024

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Le combattant au service du peuple

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« Je me tiens ici devant vous non pas comme un prophète mais comme un humble serviteur de vous, le peuple. » Ce sont les premiers mots de Nelson Mandela à sa sortie de prison le 11 février 1990. Il ne voulait pas être un prophète et pourtant sa mémoire est saluée par toutes et tous comme s’il en était un. « Notre nation a perdu son plus grand fils » a dit le président sud-africain Zuma. Tous les chefs d’Etat de la planète ou presque ont rendu hommage à Mandela : « courageux, exceptionnel, extraordinaire, un héros », etc. Un peu comme si tous les dirigeants voulaient être associés à l’image de Mandela.

Régime raciste

On ne peut pas comprendre Mandela si on ne comprend pas l’apartheid.
« Apartheid » vient du mot français « à part ». C’est un système politique, économique et social qui classe les hommes en races et organise la séparation entre ces races. Les blancs d’Afrique du Sud au pouvoir mettent en place ce système en 1948. Les blancs sont à peine 10% de la population. Les blancs se donnent pourtant tous les droits : politiques, économiques et sociaux. Les autres habitants noirs, indiens et métis ne sont pas de vrais citoyens. Ce sont surtout les noirs qui sont exclus. Les noirs sont presque 80% de la population d’Afrique du Sud. Les noirs sont enfermés dans des territoires, les bantoustans. Un noir ne peut donc pas circuler librement dans le pays. Les bantoustans sont les terres les plus pauvres. Les noirs des bantoustans vivent donc dans une grande pauvreté. D’autres noirs sont enfermés dans des espèces de bidonvilles, les townships, des quartiers près de la ville. Car les blancs ont besoin de noirs pour faire les travaux les plus lourds, les moins bien payés, pour être domestiques, etc.
Seuls les blancs ont le droit de vote. Il y a des bancs publics pour les blancs, d’autres pour les noirs. Il y a des bus pour les blancs, d’autres en moins bon état pour les noirs. Il y a des écoles les plus riches pour les blancs, il y a des écoles les plus pauvres pour les noirs. Blancs et noirs ne peuvent pas se marier ni avoir de relation sexuelle. Seuls les blancs ont le droit de vote. Les syndicats noirs sont interdits comme toutes les organisations politiques qui s’opposent au pouvoir blanc.

Pacifiste et combattant

C’est dans cette société raciste que Nelson Mandela devient avocat et s’engage contre l’apartheid. Mandela est un pacifiste. Il veut supprimer l’apartheid mais sans violence. Son modèle, c’est l’indien Gandhi. Gandhi a dirigé le mouvement pour l’indépendance de l’Inde. Toutes ses actions étaient non violentes. Donc en 1943, Mandela devient, à 25 ans, membre du Congrès national africain (ANC en anglais) et crée l’organisation de jeunesse de l’ANC. L’ANC résiste à l’apartheid par des manifestations pacifistes.
Mais le système de l’apartheid est violent, les blancs sont violents, la police des blancs est violente. En 1960, des noirs manifestent sans violence. La police blanche tire. C’est un massacre. Des femmes, des enfants sont tués d’une balle dans le dos. Il y aura 67 morts. Après cela, la non violence, c’est fini. L’ANC décide de faire la lutte armée. Et Mandela y participe. Il est même au premier rang. Il fonde la branche armée de l’ANC appelée « le fer de lance de la nation ». L’ANC organise des attentats, des sabotages.
En 1962, Mandela est arrêté pour avoir lancé une grève de noirs contre l’apartheid. En 1964, il est à nouveau jugé. Lui et 19 autres dirigeants de l’ANC. Ils sont accusés de sabotage, haute trahison et complot. Mandela est condamné à perpétuité, à vie. Il a 45 ans. Il ne sera libéré que 27 ans plus tard, le 11 février 1990 ! Il est un prisonnier politique presque comme un autre. Il y a beaucoup de prisonniers politiques en Afrique du Sud.

Héros

Début des années 1980, l’ANC fait de Nelson Mandela, le symbole de la lutte contre l’apartheid. Mandela devient de plus en plus populaire. En Afrique du Sud et dans le monde entier. En Afrique du Sud, il y a de plus en plus de violences. Les noirs font grève, manifestent, organisent des attentats. Dans le monde, des personnalités, des chanteurs défendent la cause de Mandela et de l’ANC. Le régime raciste de l’apartheid est de plus en plus critiqué. Les Nations Unies votent des sanctions économiques contre l’Afrique du Sud. L’Afrique du Sud ne peut plus faire du commerce librement avec les autres Etats. Le gouvernement blanc veut garder tous les pouvoirs, mais il se rend compte qu’il faut changer un peu le système. Le gouvernement améliore alors les conditions de vie du prisonnier Mandela et commence à négocier avec lui. Le gouvernement veut bien libérer Mandela à condition qu’il n’exige plus la fin de l’apartheid, qu’il soit plus « modéré ». Mandela ne cède pas.
En 1989, le parti blanc au pouvoir a un nouveau chef, Frederik de Klerk. De Klerk sent que le pays est au bord de la catastrophe. Il autorise une trentaine d’organisations anti-apartheid. Les deux plus importantes : l’ANC, et son allié le Parti communiste sud-africain. De Klerk négocie avec Mandela qui est finalement libéré le 11 février 1990. Mandela est accueilli par une foule immense et joyeuse. Mandela voyage à l’étranger, il est reçu par François Mitterrand. Il assiste à un grand concert rock donné à Londres en son honneur.
Mais l’apartheid est toujours là, les blancs ont toujours tous les droits ! D’ailleurs Mandela ne change pas son discours. Il est toujours pour la lutte armée contre l’apartheid et demande des élections libres sur le principe un homme = une voix. L’ANC organise des manifestations et des grèves. En 1991, l’apartheid est officiellement supprimé en Afrique du Sud. Et De Klerk demande l’avis de la population blanche : 68% sont pour le changement démocratique.
En 1994, ce sont les premières élections libres de l’histoire de l’Afrique du Sud. L’ANC les gagne avec presque 70% des voix. Mandela devient le premier président sud-africain élu démocratiquement. Après avoir été pacifiste puis combattant dan la lutte armée, le Mandela président est un pacificateur.

Le pacificateur

Président de la République, Mandela choisit deux vice-présidents. L’un est membre de l’ANC, Thabo Mbeki. L’autre ? C’est Frederik De Klerk, l’ancien président blanc. Car Pour Mandela, il ne faut pas de vengeance, pas de revanche. Il faut la réconciliation des peuples sud-africains. La nation arc-en-ciel où toutes les couleurs vivent en harmonie. Mandela crée d’ailleurs la commission « Vérité et réconciliation ». Cette commission examine toutes les violations des droits de l’homme en Afrique du Sud depuis le massacre de 1960. Les victimes viennent s’exprimer pour dire ce qu’elles ont souffert. Les bourreaux, souvent des blancs, viennent s’excuser et confesser leur crime en public. En échange, les bourreaux ne sont pas condamnés ! Mandela veut vraiment réconcilier les peuples d’Afrique du Sud.
Après 5 ans de présidence, Mandela ne se représente pas aux élections. Il préfère laisser la place à quelqu’un d’autre. Il montre qu’il n’est pas un homme qui s’accroche au pouvoir, qui veut gouverner à tout prix. Son combat est terminé. Le peuple noir gardera jusqu’au bout son admiration pour Mandela. Mandela a reçu, avec De Klerk, le prix Nobel de la paix pour avoir su négocier la fin de l’apartheid. Tous les chefs d’Etat et dirigeants politiques lui rendent aujourd’hui hommage.

Mais il ne faut pas oublier que, pendant des dizaines d’années, le gouvernement sud-africain et beaucoup d’autres dirigeants du monde considéraient Mandela comme un terroriste. Mais il ne faut pas oublier que la grande organisation pour la libération des prisonniers politiques, Amnesty International, ne défendait pas Mandela parce qu’il était pour la lutte armée. Mais il ne faut pas oublier que, pendant longtemps, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne soutenaient le régime raciste et l’apartheid en Afrique du Sud parce que le gouvernement sud-africain était anticommuniste et Mandela était d’ailleurs considéré comme « communiste ». Mais il ne faut pas oublier que si Mandela est un prophète, c’est parce qu’il a jusqu’au bout été fidèle à ce qu’il disait lors de son procès de 1964 : Au cours de ma vie, je me suis consacré à cette lutte des peuples africains. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique. »
Un combat pour toutes les femmes et les hommes de la planète quelle que soit la couleur de peau. Un combat universel.

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