dimanche 18 mai 2025

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Le réformisme montre ses limites

Le 20 février, des élections auront lieu en Iran. Près de
la moitié des candidatures ont été rejetées par les
religieux qui sont au pouvoir dans le pays. Les candidats rejetés étaient
des réformateurs. Malgré les protestations de la population et
du gouvernement de Mohammed Khatami, les religieux conservateurs montrent les
limites du réformisme.


Des parlementaires iraniens ont organisé un sit-in
pour protester contre le rejet de 3 500 candidatures par les autorités
religieuses (Photo: Belga)

Le 11 janvier dernier, l’Iran offrait au monde une image plutôt étonnante.
Des parlementaires organisaient un sit-in. La raison de leur colère? 3500
candidatures (sur un total de plus de 8100) pour les prochaines élections
législatives avaient été rejetées par les autorités
religieuses. Parmi les candidats rejetés, 80 députés qui
font actuellement partie du parlement. Les députés et leurs sympathisants
dans la population ne sont pas les seuls à protester. Le gouvernement
de Mohammed Khatami s’oppose aussi à cette décision et menace
de démissionner. Certains ministres ont déjà remis leur
portefeuille. Mais qui sont ces autorités religieuses?

Il s’agit du Conseil des gardiens qui est dirigé un guide suprême,
le véritable maître de l’Iran: l’ayatollah Ali Khamenei.
L’Iran est avant tout une théocratie, même si le pays présente
quelques traits démocratiques. Une théocratie est une république
où la loi suprême est dictée par les autorités religieuses.
Ces religieux disent qu’ils n’ont de compte à rendre à personne
d’autre qu’à dieu. C’est donc l’Islam, et plus
particulièrement sa tendance chiite, qui est la base du pouvoir en Iran.
Pour prendre leurs décisions, les religieux s’appuient sur un texte
de référence qui est la Chariah.

Le chah, chassé du pouvoir

En Iran, la république a été instaurée en 1979. Cette
année-là, les religieux ont pris le pouvoir suite à un coup
d’Etat
contre le Chah Muhammad Riza Pahlavi. Les religieux ont alors désigné un
guide suprême, nommé à vie: l’ayatollah Khomeiny. Jusqu’à sa
mort en 1989, cet homme a dirigé le pays de manière très
autoritaire. C’est aussi à cette époque que les Etats-Unis
et certains pays européens ont décidé de soutenir l’Irak
de Saddam Hussein pour se protéger du risque “d’expansion
islamiste”. Par la suite, l’Irak se lancera d’ailleurs contre
son voisin iranien dans une guerre terriblement meurtrière qui durera
jusqu’en 1988.

En 1988, la mort de Khomeiny ouvre une période d’espoir. Les réformistes
ont davantage leur mot à dire. Ces dirigeants veulent que l’Iran
se démocratise. Ils souhaitent aussi que l’application de l’islam
dans tous les domaines de la vie diminue. Une réforme constitutionnelle est même adoptée. Elle introduit certains aspects démocratiques.
Le président Ali Rafsandjani a davantage de pouvoir, à côté du
guide suprême.

Des espoirs déçus

En 1997, les changements semblent plus importants encore. Suite aux élections
législatives, le nouveau Parlement est formé, en grande partie,
de réformistes. Mohammed Khatami devient président de la république.
Cette tendance est confirmée aux élections de 2000. Pourtant, quatre
ans plus tard, le bilan est décevant. Les réformateurs avaient
de grandes idées: ils voulaient le respect des libertés fondamentales,
des droits de l’homme, des droits sociaux… Mais ces idées ont été refusées
par les autorités religieuses qui conservent bien le véritable
pouvoir en Iran.

Les espoirs de liberté se sont envolés. Résultat: les Iraniens
se désintéressent de plus en plus de la politique. On prévoit
d’ailleurs que bon nombre d’entre eux ne se rendront pas aux urnes
lors des élections du 20 février. C’est déjà une
victoire en soi pour les conservateurs…

Olivier Brouet

Une réponse

  1. Je pense que vous donnez un jugement rapide sur le resultat du réforme en Iran. L’Iran est le seul pays de la region où la démocratie a une place depuis la révolution islamique.C’est aussi le seul pays du monde musulman où les femmes qui ont eu une istruction universitaire sont nombreuses.Le réforme est necessaire s’il ne detruit ce qu’il veut améliorer.Car l’objectif de la réforme est d’introduire de changement en douceur sans bousculade ni précipitation.Le réformiste tel que Khatami ne doit pas remettre en cause le fondement de la république islamique qui a été la base de la révolution islamique.Le valayati faqhi n’est pas le frein du développement de l’Iran.Car le problème de l’Iran n’est pas religieuse mais économique.L’islam n’est pas contre le liberalisme économique et l’histoire nous a appris que l’idéologie , quelque soit sa forme, n’a jamais été le frein du développement. Je peux citer le cas de la chine communiste ou de l’allemangne nazi.
    Khatami devait donc focaliser son énergie à lutter contre la corruption et amorcer à liberaliser l’économie sans oublier de ne pas aller vite comme Gorbatchev.
    Le média a toujours tandance à vouloir acceler les choses. Il faudra aussi qu’il apprenne à faire comprendre et patienter le peuple
    said abdillah said ahmed

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