mardi 27 mai 2025

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« Ne vendez pas la peau du chômeur avant… »

Le 22 mai à Bruxelles, les travailleurs et les travailleuses du non-marchand manifestaient contre les mesures du gouvernement. La manifestation était fort animée, fort colorée, fort diverse. Le non-marchand, c’est beaucoup de personnes dans beaucoup d’activités différentes. C’est le personnel de la santé, de la culture, de la formation, des entreprises pour personnes avec handicap… Dans le non-marchand, on ne fait pas de profit. Mais les services non-marchands profitent à toute la population, et plus encore aux personnes les plus précarisées de la société.

La peau du chômeur

Parmi les personnes les plus précarisées, il y a les demandeurs et demandeuses d’emploi. Et justement, le cortège des manifestants est passé devant un graffiti écrit sur un mur gris: « Ne vendez pas la peau du chômeur avant de l’avoir tué ! » La phrase mérite qu’on s’y arrête et qu’on l’explique. Pourquoi ? La phrase vient d’un vieux proverbe: « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. » Cela veut dire qu’il ne faut pas promettre une chose à quelqu’un sans être sûr d’avoir cette chose. La peau de l’ours devient ici la peau du chômeur. La phrase parle des mesures du gouvernement fédéral en matière de chômage.

Le chômeur contrôlé

En Belgique, un demandeur d’emploi qui remplit son contrat avec l’ONEm et le FOREm (en Wallonie) a droit aux allocations de chômage jusqu’au moment où il trouve un emploi. Evidemment, il doit prouver, par exemple, qu’il cherche de l’emploi ou qu’il suit une formation. Le suivi et le contrôle des chômeurs sont de plus en plus sévères. Il y a d’ailleurs beaucoup de personnes exclues parce qu’elles n’ont pas respecté le contrat avec l’ONEm et le FOREm. Le gouvernement vient d’annoncer que les chômeurs ne pourraient toucher des allocations que pendant maximum 2 ans. Environ 180 000 personnes seraient exclues automatiquement à cause de cette nouvelle mesure. Elles n’auront donc plus d’allocations de chômage.

La chasse au chômeur

Remplacer le mot « ours » par le mot « chômeur » dit aussi que l’on considère le chômeur comme une cible. C’est un animal que l’on chasse. Si on les élimine du chômage, on ne devra plus leur payer des allocations. On fera du profit comme si on vendait la peau de l’ours. La phrase veut montrer que les chômeurs sont montrés du doigt dans la société. Et ce n’est pas tout à fait faux… La phrase est violente et crée un choc. On est en 2025, en Belgique. En Belgique, on dit que l’on a une des meilleures sécurités sociales du monde ! Et pourtant, la phrase associe « chômeur » et « tuer ». Bien sûr, dans la société, on ne tue pas vraiment le chômeur, mais l’image est violente. Priver le chômeur d’allocations, c’est en quelque sorte le tuer.

Méfions-nous du proverbe

Remarquons encore que la forme du verbe a changé. Ce n’est plus « Il ne faut pas… », mais « Ne vendez-pas ». « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. » est un proverbe. Comme beaucoup de proverbes, la phrase montre de la sagesse. C’est comme si on disait « faites attention ».  « Ne vendez pas la peau du chômeur avant de l’avoir tué ! », la phrase ne montre pas de la sagesse. Elle est un langage de militants. Elle dit : des chômeurs agissent et appellent les gens à agir pour défendre leurs droits. Et agir, c’est ce que faisaient aussi, à leur façon, les associations ce jour-là à la manifestation du non-marchand le 22 mai.  

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