Jean, tu travailles à la FunocFormation pour l'université ouverte de Charleroi en tant que « conseiller en énergie »… Concrètement, quel est ton travail ?
Dans un premier temps, j’explique aux stagiaires comment mieux habiter leur logement afin d’améliorer leur santé et le confort de leur logement. Par exemple, comment se débarasser des moisissures dans les chambres et la salle de bain ; comment améliorer le confort thermique dans la pièce de vie en tenant compte du rayonnement froid des murs qui explique pourquoi j’ai encore froid alors que la température de l’air est à 24°C. Un de mes objectifs est que les stagiaires mesurent l’importance de la compréhension des phénomènes physiques liés à la chaleur ou à l’humidité. Comprendre ça va m’aider à trouver LA bonne solution, parfaitement adaptée à MON problème. Ensuite, je leur donne des conseils pour faire des économies sur leurs factures d’électricité, de chauffage et d’eau. En général, ces 3 postes de dépenses atteignent 250 à 400 € par mois. Et, par exemple, pour une famille de 5 personnes qui utilisent un chauffe-eau électrique, il faut ajouter 100 € par mois supplémentaires. Ces dépenses représentent une grosse partie du budget !
Concrètement, comment faire pour réduire ces factures ?
En fait, il y a beaucoup de petits trucs et astuces pour économiser. En tout, j’ai relevé 36 « gestes malins ». Pour chacun de ces gestes, j’ai calculé combien d’euros peuvent être économisés. Par exemple, si vous mettez un couvercle sur une casserole, l’eau va bouillir 4 fois plus vite. Sur 1 an, on économise environ 15 € pour une personne seule, et 50 € pour une famille. 36 gestes c’est beaucoup. Dans la pratique, on ne peut pas les faire tous. Cela dépend de son type de logement. Je demande donc aux stagiaires de choisir 4 ou 5 gestes qui correspondent mieux à leur logement, leur type de famille, leurs appareils et leurs habitudes.
Tous les stagiaires de la FUNOC n’ont pas les mêmes connaissances en français. Comment t’y prends-tu pour donner les explications ?
Il est vrai que certains stagiaires ne parlent pas le français ou ne le comprennent pas du tout ! D’autres apprennent à lire et à écrire. D’autres encore suivent des remises à niveau dans diverses matières. Je dois donc m’adapter aux particularités de chaque groupe. Heureusement, au départ, les conseils des formateurs m’ont été très utiles !
Pour être sûr de bien me faire comprendre des tous les stagiaires, j’utilise essentiellement des images et je parle avec des phrases courtes en français simplifié. Lorsque vous dites une phrase, la manière de la dire fait beaucoup pour que le message soit compris. C’est ce que l’on appelle la communication
«non-verbale». C’est une chance et je pratique énormément le non verbal ! Par exemple, j’utilise beaucoup les expressions du visage, les gestes et même le mime, les différentes intonations de la voix, les silences, les émotions et les sentiments (comme la joie, la peur, l’étonnement, l’admiration, le contentement, etc.). C’est comme cela que j’arrive à me faire comprendre des stagiaires qui ont des difficultés à comprendre le français.
Quels sont les sujets que tu abordes ?
Tout d’abord, j’essaye de créer un climat de bienveillance et de confiance mutuelle dans le groupe. Cela facilite le dialogue nécessaire au partage d’idées. Le but est de rendre les stagiaires actifs. Ensuite, j’attache beaucoup d’importance aux choses concrètes ayant un rapport à la vie de tous les jours. Par exemple, nous faisons des expériences de physique sur la chaleur et l’humidité de l’air. Comme chauffer des matériaux différents avec un sèche cheveux et comparer l’évolution de leur température, ou remplir une bouteille avec de l’air chaud, la refermer et observer la dilatation de l’air et la condensation de la vapeur quelle contient, ou encore faire tourner une hélice avec la chaleur dégagée d’une bougie.
Pour nous aider, nous utilisons une caméra thermique, des appareils de mesure de température, d’énergie et d’humidité, etc. Nous partons des vrais problèmes rencontrés par des stagiaires dans leur logement. Par exemple, une sensation de froid dans le salon malgré une bonne température ambiante, des taches de moisissures sur mur, une grosse facture de chauffage, d’électricité ou d’eau, des appareils qui consomment beaucoup (comme le radiateur électrique) ou qui sont dangereux (comme le poele à bois ou le poele à pétrole). En résumé, c’est un véritable cours de physique appliquée au bâtiment ! Pour certaines familles fragilisées, tous ces savoirs représentent un véritable kit de survie en énergie. Je peux aussi conseiller individuellement et accompagner dans leurs démarches les stagiaires qui le demandent. Chaque année, je fais une cinquantaine de visites de logements et environ 70 suivis individuels. C’est un service supplémentaire que la Funoc a décidé d’offrir à ses stagiaires.
Que faisais-tu avant de travailler à la Funoc ? Et comment en es-tu venu à faire ce métier particulier ?
J’ai travaillé 26 ans dans la sidérurgie. En 2012, le groupe Duferco a décidé de fermer l’usine ! Heureusement, quelques années auparavant, sentant l’orage, j’avais décidé de me diriger vers l’enseignement technique. J’avais donc suivi des cours de psychopédagogiemanière d’enseigner basée sur le développement de l’enfant (ou de la personne) et de son esprit dans les différentes étapes de l’apprentissage pendant 2 ans. À la fermeture du haut-fourneau de Marcinelle à la fin 2012, j’ai été licencié avec les 1300 travailleurs… Profitant d’une cellule de reconversion j’ai suivi une formation dans mon domaine préféré : conseiller en énergie. En fin de formation, j’ai postulé à la Funoc. Elle cherchait quelqu’un pour sensibiliser ses stagiaires à la gestion de l’énergie dans les logements. J’avais la cinquantaine à l’époque. J’ai eu beaucoup de chance de trouver un emploi aussi rapidement ! Je fais ce travail depuis 4 ans et cela me plaît beaucoup. J’éprouve beaucoup de plaisir au contact des stagiaires. À la Funoc, il y a une ambiance chaleureuse et multiculturelle qui m’apaise et me rend joyeux. Je m’y sens comme un poisson dans l’eau !
4 Responses
Préparer demain et sauvegarder l’environnement?
Les stagiaires ont beaucoup de chance d’avoir un conseiller énergie comme Jean qui rend les phénomènes physiques aussi faciles à comprendre. Et la FUNOC est très fière d’avoir un aussi bon conseiller, soucieux d’aider au mieux les bénéficiaires, parmi ses travailleurs.
Préparer demain et sauvegarder l’environnement?
Animation très intéressante, pragmatique et adaptée en fonction des groupes.
Préparer demain et sauvegarder l’environnement?
ils ont bien de la chance effectivement
Préparer demain et sauvegarder l’environnement?
Je rejoins Sylvie, elle a résumé en quelques mots l’essentiel