L’arrivée de Peretz à la tête du parti travailliste et la création d’un parti centriste par Sharon changent tout le
paysage politique. Et les conditions de négociations de paix avec les
Palestiniens.
Israël vient de vivre deux événements qui sont comme un
tremblement de terre pour toute sa politique nationale. Le 9 novembre, les
travaillistes ont élu Amir Peretz, 53 ans, à la tête de
leur parti. Personne n’avait prévu cette élection. Tout
le monde pensait que Shimon Pérès, 83 ans, serait réélu.
Si l’arrivée de Peretz change tout, c’est parce que cet
homme est issu de l’immigration juive. Il est d’origine marocaine.
Il est secrétaire général de la puissante centrale syndicale
israélienne. Et c’est un militantpersonnes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. de la paix avec les Palestiniens.
Un homme donc qui se situe assez à gauche, qui veut remettre le social
au cœur de la politique et qui veut négocier une véritable
paix.
Nouveaux partis
La première chose que Amir Peretz a faite, c’est de retirer son
parti de la coalitionalliance temporaire entre plusieurs personnes, groupes ou partis pour faire quelque chose ensemble travaillistes – conservateurs du Premier ministre Sharon.
Des élections anticipées auront donc lieu en mars 2006. L’autre
bouleversement est venu quelques jours plus tard. Le Premier ministre sortant,
Ariel Sharon, quitte le parti conservateur pour créer son propre parti,
plus au centre. Ariel Sharon, surnommé «le taureau» a une évolution
très étonnante. Cet ex-militaire très haut gradé a
aussi été surnommé «le boucher». Car c’est
lui qu’on dit responsable des massacres de Palestiniens, dans les camps
de réfugiés de Sabra et Chatila, au Liban, en 1982.
Ce «faucon» est ainsi arrivé en politique avec ceux qui
ne veulent pas ou presque reconnaître de droits aux Palestiniens. Il
est aussi celui qui a construit le triste mur de séparation entre Israël
et les territoires palestiniens. Mais l’histoire retiendra aussi qu’il
est celui qui a décidé et imposé -contre beaucoup de gens
de son propre parti- le retrait israélien de la Bande de Gaza et d’une
partie de la Cisjordanie. Ce retrait s’est fait, il y a quelques mois
dans une très forte tension. C’est l’armée qui a
forcé les colons juifs à évacuer.
Même si cela reste insuffisant, c’est un premier pas concret vers
la paix. Et Sharon s’est dit aussi favorable à la création
d’un Etat palestinien. Pour rester au pouvoir face aux opposants de cette
politique dans son propre parti, Ariel Sharon a dû s’allier aux
travaillistes dirigés par Shimon Pérès. Après la
chute du gouvernement, Ariel Sharon ne pouvait plus faire sa politique avec
son parti. C’est pourquoi il a créé un nouveau parti, au
centre.
Nouveaux espoirs
En Israël, on a eu, en quelques jours, un parti travailliste qui revient
très fort sur ses objectifs sociaux et de paix, en faisant un fort virage à gauche.
Et un parti du centre qui vient occuper une place nouvelle en politique. Même
si les travaillistes étaient en fait devenus plus centristes qu’autre
chose. L’opposition entre conservateurs et travaillistes, donc entre
la droite et la gauche, éclate. C’est un nouveau paysage politique.
Cela va sans aucun doute bouleverser complètement la campagne électorale
et l’avenir des négociations de paix avec les Palestiniens. M.
Sharon a déjà déclaré qu’il voulait continuer
sur sa voie. Et Amir Peretz, de son côté, a affirmé qu’il
veut une paix «qui préserverait les intérêts des
deux peuples», avec le retrait des territoires occupés par Israël
et la création d’un Etat palestinien. Ce qui est sûr, c’est
que, d’après les sondages, ni le nouveau parti, ni les travaillistes
n’auraient chacun la majorité. Par contre, la droite conservatrice
risque fort d’être ramenée à peu de choses. Reste
alors à voir si Sharon et Peretz pourraient s’entendre.
Marc Vandermeir