Depuis 2009, l’Union européenne a une voix et un visage. La voix et le visage d’Herman Van Rompuy, premier ministre de la Belgique. Une voix et un visage qui restent peu connus en Europe. Retour sur cette élection du premier président du Conseil de l’Union européenne qui le sera jusqu’en 2014.
Photo: Belga
C’est historique. Depuis 2009, l’Union européenne a une voix et un visage. Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays membres ont choisi Herman Van Rompuy comme président du Conseil de l’Union européenne. C’est historique mais c’est un presque inconnu qui a été choisi. « Herman… comment ? » s’amusaient des journalistes après l’élection. Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays membres ont également désigné le « Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune ». C’est Catherine Ashton, une Britannique. Elle était Commissaire européen et aussi inconnue qu’Herman Van Rompuy. « Catherine… qui ? » s’amusaient encore certains journalistes…
Un accord à 27
Les journalistes moqueurs le savent pourtant très bien : il n’est pas étonnant que les 27 chefs d’Etat et de gouvernement n’aient pas choisi des personnalités très connues. C’est vrai que des noms plus célèbres avaient été cités. Comme l’ancien premier ministre britannique, Tony blair ; l’ancien premier ministre espagnol, Felipe Gonzalez. Ou encore le très influent luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. Mais il fallait que les dirigeants des 27 pays se mettent d’accord. Et ils devaient aussi tenir compte de toute la machine de décision européenne, des avis des députés européens et de leurs groupes politiques. Tout cela oblige à de savants dosages.
Tony Blair, par exemple, est un travailliste anglais donc socialiste européen. Mais beaucoup de socialistes européens jugent que Tony Blair est trop libéral. Des dirigeants politiques reprochent aussi à Tony Blair d’avoir soutenu George Bush lors de la guerre en Irak. Impossible donc de choisir Tony Blair comme président du Conseil de l’Union européenne. Nommer Catherine Ashton comme « Haute représentante à la politique étrangère » est une forme de « compensation ». En plus, Catherine Ashton a l’avantage d’être une femme. Dans une Union européenne qui défend l’égalité homme-femme et qui est souvent représentée par des hommes, une femme occupe désormais un nouveau poste important.
Compromisdécision prise après une discussion où chacun a abandonné une partie de ce qu'il voulait pour trouver un accord européen à la Belge
L’Union européenne fonctionne donc grâce à des compromis. Rien d’étonnant qu’un homme politique belge devienne le Président du Conseil de l’Union. La Belgique est un pays qui fonctionne grâce à de nombreux compromis politiques. Et le chrétien-démocrate flamand, Herman Van Rompuy, Premier ministre, connaît bien les compromis. C’est ce qu’il fallait à l’Europe.
On peut évidemment regretter le manque de transparence dans le choix des nouveaux dirigeants. On peut aussi regretter qu’ils ne soient pas des personnalités plus « célèbres » qui donnent tout de suite une image très forte de l’Union européenne dans le monde. Mais ces 2 nouveaux postes devraient donner un peu plus de stabilité et de cohérence à l’Union européenne. C’est une avancée prévue par le Traité de Lisbonne qui a été approuvé, lui aussi, après beaucoup de compromis.
Herman Van Rompuy sera président jusqu’en 2014. Avant 2009, la présidence du Conseil de l’Union tournait entre les pays tous les 6 mois! La nouvelle « Haute représentante à la politique étrangère et de sécurité » devient aussi vice-présidente de la puissante Commission européenne. Une Commission présidée par José Manuel Barroso qui a été réélu, il y a peu, dans ses fonctions de président. C’était là aussi le résultat de bien des compromis. L’Union européenne, c’est comme ça, avance à petits pas.