dimanche 13 octobre 2024

L’ESSENTIELL’information simple comme bonjour

Comme dans les années 30? Oui et non

Certains disent que notre époque ressemble à l’époque des années 1930. Dans les années 1930, la population vit les effets d’une crise économique. Des responsables politiques exploitent la situation et c’est la montée des égoïsmes, du racisme. En Allemagne, c’est l’arrivée au pouvoir d’Hitler et du nazisme. Tout cela aboutit à la Deuxième Guerre mondiale et à l’horreur de camps d’extermination.

L’avis d’une historienne

Mais comparer les années 1930 et aujourd’hui, est-ce juste ? Nous présentons les propos d’une historienne, professeure d’université, spécialiste de la question. Elle s’appelle Isabelle Davion et elle était interrogée sur le sujet sur la chaîne d’information France Info. Précisons qu’évidemment, Isabelle Danvion est une spécialiste, elle est, entre autres, maîtresse de conférences à Sorbonne Université en Histoire contemporaine des pays germaniques et de l’Europe centre-orientale.

Peut-on comparer nos sociétés à celles des années 1930 ?

Isabelle Davion : « La comparaison peut être tentée, mais avec toutes les nuances nécessaires. C’est vrai qu’il y a certaines ressemblances. Il y a d’abord la crise économique, commune aux deux époques, qui sape les régimes parlementaires. Il y a aussi la remise en cause des valeurs démocratiques accusées d’être incapables de rétablir la situation ? »

«La population cherche alors ces repères dans des partis d’extrême droite»

L’historienne donne un autre point de comparaison : l’importance de la question nationale. Elle dit : « Les sociétés pensent ne plus trouver des réponses dans les partis politiques traditionnels. La population cherche alors ces repères dans des partis d’extrême droite. » Ces partis disent qu’ils ont la solution et qu’elle est simple.

«Le refus d’accueillir les migrants »

Pour l’historienne, le rejet de démocratie « va même jusqu’à la remise en cause des valeurs humanistes, comme le refus d’accueillir les migrants que ce soit aujourd’hui ou à cette époque, avec les réfugiés partis d’Allemagne pour fuir le nazisme. »
Après les malheurs de la Première Guerre mondiale, on avait l’impression en 1918 que la démocratie allait se propager dans le monde entier. Avec la crise économique qui commence à la fin des années 1920, il y a eu un recul de la démocratie. Après la chute du Mur de Berlin en 1989, on a l’impression que petit à petit, il y a aussi un recul de la démocratie.

«Il y a quand même de grandes différences»

L’historienne fait remarquer : « Il y a quand même de grandes différences entre la situation des années 1930 et aujourd’hui. Il y a une organisation internationale des pays plus forte. Il y a un droit international avec des règles. Dans les années 1930, on avait des pays totalitaires qui ne respectaient aucune règle internationale. C’était surtout l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. » Pour elle, aujourd’hui, il y a des Etats qui menacent la paix, mais on essaie souvent de négocier, même s’il y a des guerres dans différentes régions du monde.
Isabelle Davion précise : «Il faut ajouter que les pays qui basculent aujourd’hui dans l’extrême droite n’ont pas de revendications extérieures comme c’était le cas dans les années 1930, cela fait une énorme différence. Et on a justement déjà l’expérience des années 1930 qui nous rend attentifs à la montée des nationalismes. »

«L’histoire n’est pas un vaccin»

Isabelle Davion dit : «L’histoire n’est pas un vaccin, mais elle nous rend consciente des enjeux.” Pour elle, on peut faire la comparaison entre les deux époques, mais il faut en parler de façon intelligente et nouvelle : “à force d’agiter ce chiffon, les gens pourront ne plus y prêter attention.»
La situation est différente dans certains pays d’Europe de l’Est. Ces pays ont été sous la domination de l’Union soviétique pendant plusieurs dizaines d’années. Aujourd’hui, ils se sentent encore menacés par la Russie. En Hongrie, en Pologne, en Slovaquie, il y a une montée de l’extrême droite. Certains voient la Russie comme la vraie menace et ont tendance à oublier ou à faire oublier ce qu’était la menace hitlérienne et la domination nazie des années 1930.

Lire l’interview d’Isabelle Davion sur France Info, cliquez ici

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos

Par son existence même, le site de l’Essentiel mène des actions pour encourager la lisibilité des textes écrits. Les articles du site www. journal-essentiel.be sont écrits dans un langage accessible à tous, quelque soit son niveau de lecture de départ. Et les mots incontournables sont expliqués dans un glossaire qui accompagne l’article. Mais le site s’inscrit aussi dans un combat plus large.

Articles récents
14806c87
Guerre à Gaza, un an déjà
A Palestinian boy sits next to the rubble of a house destroyed by Israeli strikes, amid the ongoing conflict between Israel and Hamas, in the northern Gaza Strip
A Gaza, chronologie d'une guerre sans fin ni loi
unnamed-1
Gaza, Liban, et l’ONU là-dedans ?
Newsletter

Restez informé, inscrivez-vous à notre newsletter, c’est gratuit et utile !

Nous suivre