mercredi 24 avril 2024

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Des oeuvres témoins d’un passé raciste

La mort de l’Afro-Américain George Floyd suite à des violences policières a remis au cœur de l’actualité le mouvement de lutte contre le racisme. Peu de temps après l’évènement, une plateforme américaine de diffusion de divertissements en ligne, HBO Max, retirait le film « Autant en emporte le vent » de son catalogue. Quelques mois plus tard, le film est à nouveau disponible. Mais il est accompagné de deux vidéos qui expliquent le contexte de l’époque.
Réalisé en 1939, le film « Autant en emporte le vent » est une adaptation du livre de Margaret Mitchell paru en 1936. Le film a remporté 10 Oscars du cinéma. Ce qui lui est reproché aujourd’hui ? Ses préjugés racistes. En effet, ce film montre une version romantique des Etats du sud des Etats-Unis pendant la guerre civile de 1861. L’esclavage y est présenté comme doux et gentillet alors que la situation était horrible pour les esclaves noirs.

« Le langage était différent »

Cette polémique autour du film « Autant emporte le vent » a fait surgir une question centrale : que faut-il faire avec les oeuvres anciennes (films, livres, BD…) qui portent des idées racistes? Certains pensent qu’ils doivent être interdits. D’autres, qu’il faut les contextualiser, les accompagner d’un avertissement.

Le cas « Tintin au Congo »

Un autre exemple très connu est belge : « Tintin au Congo ». Et les débats autour de cette bande dessinée (BD) d’Hergé ne datent pas d’hier. Hergé avait 22 ans lorsqu’il a réalisé cette BD. C’était en 1931. A l’époque, il s’est inspiré d’articles de presse et de quelques photos (il n’a jamais mis les pieds en Afrique). Or, à cette période, le Congo est une colonie belge. Les colons blancs pensent qu’ils sont « supérieurs » aux populations noires. Ils pensent qu’il faut « civiliser » et « éduquer » les populations africaines « Tintin au Congo » est le reflet de la mentalité coloniale et raciste de l’époque. Les personnages noirs y sont présentés comme des grands enfants, sans connaissances, incapables et paresseux. Leurs traits et leur langage sont caricaturés.

[(Lire aussi notre article Congo de la colonie à l’indépendance )]

« Ce sont des pêchés de jeunesse » dira quelques années plus tard Hergé. « Si je devais réécrire « Tintin au Congo » aujourd’hui, cela serait très différent. Mais tout a évolué et changé, moi aussi j’ai changé », expliquera-t-il encore en 1993. Quelques années après la sortie de sa bande dessinée, Hergé acceptera d’apporter quelques modifications à « Tintin au Congo », mais très peu. Aujourd’hui, l’œuvre en vente est donc très semblable à celle parue en 1931… avec ses nombreux clichés racistes.

Hors des étagères

Plus de 10 millions d’albums de BD de « Tintin au Congo » ont été vendus dans le monde. La BD suscite pourtant beaucoup de polémiques. Dans certains pays, des librairies ont décidé de déplacer la BD du rayon pour enfants vers le rayon pour adultes. En Suède, certaines bibliothèques l’ont supprimée de leurs étagères et ne la prêtent plus.
En 2010, un citoyen belge, soutenu par des associations, demande d’interdire la vente de Tintin au Congo. Ils qualifient la BD de raciste et xénophobe. Mais la justice belge ne leur donne pas raison. La BD peut continuer à être vendue en librairie.

Vers un avertissement ?

Certaines maisons d’édition étrangères ont choisi d’écrire un avertissement au début de « Tintin au Congo » pour expliquer et remettre la BD dans son contexte de l’époque. C’est le cas en Angleterre par exemple. En Belgique, par contre, un tel avertissement n’existe toujours pas. Les associations et militants antiracistes souhaitent que cela change.
Casterman, la maison d’édition belge des BD Tintin s’est dite favorable à l’ajout d’un avertissement ou d’une préface à « Tintin au Congo ». Mais pour l’instant, Moulinsart, la société qui gère les droits d’auteur de l’œuvre d’Hergé, continue à s’y opposer.

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