Ces témoignages sont tirés du documentaire » 60 61, LA GREVE « , un documentaire de Jean-Christophe Yu que nous tenons à remercier.
En 1960, Robert Dussart est délégué syndical aux ACEC, les Ateliers de construction électrique de Charleroi, une usine de 10.000 travailleurs.
«Quand on parle de l’esprit de 60, ce sont des gens qui sont décidés à faire entendre leur voix.»
« C’est ça 60. Quand on parle de l’esprit de 60, ce sont des gens qui sont décidés à faire entendre leur voix. Les travailleurs des ACEC décident d’aller dans toutes les entreprises environnantes des ACEC pour demander au gens de les suivre dans leur mouvement avec leurs organisations syndicales. C’est ça le message, il sera tenu dans presque toutes les usines. Cela fait des remous dans la région. Et le 21 décembre, les dirigeants syndicaux de la FGTBAbréviation de Fédération Générale des Travailleurs de Belgique. Sa couleur: le rouge. de la région de Charleroi déclarent la grève générale dans toute la région. C’est le succès des travailleurs des ACEC. »
Marie Dessart, femme de cheminot
«Je suis partie avec mon seau de briques, mes 3 enfants et un drapeau rouge.
« Je suis partie avec mon seau de briques, mes 3 enfants et un drapeau rouge. Je suis allée mettre le drapeau rouge en plein milieu des voies au passage à niveau à Familleureux (commune de Seneffe) et mon seau de briques pour frapper ceux qui étaient sur les machines. Et je l’aurais fait si les gendarmes ne m’avaient pas arrêtée je l’aurais fait. Là je pleurais, je pleurais de rage. »
Raymond Thielemans, délégué syndical FGTB
«C’était vraiment ce qu’on appelle la démocratie.»
« C’était parti, vraiment parti, de la base. C’était vraiment ce qu’on appelle la démocratie. On allait consulter les travailleurs sans les usines, on faisait une réunion syndicale et ils décidaient si oui ou non ils partaient en grève. »
Jacques Lemaitre, médecin, directeur de la clinique de La Hestre et président du syndicat des services publics dans la région du centre
«Aux yeux de la population, le comité de grève apparaissait comme le seul pouvoir communal.»
«La grève totale, complète avait eu des conséquences sur la vie communale. Il n’y avait plus d’administration communale, plus d’employés communaux, plus de police, plus de facteurs, plus d’ouvriers communaux pour ramasser les immondices. Or, il y avait quand même des tâches urgentes à faire. Donc, le comité de grève s’est trouvé finalement devant la nécessité de gérer la commune. Il l’a fait de manière maladroite, incomplète, de se trouver à être le seul pouvoir communal pendant une bonne partie du mois de la grève. Aux yeux de la population, le comité de grève apparaissait comme le seul pouvoir communal. »
Documentaire » 60 61, LA GREVE « , un documentaire de Jean-Christophe Yu (1991)