jeudi 18 avril 2024

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Femmes et cyberviolences

Les cyberviolences, ce sont des violences exercées à distance dans les espaces numériques : sur internet, dans les forums, les médias en ligne…), sur les réseaux sociaux comme Snapchat, Instagram, Youtube, Twitter, Facebook. Ou encore par sms, par mail… Ces violences peuvent prendre plusieurs formes : insultes, humiliations, menaces de viol, menaces de mort, diffusion de rumeurs, divulgation d’informations privées… Les cyberviolences sont souvent lancées par une ou plusieurs personnes contre une victime isolée.
Quand ces violences sont nombreuses et répétées, on les appelle cyberharcèlement. Parfois, plusieurs « trolls » organisent des « raids » pour harceler en même temps une personne.
Et quand ces violences sont sexistes, on parle de cybersexisme. Le cybersexisme repose sur des stéréotypes sur ce qu’on attend des femmes ou des filles et des hommes ou des garçons.

Trois filles, deux garçons

Dans l’espace numérique, ces violences se répandent et se banalisent. Les femmes sont plus touchées que les hommes par le cyberhacèlement et le cybersexisme. Et cela commence dès le plus jeune âge. Une étude a été réalisée dans des écoles en France, auprès de 1 200 élèves de 12 à 15 ans. Trois filles et deux garçons par classe déclarent qu’ils ont été victimes de cybersexisme.
Les attaques sexistes réduisent les filles à leur apparence physique. Ce sont des rumeurs sur leurs comportements sexuels ou amoureux. Les garçons qui sont touchés par le sexisme, sont ceux qui ne répondent pas aux codes de la masculinité et de la virilité. Ces garçons sont aussi victimes d’insultes à caractère homophobe. Les cyberviolences se prolongent bien souvent « hors ligne », dans la vie réelle. Avec des conséquences parfois dramatiques : isolement, désespoir, insécurité, et parfois même… suicide.

N’importe où, n’importe quand

L’Organisation des Nations-Unies aussi constate que les cyberviolences touchent les femmes plus que les hommes. Selon l’ONU, trois quarts des femmes qui utilisent internet ont déjà été confrontées à des violences en ligne. « A l’ère de l’internet social et de l’accès mobile « n’importe où, n’importe quand », les cyberviolences peuvent surgir à tout moment et suivre leurs cibles avec acharnement partout où elles vont », explique l’ONU. Pourtant, malgré l’ampleur du problème, seuls quelques pays (26%) prennent des mesures judiciaires pour lutter contre ces cyberviolences.

Sexisme, racisme, homophobie

Amnesty International aussi constate qu’Internet peut être un espace effrayant et toxique pour les femmes. L’organisation internationale a interrogé 4 000 femmes dans huit pays différents. Une femme sur quatre a déclaré avoir subi au moins une fois des violences ou du harcèlement sur internet. Plus de la moitié de ces femmes ont subi des insultes sexistes, racistes ou homophobes. Pour un quart de ces femmes, certaines de leurs informations personnelles ou d’identification ont été partagées en ligne, sans leur accord. C’est le « doxxing »
Une fois sur deux, les femmes harcelées ne connaissent pas leur harceleur.
Les conséquences de ces violences sur les femmes sont alarmantes : baisse de l’estime de soi, perte de confiance en soi, stress, angoisse, crises de panique, troubles du sommeil, perte de concentration.
Pour Amnesty International, les entreprises de réseaux sociaux doivent prendre ce problème au sérieux et lutter plus efficacement contre les violences fondées sur le genre ou toute autre élément de l’identité d’une personne.

Menace pour la liberté d’expression

« Les violences et les abus en ligne constituent une menace directe pour la liberté d’expression des femmes », poursuit Amnesty International. En effet, plus des trois quarts (76 %) des femmes victimes de violence ou de harcèlement sur une plateforme de réseau social ont modifié leur façon d’utiliser ces plateformes. Certaines arrêtent de publier sur les réseaux sociaux, se retirent des conversations publiques, s’autocensurent.
La journaliste et autrice belge Myriam Leroy en sait quelque chose. Victime de cyberharcèlement et de menaces, elle a décidé de fermer ses comptes Facebook et Twitter. « Je ne me sens plus libre de faire et de dire ce que je veux sur les réseaux sociaux, explique-t-elle. C’est dommage de devoir déserter ce qui est finalement une partie de l’espace public, un endroit d’expression ! » Sur base de son vécu et de celui d’autres femmes harcelées, Myriam Leroy a écrit un roman : « Les yeux rouges ». Elle a aussi porté plainte et lancé une procédure judiciaire contre l’un de ses harceleurs. La journaliste française Rokayha Diallo a également été la cible de messages haineux et d’incitation au viol. Elle raconte son histoire dans le documentaire « Les réseaux de la haine ».

Dans la loi

En avril 2018, pour la première fois en Belgique, un tribunal a condamné un homme qui harcelait une femme sur Twitter. Il n’y a pas de texte qui condamne le cyberharcèlement. Mais un texte du Code pénal condamne le harcèlement moral à des peines de prison et à des amendes. Et une autre loi sur les communications électroniques peut y aider aussi. Et depuis avril 2020, une loi belge sanctionne le « revenge porn », une forme de cyberviolence d’ordre sexuel, dont 80 à 90 % des victimes sont des femmes. Ces faits de violence restent encore trop souvent minimisés aujourd’hui. Ils sont perçus comme virtuels. Et pourtant, leurs conséquences sur la santé physique et mentale des victimes sont, elles, bien réelles…

En savoir plus

Journée de lutte contre les violences faites aux femmes

Que faire en cas de cyberharcèlement ?

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