jeudi 28 mars 2024

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Le petit monde des manifestants

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Une manifestation, c’est toujours aussi des rencontres. Dans le train qui nous conduit de Charleroi à Bruxelles, je discute avec mes voisins de banquette. Et on parle de la manif bien sûr, de ce qu’on en pense, et de notre vie aussi, tout simplement. Le politologue qui n’a l’air de rien Jean-François, un bonhomme long comme un jour sans pain, travaille à Belgacom. Il a été délégué syndical. Il a démissionné, un peu déçu. Mais il reste militant FGTB. Il espère que les choses vont changer avec le nouveau dirigeant de la FGTB, Marc Goblet (1). Mais il n’est pas à 100% enthousiaste : « Il a l’air un peu dépassé par les événements. Et puis l’autre jour, je l’ai vu dans un débat à la télé, il avait du mal à s’en sortir. Ce n’est pas comme Marie-Hélène Ska, responsable de la CSC, elle est claire, déterminée. Enfin, il vient d’arriver, il faut lui laisser un peu de temps. » Jean-François dit ne plus trop suivre la politique. Enfin presque… Car il analyse, devant vous et sans hésitation, les positions, les rapprochements, les tensions entre les syndicats, entre les mouvements politique de gauche ! « Ah oui, à la gare, je vous quitte, dit Jean-François, je vais vite manger au mess de Belgacom avec une collègue juste avant la manif. » Une femme devenue homme Döne a travaillé 4 ans dans une entreprise de nettoyage. Elle nettoyait des chambres d’hôtel : « On avait 14 minutes pour faire la chambre, c’était impossible en fait ! » Maintenant, elle est au chômage et suit une formation. C’est une femme d’origine turque portant foulard, visage rieur mais décidé, elle s’amuse : « Mon fils ne voulait pas que je vienne manifester, il m’a dit : « Ce sont les hommes qui manifestent. Depuis que tu es en formation, tu deviens un homme », m’a-t-il dit… » Elle s’est débrouillée pour venir à la manifestation même si son beau-frère a eu un grave accident de travail la semaine dernière et qu’elle soutient beaucoup la famille. Mobilisée en douceur Marina est formatrice d’adultes. En ce moment, c’est la période de stress. Elle accompagne les stagiaires dans leur chef-d’œuvre. Un travail écrit sur un sujet choisi par le stagiaire, suivi d’un exposé devant des inspecteurs du ministère de l’enseignement. Les stagiaires ont ainsi leur Certificat d’études de base. Même si le diplôme est important, Marina insiste sur la dynamique du chef-d’œuvre : « C’est une mise en recherche, une vraie avancée dans la pensée, l’acquisition d’une belle maturité nouvelle. » Marina parle calmement, d’une voix douce : « Je ne fais pas toutes les manifs mais j’y suis souvent quand même. C’est pareil pour les assemblées syndicales. En général, je trouve le syndicat un peu « mou ». Mais ici, il me semble que c’est mieux. En fait, je suis très inquiète, je sens l’urgence de se battre et de dire que des alternatives existent. Par contre, ceux qui sont allés tacher de peinture jaune la façade du MR (2), je trouve ça inutile. Ce n’est pas ça de la vraie mobilisation. » Par delà les frontières Georges a fait toute sa carrière à la poste. Il est prépensionné. Originaire de Charleroi, il habite maintenant en France, à Calais. Il est responsable d’une association qui aide les réfugiés : « Avec tout ce qui se passe avec les réfugiés(3), je n’ai pas une minute à moi. Il faut les aider et répondre à la presse, toute la presse européenne est là. Je reviens en Belgique tous les 15 jours. C’est surtout pour voir ma mère. Mais aujourd’hui, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser les copains manifester sans moi. » L’homme peut dire non ! Louis qui lit le journal sur une autre banquette est appelé par le petit groupe. Louis travaille pour un site internet. Veste en cuir, foulard rouge du syndicat, Louis nous montre ses boules « Quiès » et précise: « Je ne lance jamais de pétard mais dans une manif comme aujourd’hui, vaut mieux se protéger les oreilles! » Pour Louis, une « manif », c’est toujours important et c’est aussi une vieille habitude : « Depuis 22 ans, je suis de toutes les manifestations : pour l’emploi, pour la paix dans les années 80, pour les services publics, la sécurité sociale, contre le racisme et contre les centres fermés de réfugiés, etc. » Quand on lui demande si ça sert à quelque chose de manifester, il s’excite : « Si on ne manifeste pas, le gouvernement et les dominants nous imposeront encore plus de choses. Et puis, quand on n’est pas d’accord, il faut le dire, le crier, il faut bouger ! C’est une des grandes différences entre l’homme et l’animal. Comme le dit une philosophe française: « Les grands singes ne sont pas capables de faire la révolution ! » Autrement dit, ils ne peuvent pas changer leur société. Nous, tous ensemble, on peut changer la nôtre», conclut Louis.

L’exercice

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Et sa correction

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