Patrice commence l’école à 8 ans. Il va d’abord dans une école protestante alors que ses parents sont catholiques. Il dira plus tard que ce passage par une école protestante lui a permis de porter un regard critique sur la doctrineEnsemble de croyances que l'on ne peut pas, par principe, remettre en question catholique. Il va ensuite dans une école catholique jusqu’à la 4e primaire. Voilà tout le bagage scolaire de Patrice. Patrice trouve l’école, protestante ou catholique, très insuffisante pour se former.
Indépendant déjà
Patrice a déjà alors une indépendance d’esprit. Il dira que ce qui l’a marqué enfant, c’est le discours chrétien de ses professeurs blancs, et même de ses parents noirs, en totale contradiction avec la réalité. Pour Patrice, comment les blancs peuvent-ils concilier les valeurs chrétiennes de bonté, d’amour et de fraternité avec toutes les violences et les injustices faites aux noirs qu’il voit tout autour de lui?
Grand lecteur
Patrice s’intéresse aux philosophes et à l’histoire des révolutions, surtout à la Révolutionchangement véritable et profond française de 1789. Il aime aussi des écrivains comme Molière, Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, Victor Hugo. Cette passion pour la lecture ne le quittera pas. Un des amis de Lumumba, l’avocat liégeois Jules Raskin racontait que lorsque Lumumba était invité quelque part, il demandait toujours s’il y avait une bibliothèque pour aller y jeter un œil.
Autodidactequi a appris et apprend par lui-même
Patrice est un autodidacte. Il travaille comme vendeur de bière puis à la Poste. En même temps, il est correspondant de presse pour 2 journaux congolais de 1948 à 1956. Peu à peu, Lumumba pense que l’indépendance du Congo est la seule solution pour améliorer le sort des Congolais. En quelques années, il devient un des grands leaders de l’indépendance. C’est une surprise, les Belges sont pris de court.
Un OVNI en politique
Comme le dit le biographe de Lumumba : « Pour les Belges, Lumumba qui avait quitté l’école en 4e primaire était un simple vendeur de bière, qui avait ensuite travaillé à la Poste. Il était autodidacte, mais aux yeux des Belges il n’avait pas étudié. Lorsqu’il a tout à coup surgi, assénant que l’indépendance n’était pas un cadeau mais un droit, tout le monde s’est demandé d’où il sortait. En fait, Lumumba avait échappé à tous les radars : la famille, l’école, l’ethnieEnsemble d’individus qui ont des points communs comme une même histoire, un territoire, une langue, une culture. puisqu’il avait quitté son village natal pour arriver à Stanleyville (Kisangani). A l’inverse des autres leaders congolais qui avaient fréquenté les écoles et les missions, on ne pouvait pas le « gérer », on n’avait pas prise sur lui. »
Un poète
En mars 1959, l’autodidacte Lumumba qui n’a pas terminé l’école primaire prononce un discours au Congrès pour la Liberté et la Culture organisé par l’université d’Ibadan au Nigéria. Ce discours marque l’histoire des indépendances des pays d’Afrique et se termine par cet appel: « Africains, levons-nous ! » Cette volonté d’indépendance, cet amour du Congo et de l’Afrique, il l’exprime aussi dans un poème écrit en septembre 1959 : Pleure, Ô Noir, frère bien-aimé. Terminons donc par quelques vers de ce poème:
(…)
Les rives du grand fleuve, pleines de promesses
Sont désormais tiennes.
Cette terre et toutes ses richesses
Sont désormais tiennes.
Et là-haut, le soleil de feudécédé et ici "feu" veut dire "n'existe plus", "feu votre firme" veut dire votre firme n'existe plus dans un ciel sans couleur,
De sa chaleur étouffera ta douleur
Ses rayons brûlants sècheront pour toujours
La larme qu’ont coulé tes ancêtres,
Martyrisés par leurs tyranniques maîtres,
Sur ce sol que tu chéris toujours.
Et tu feras du Congo, une nation libre et heureuse,
Au centre de cette gigantesque Afrique Noire. (…)
Le discours célèbre de Lumumba le jour de l’indépendance du Congo et le discours moins célèbre, mais très intéressant à l’université d’Ibadan, cliquez ici