On dit souvent qu’en Belgique le Roi n’a pas beaucoup de pouvoir. Ou plutôt, que son pouvoir est symbolique. Le Roi règne sur le pays, mais il ne gouverne pas. Et pourtant, le Roi a un rôle fondamentaltrès important, de base au lendemain des élections. Après chaque élection législative, le Roi doit en effet consulter les responsables politiques au Palais. Cela s’appelle les « consultations ». Pendant plusieurs jours, il invite les représentants des différents partis pour discuter. Après ces rencontres, il pourra désigner un formateur qui essaiera de former le nouveau Gouvernement fédéral. Parfois, le Roi choisit d’abord un ou plusieurs informateurs pour récolter des informations auprès des différents partis. Ces informateurs conseillent le Roi pour choisir un formateur.
Que faire avec le Vlaams Belang ?
Lors des élections 2019, le Vlaams Belang"Intérêt flamand" en français, nouveau nom du Vlaams Blok, parti d'extrême droite flamand, parti d’extrême droite flamand, a fait un gros score. Il a obtenu 18 % des voix en Flandre. Il est le 2e parti au Parlement flamand après la NV-A et le 3e parti au Parlement fédéral après la NV-A et le PSParti socialiste.
Après cette victoire, le Roi Philippe allait-il inviter le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, à une rencontre ? Car c’est une tradition de ne pas laisser entrer l’extrême droite au Palais. Dans l’histoire de la Belgique, une seule fois un Roi a reçu le représentant d’un parti d’extrême droite. C’était en 1936, lorsque le roi Léopold III a consulté Léon Degrelle, du parti d’extrême droite Rex. Le roi Baudouin avait, convié en 1978 Karel Dillen, président du Vlaams Blok (ancêtre du Vlaams Belang). Mais Karel Dillen avait refusé de venir.
Les « pour » et les « contre »
Au lendemain des élections du 26 mai 2019, le Roi devait choisir : recevoir ou non un parti d’extrême droite, grand vainqueur des élections ? Plusieurs politiciens, académiciens, intellectuels ont donné leur avis à ce sujet dans les médias. Pour certains, le Roi ne pouvait pas inviter un parti d’extrême droite, antidémocratique, au Palais. Car si le Roi recevait le Vlaams Belang, il le faisait paraitre « fréquentable » aux yeux de la population.
Pour d’autres, le Roi a un devoir de « neutralité », il doit être neutre. Autrement dit, il ne pas prendre une position politique particulière. Le Roi devait donc recevoir Tom Van Grieken puisqu’il recevait les représentants des autres partis. Et surtout, parce qu’il représente un parti pour qui 810 000 électeurs ont voté. Ignorer le Vlaams Belang, c’était comme si on considérait que leur vote n’avait pas d’importance. Et aussi courir le risque que ce parti se pose en victime.
Le choix du Roi
Le Roi a finalement choisi de recevoir Tom Van Grieken au Palais le 29 mai à 10 h 45. L’entretien a duré 30 minutes. L’affaire est close. Depuis lors, le Roi a désigné deux informateurs, Johan Vande Lanotte et Didier Reynders. Ils rencontrent les présidents de tous les partis qui pourraient jouer un rôle dans la formation du Gouvernement fédéral. Et cette fois, le Vlaams Belang n’a pas été invité aux discussions. Par contre, au niveau régional, le formateur est le représentant du parti qui a remporté le plus de voix. En Flandre, il s’agit de la NV-A. Bart De Wever, son président a déjà reçu 2 fois Tom Van Grieken. L’avenir nous dira s’ils formeront un gouvernement ensemble…