vendredi 19 avril 2024

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Un but : la convergence des luttes !

Les travailleurs sont organisés et représentés par des syndicats, des mouvements créés et construits par le monde ouvrier. C’est le cas du MOC. Le MOC ? Qu’est-ce que c’est ? C’est le mouvement ouvrier chrétien. C’est une organisation importante du monde du travail. Mais pas seulement du monde du travail.
Le MOC, le Mouvement ouvrier chrétien donc réunit plusieurs organisations chrétiennes très différentes. Une organisation de défense des travailleurs : le syndicat CSC. Une organisation mutuelliste et de défense des patients : la mutualité chrétienne. Une association féministe : Vie féminine. Un groupement de jeunes : la JOC. Un rassemblement de citoyens qui réfléchissent et agissent pour participer plus activement à la société : les Équipes populaires.

Une présidente, une jeune, une femme

Et chrétien, direz-vous ? Oui, évidemment, mais le MOC n’est plus lié depuis les années 1970 aux partis « chrétiens » : le PSC avant, le CDH aujourd’hui. Et la JOC, par exemple, était l’abréviation de Jeunesse ouvrière chrétienne, elle est devenue Jeunes organisés et combattifs, plus de « chrétien » dans le nom. Le MOC a une nouvelle et jeune présidente, Ariane Estenne.
Ariane Estenne est une femme. Elle anime un mouvement qui n’est pas une structure hiérarchisée et pyramidale classique, mais vise à l’action commune de plusieurs organisations. On s’est donc dit qu’Ariane Estenne aurait un avis intéressant sur le mouvement des Gilets jaunes. Un mouvement qui n’est pas du tout hiérarchisé ou pyramidal. Un mouvement où il y a beaucoup de femmes. Ariane Estenne est jeune. On s’est dit qu’elle aurait un avis intéressant aussi sur les jeunes qui manifestent pour le climat. Et bien, on ne s’est pas trompé…

« Les gilets jaunes ? C’est normal qu’ils soient en colère ! »

Depuis novembre en France, mais aussi en Belgique, les actions des gilets jaunes sont dans l’actualité. Certains responsables syndicaux ne savent pas très bien ce qu’il faut penser de ce mouvement spontané, comme sorti de nulle part. Un mouvement pas vraiment organisé, qui n’a pas qu’un seul porte-parole. Pour Ariane Estenne, c’est clair : « Les gilets jaunes, ils disent qu’ils sont en colère parce qu’ils sont victimes d’inégalités. Ils sont à sec à partir du 15 du mois. Et là, c’est sans doute la première chose à faire : reconnaitre que ce que les gens expriment, non seulement ça existe, mais c’est normal qu’ils l’expriment avec colère dans cette situation ! » Pour Ariane Estenne : « C’est vraiment fondamental de le reconnaitre ça ! »

** « Les gilets jaunes nous adressent aussi un message »

Et puis évidemment, il y a autre chose dans les gilets jaunes qui chatouille un peu certains responsables syndicaux plus traditionnels : « Les gilets jaunes nous adressent aussi un message à nous. Nous, les associations et organisations du monde ouvrier plus traditionnelles. Et on ne peut pas balayer ce qu’ils demandent d’un revers de main en disant : ce que disent les gilets jaunes, c’est ce que nous avons toujours dit ! »

** « Ce que disent les gilets jaunes et on doit les entendre, c’est que la démocratie est en panne. »

Et Ariane Estenne n’y va pas par quatre chemins : « Ce qu’ils disent aussi c’est qu’ils ne se sentent plus représentés ni par les politiques, ni par ce que l’on appelle les élites ni même par les associations… Les gilets jaunes demandent une démocratie plus directe où ils peuvent être entendus. Cela interroge la place des mouvements sociaux aujourd’hui, les mouvements plus historiques. »

Car Ariane Estenne voit, comme beaucoup d’autres, que le mouvement des gilets jaunes « remet en cause la démocratie représentative où on vote tous les 5 ans pour une personne et on doit lui faire une conscience aveugle jusqu’aux prochaines élections. » Elle voit aussi que ce mouvement remet en cause « le système de concertation avec les organisations qui sont censées représenter la parole des travailleurs. » C’est grave ? Oui, mais pas seulement… Ariane Estenne pense que « c’est une chance que des personnes montrent les limites de ces 2 types de démocratie. Ce que disent les gilets jaunes et on doit les entendre, c’est que ces systèmes sont en panne, la démocratie est en panne. » Alors tous et toutes gilets jaunes ? Et tous et toutes pour le référendum d’initiative citoyenne qu’ils demandent ?

** « On doit réfléchir comment faire participer plus aux discussions, aux débats. »

Ariane Estenne précise : « Bon maintenant, le référendum d’initiative citoyenne (le RIC en abrégé), cela c’est de la démocratie directe. Entre ça et le système actuel, il y a d’autres choses pour faire participer activement les gens. C’est tout ce que l’on peut mettre du côté de la démocratie délibérative, la démocratie où les citoyens discutent et débattent ensemble. » Donc pour Ariane Estenne, ce n’est pas tout ou rien : « Personne n’a tort ou raison. Nous, organisations et mouvements ouvriers, on doit réfléchir comment faire participer plus aux discussions, aux débats. Comment mieux représenter les précaires ? Est-ce que l’on s’adresse à tous les publics ? C’est une vraie question. »
Tous les publics ? Les jeunes aussi ? Comme ceux qui manifestent pour le climat ? Ariane Estenne : « Les jeunes sortent de l’école. Ils sortent de la norme scolaire et d’une certaine manière de la norme de la famille. Il y a là une forme d’émancipation. Je le vois très positivement. » Ariane Estenne poursuit : « C’est comme les femmes qui pour la journée des droits des femmes font grève le 8 mars. Cela bouscule les organisations plus traditionnelles. » Et Ariane Estenne de parler alors de la nécessaire « convergence des luttes ».

** « Convergence des luttes »

Convergence des luttes, un vieux slogan ? Oui, mais pas seulement… Ariane Estenne poursuit : « Il faut voir comment les réseaux existants (organisations, associations) peuvent accueillir des luttes plus radicales, des personnes qui sont moins organisées, mais qui ont une flamme politique ? » Organiser des rencontres en quelque sorte ? Car Ariane Estenne est frappée par l’importance de la rencontre entre les gens dans les mouvements des gilets jaunes, des jeunes pour le climat, des femmes qui font grève le 8 mars… « Dans ma génération, on a la conscience qu’on n’aura pas d’autres solutions que travailler ensemble. » Donc, on a bien compris : une convergence des luttes, oui ! Mais dans un bel esprit de rencontre et sans éteindre cette flamme politique nouvelle.

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