samedi 20 avril 2024

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Au Bois du Cazier, dans les pas des migrants

On ne peut pas comprendre l’histoire des migrants sans se pencher sur le passé industriel de la Belgique. Au 19e siècle, il y a beaucoup d’industries en Wallonie. Il y a des charbonnages, des usines métallurgiques, des verreries… Pour faire tourner ces usines, il faut de plus en plus d’hommes. Et la main-d’œuvre locale ne suffit pas.
A la même époque, par contre, les temps sont durs en Flandre. L’industrie textile est en crise. A cause de la Révolution industrielle, on ne transforme plus le lin sur place. Et la maladie de la pomme de terre provoque une grande pauvreté dans les campagnes. Beaucoup de paysans flamands vont alors aller travailler en Wallonie. Car ils peuvent au moins espérer y avoir un salaire régulier.

Après la Première Guerre mondiale

Après la Première Guerre mondiale, en 1918, il faut reconstruire les usines. Il faut aussi beaucoup de charbon pour faire tourner ces usines. A l’époque, dans les charbonnages, on fait déjà appel à des travailleurs étrangers. De moins en moins de Belges acceptent de descendre dans les mines. Elles sont dangereuses, insalubres et les salaires sont moins intéressants que dans les autres industries. Les premiers immigrés viennent de Pologne et d’Italie. Pendant la crise économique des années 1930, on va stopper cette immigration. La Belgique prend alors des mesures sévères pour limiter l’arrivée de travailleurs étrangers.

Et après la Deuxième guerre

En 1945, les charbonnages belges produisent 16 millions de tonnes de charbon. Avant guerre, ils en produisaient 30 millions. Ce manque de charbon empêche le pays de se reconstruire. Juste après la guerre, beaucoup de prisonniers de guerre allemands travaillent dans les mines belges! Mais la Belgique sait qu’elle ne peut pas les garder indéfiniment. Il faut gagner ce que l’on appelle alors la « Bataille du charbon ».

Gagner la « Bataille du charbon »

Pour attirer de nouveaux travailleurs dans les mines, le gouvernement du Premier ministre Achille Van Acker donne des avantages aux mineurs.
Ils ne devront pas faire leur service militaire. Ils recevront des tickets de rationnement en plus car, même si la guerre est finie, on ne trouve pas facilement tous les aliments. Les mineurs ont aussi des réductions sur le prix du charbon et des transports en commun. Ils ont des facilités pour trouver un logement. Des Flamands viennent alors travailler dans les mines wallonnes. Mais ça ne suffit pas.
Le gouvernement va aussi chercher de la main-d’œuvre à l’extérieur de la Belgique. Il prend contact avec le gouvernement italien. Et en juin 1946, la Belgique et l’Italie signent un accord. L’accord prévoit d’envoyer 50 000 travailleurs italiens en échange l’Italie recevra du charbon. Entre 1946 et 1948, 65 000 Italiens vont venir en Belgique. Beaucoup ont l’impression d’avoir été échangés contre un sac de charbon. Mais ils sont venus car, après la guerre, l’Italie était ruinée. Il y avait peu de travail et pas assez à manger. De plus, l’argent que les Italiens enverront de Belgique permettra de relancer l’économie italienne.

Des mauvaises conditions de vie et de travail

Mais où loger tous ces migrants ? Il restait de nombreux baraquements en bois ou en métal qui accueillaient les prisonniers pendant et après la guerre. Ces bâtiments sont vides. On va alors en faire des logements. Ces conditions d’accueil n’aident pas les travailleurs italiens et leurs familles à s’intégrer. Et puis arrive la catastrophe. Le 8 août 1956, il y a un accident dans un puits du charbonnage du Bois du Cazier : 262 mineurs meurent dans cet accident. Ils venaient de 12 pays différents : Belgique(95), Pologne(8), Grèce(6), Allemagne(5), Hongrie(3), Algérie(3), Pays-Bas(1), Royaume-Uni(1), Ukraine(1), Russie(1) et l’Italie : 136 ! Suite à cette catastrophe, tout le monde se rend compte que certains charbonnages wallons sont vétustes et dangereux. Et l’Italie n’envoie plus de travailleurs vers la Belgique.
La Belgique signe alors des accords avec d’autres pays. Notamment avec l’Espagne, en 1956, avec la Grèce en 1957. Ensuite, elle se tourne vers l’Afrique du Nord et la Turquie. La Belgique signe des conventions avec le Maroc et la Turquie en 1964. C’est le début d’une autre immigration. C’est l’arrivée de nouveaux migrants qui vivront parfois, eux aussi, des moments difficiles.
Au Bois du Cazier, la visite guidée « Le parcours du migrant » permet, en 2 heures, de retracer cette histoire mais aussi d’aborder la question de l’immigration et de l’intégration aujourd’hui. Visiter le Bois du Cazier, c’est aussi marcher dans les pas de ces mineurs belges et étrangers. C’est se souvenir et comprendre cette histoire. Que ce soit à travers la grille d’entrée du charbonnage, au Mémorial, dans la salle des pendus, à la lampisterie, et prochainement dans un baraquement ouvrier de l’après-guerre qui va être reconstitué…

Le site web du Bois du Cazier
(bien fait, bonne explication de la catastrophe)

La page facebook du Bois du Cazier

Comment visiter le musée ?

Une exposition pour les jeunes

A lire aussi, le texte et le reportage photos réalisé par un groupe d’apprenants

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