dimanche 28 avril 2024

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Des idées qui tuent


Photo: Belga

Le 11 mai 2006, en début d’après-midi, à Anvers.
Luna, 2 ans et Oulematou N’Doyie, sa nounou sont mortes sous les balles d’un
jeune homme de 18 ans. C’est le racisme et la haine de l’autre
qui ont guidé leur meurtrier, Hans Van Themsche. Ce fait divers sanglant
montre une fois de plus les problèmes que connaît la ville d’Anvers.
Une ville où 33% des électeurs ont voté pour l’extrême
droite.

Luna n’avait que deux ans. Et normalement, toute une vie devant elle.
Une vie qu’elle découvre en se baladant avec sa nourrice Oulematou.
Mata, comme la surnommaient ses amis, est malienne. Elle a été accueillie
en Belgique par la famille de Luna. Ce 11 mai, Hans Van Themsche est pris d’une
folie meurtrière. Il parcourt les rues d’Anvers armé d’une
carabine qu’il vient d’acheter. Il tire une première fois
sur une jeune Turque qui porte le foulard. Quelques mètres plus loin,
il aperçoit une jeune africaine. Le fait qu’elle tienne par la
main une fillette de deux ans ne l’empêche pas d’ouvrir une
seconde fois le feu. L’enfant et sa nourrice, touchées par plusieurs
balles, sont tuées.

Crime raciste

Hans Van Themsche avouera très vite qu’il a agi par racisme.
Il semble même qu’il en est fier. Il a déclaré qu’il
avait acheté une arme de chasse et des munitions, puis qu’il était
parti à la recherche de personnes d’origine étrangère
pour les abattre. Pour se donner du courage, il portait des croix gammées
nazies et d’autres signes de l’extrême droite. Les enquêteurs
découvrent également qu’une partie de la famille du meurtrier
est membre du Vlaams Belang, parti flamand d‘extrême droite.

Le Vlaams Belang et la vente d’arme responsables?

C’est bien Hans Van Themsche qui a tiré. Mais c’est aussi
la peur de l’autre, nourrie par les idées de l’extrême
droite, qui a provoqué le drame. Très vite, l’opinion publique
a accusé le Vlaams Belang. Ce n’est en effet pas la première
fois que ce parti est lié, de près ou de loin, à des actes
racistes. Derrière ses idées d’indépendance flamande,  le
Vlaams Belang cache des idées racistes. Des idées qui ont du
succès, surtout à Anvers. Dans cette ville, un électeur
sur trois vote pour l’extrême droite. Dans ce climat de peur et
de haine, il n’aura fallu au meurtrier que 5 minutes et 500 euros pour
acheter son arme en toute légalité.

Réactions

Ces deux morts absurdes vont peut-être faire bouger les choses.
Les partis politiques n’ont pas tardé à réagir.
La loi sur la vente libre d’armes a été modifiée,
dans l’urgence. Avant ces événements, tout individu majeur
et sans casier judiciaire pouvait acheter toute une série d’armes.
Il suffisait pour cela de remplir un formulaire. Depuis le 1er juin, il est
impossible d’acheter une arme à feu sans avoir un permis de chasse,
une licence de tir ou encore une autorisation spéciale. Le ministre
de l’Intérieur, Patrick Dewael, a même écrit aux gouverneurs
des provinces pour demander que l’on organise la récolte d’armes
illégales. Des partis politiques ont demandé que le Vlaams Belang
ne reçoive plus de dotation publique. Le Conseil d’Etat a 6 mois
pour répondre. S’il accepte cette demande , le Vlaams Belang ne
recevra plus d’argent de l’Etat fédéral. Ce serait
le premier pas vers l’interdiction de ce parti de la haine… A
Anvers, le 26 mai, 20 000 personnes ont marché contre le racisme et
contre l’extrême droite. En sachant que les élections communales
ont lieu en octobre de cette année…

Carmela Morici


Le Vlaams Belang, c’est quoi?
Le Vlaams Belang, c’est le parti qui a succédé au Vlaams
Blok. Le Vlaams Blok a disparu de la scène politique belge en 2004.
Il avait été condamné pour racisme. Mais en fait, les
deux partis sont presque identiques. La majorité des sympathisants du
Blok sont passés au Belang. Les programmes des deux partis sont presque
les mêmes. Pour résumer, le Vlaams Belang veut une Flandre indépendante.
Une Flandre qui n’aiderait plus la Wallonie et qui empêcherait
l’immigration. Bref, une Flandre riche pour les Flamands uniquement.  Depuis
la création du Vlaams Belang, les partis politiques démocratiques
sont opposés à ce parti. Beaucoup de signes démontrent
en effet que ce parti d’extrême droite ne respecte pas les droits et
les libertés garantis par la Convention européenne des droits
de l’homme. En Belgique, on ne peut pas facilement interdire à un parti
d’exister. Mais les partis démocratiques voudraient priver le
Vlaams Belang de sa dotation publique, c’est-à-dire de l’argent
que le Vlaams Belang reçoit de l’Etat. Les partis démocratiques
espèrent qu’avec moins d’argent, le Vlaams Belang séduira
moins d’électeurs.

 

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