Ce qu’en dit Nathalie Dubois
Proposer une information simple et accessible en évitant tout simplisme, la tâcheun certain type de travail est rude tant il y a à faire dans un paysage qualifié d’infobésité où tout prête à avis et écriture.
De 2001 à aujourd’hui, la production exponentielle de contenus bien souvent éphémères et pas toujours de qualité, n’invite plus les lecteurs, à fortiori ceux pour lesquels la lecture est un effort, un travail, à s’aventurer dans les contrées denses, variées et parfois sauvages de l’information pour comprendre un peu mieux le monde tel qu’il va. Au contraire, ils les désertent et s’en méfient, comme on en vient à le faire de certains sites touristiques trop fréquentés. La vitesse, l’actualité brute (et parfois brutale) à laquelle on prête trop souvent le costume d’information, ne permettent pas à la pensée de trouver place et espace pour construire le fil nécessaire de la vie et se représenter les réalités du monde. Ce que L’Essentiel offre, c’est aussi, au-delà des mots qui veillent à l’accueil de tous les lecteurs, au-delà des thématiques qui nous regardent tous et qui méritent qu’on s’y attarde, du temps et de la permanence.
Du temps pour lire en ligne, creuser, laisser « percoler », y retourner, seul chez soi ou collectivement, dans des lieux où prendre ce temps se pratique encore ; de la permanence car, à cette adresse précise du web immense, les articles demeurent, on les retrouve sans se perdre: on y propose un GPS. Ils représentent une base sûre et stable face au mouvement continu, parfois vertigineux, des contenus qui défilent, glissent et disparaissent des sites et fils d’information.
C’est un travail plus que jamais nécessaire en ces temps de défiance des mots, des idées, des hommes, de la réalité ou de la vérité. Un travail utile pour aider le plus grand nombre à se représenter le monde, à en comprendre les enjeux et, partant, à se considérer partie prenante, citoyen actif, à s’engager et vivifier cette démocratie que certains n’appellent plus de leurs vœux. Il y a là-derrière des enjeux d’égalité, d’émancipation et de participation qui mobilisent les énergies.
Que ce soit dans le secteur de la lecture publique, a fortiori depuis le passage à un décretloi portant sur le développement des pratiques de lecture, ou celui de l’éducation permanente et de la jeunesse au sein duquel j’évolue maintenant, c’est un outil qui mérite que l’on s’en empare.
Reste la question du format numériqueEnsemble des technologies et des appareils de l'information et de la communication. Cela veut dire internet, réseaux sociaux, ordinateurs, smartphones, etc., qui renvoie à la fracture du même nom, qui est loin de se réduire, chaque crise est là pour nous le rappeler. Questionnement légitime et systémique qui n’enlève rien à l’outil et ses objectifs.
Longue vie, encore, à L’Essentiel.