Ce qu’en dit Karine Nicolay
Quand je suis venue travailler chez Wablieft au début des années 90, j’entendais souvent mes collègues parler de notre homologue en Wallonie L’Essentiel. Ils s’étaient rencontrés à une conférence sur le langage clair à Rome. Et cette rencontre avait visiblement eu beaucoup de sens pour eux.
Plus tard, Wablieft et L’Essentiel ont travaillé ensemble sur un projet soutenu par la banque CERA. L’objectif de ce projet était de sensibiliser le plus grand nombre à l’importance d’un langage clair, y compris dans les lettres et les documents officiels.
Je me rappelle aussi d’une autre collaboration avec l’Essentiel lorsque Wablieft a écrit à la demande du Secrétaire d’État pour la Lutte contre la Pauvreté, le Journal de la Pauvreté :
“ l’Europe contre la Pauvreté”. L’Essentiel avait sorti un journal sur le même thème en français.
Notre collaboration s’est arrêtée lorsque nous avons voulu embarquer ensemble dans un projet européen. Malheureusement, dans ce projet, il ne pouvait pas y avoir deux organisations belges en même temps dans un partenariat européen. Wablieft était le demandeur du projet et donc l’Essentiel n’a pas été retenu.
C’était très dommage car nous avions appris beaucoup de ce projet. Il s’agissait d’un partenariat pour un langage facile à lire qui est le précurseur du programme actuel Erasmus+. Avec ce projet nous avons pu continuer à mieux connaître les autres initiatives européennes de Langage Clair, dont certaines avaient participé à la rencontre de Rome. C’est comme cela que nous sommes allés en Grande-Bretagne pour la campagne Plain English.
Nous avons également découvert le journal OKEE (Pays-bas) et nous avons découvert les journaux danois norvégiens et finlandais en langage clair. C’était très intéressant. Car tous les défis auxquels nous avions dû faire face, ils les avaient connus aussi.
C’était intéressant de découvrir quelles solutions ils avaient apportées. Bien que nos collègues de L’Essentiel n’aient pas pu venir en visite avec nous, nous les tenions toujours informés et nous partagions les résultats du projet. Dans la première partie du projet, les partenaires voulaient d’abord apprendre à mieux se connaître, mieux connaître leur manière de travailler et échanger leurs expériences. Pour rendre cela possible, nous avons d’abord fait un état de la situation et des besoins dans les pays représentés.
Le but ultime étant d’établir une réelle collaboration où les partenaires pourraient travailler à la progression de la qualité, du marketing et des stratégies web de nos journaux. J’ai pu alors, grâce à ce projet, assister pour la première fois à une conférence sur le langage clair à Amsterdam et un monde nouveau s’est alors ouvert à moi. Je savais qu’il y avait beaucoup de projets en Europe. Mais c’est lors de cette conférence, que j’ai pu mesurer à quel point les organisations de tous les pays étaient concernées par le langage clair. Cette conférence était très inspirante ! Participer à ce projet européen Grundtvig a eu d’énormes conséquences. À ce moment-là, il y avait une restructuration auprès de l’imprimeur du journal Wablieft, le Vocb (l’ancien nom de Vocvo, l’organisation dont fait partie Wablieft). Nous devions établir un projet pour l’avenir, autour du journal Wablieft. La base restait le journal, ensuite se sont ajoutés des commentaires, des ateliers sur le langage clair et les livres Wablieft. L’idée pour les livres, nous l’avons trouvée en Angleterre, où j’ai pu me rendre avec un collègue, avec les Easy readers.
Il y avait aussi, bien sûr, le prix Wablieft. Grâce à ce prix, nous nous sommes fait connaître auprès de nombreuses associations et ils ont commencé à s’interroger sur la clarté de leur langage. Ils sont venus nous demander conseil c’est pourquoi, avec la rédaction, nous avons rassemblé des trucs et astuces pour une écriture en langage clair. Nous avons appelé cela : Les 20 trucs pour un langage clair. L’Essentiel a également produit un document semblable pour le français.
En peu de temps, nos trucs sont devenus très populaires et nous avons eu des demandes
de plus en plus fréquentes de la part des associations. Nous avons appris que beaucoup de gens laissaient ensuite ces trucs non loin de leur clavier et les intégraient même lors d’un entretien avec leur direction qu’ils devaient souvent convaincre d’utiliser un langage clair dans leur politique. Ils se heurtaient souvent à une opposition. Si la direction n’est pas ouverte à cela, alors rien ne change dans
une organisation. Mais grâce à nos efforts, ceci fait partie du passé. L’importance de la communication claire est maintenant comprise et défendue par beaucoup plus de personnes. Cela me réjouit. La campagne flamande Merveilleusement Lumineux, de Radio 1 en 2015, a mis beaucoup de choses en route. Nous étions alors les pionniers. L’introduction directe de cette campagne Merveilleusement Lumineux, était la conférence IC-Clear de 2014 à Anvers. Cette conférence était surtout axée sur la langue juridique claire. Nous avions pu organiser cette conférence à partir d’un autre projet européen IC-Clear.
A ce moment-là, je ne travaillais plus chez Wablieft mais bien pour la Haute Ecole
Kempen (maintenant Thomas More). Nous avons travaillé ensemble avec les organisations internationales Clarity et la fondation Plain English. J’en suis encore fière actuellement.
Avec les partenaires de ce projet, nous avons organisé à la Commission Européenne même, une conférence sur la Communication Claire en même temps que leur campagne Clear Writing. Ces personnes nous ont raconté par la suite que cela avait eu des influences positives dans leur travail parce que eux aussi subissaient beaucoup de résistances internes et devaient se battre pour continuer à faire leur travail de langage clair.
Un travail que L’Essentiel continue lui aussi à mener. Je souhaite encore beaucoup de succès à L’Essentiel !