Combien y a–t-il de musulmans en Belgique ? 400 000 comme le disent généralement les études ? 623 780 comme l’annonce le sociologue Jan Vertongen ? Bruxelles sera-t-elle une ville à majorité musulmane en 2030, comme s’interroge le Soir ? Ces dernières semaines, la presse a beaucoup parlé de ces questions. Des questions qui ne sont pas innocentes.
La semaine dernière, la presse a diffusé les chiffres d’une étude du sociologue Jan Vertongen sur le nombre de musulmans en Belgique. Et surprise. Selon l’étude de Jan Hertogen, il y aurait 623 780 musulmans en Belgique. Cela fait 5,8% de la population. Les études habituelles parlent d’environ 400 000 musulmans. Pourquoi une telle différence ? Parce qu’il n’y a pas, en Belgique, de comptage officiel basé sur la religion ou sur les opinions politiques. Et c’est très bien comme ça. Quand on aborde le sujet, on se base donc sur des données imprécises.
Une étude controversée
Jan Hertogen est pourtant assez précis. Il donne les chiffres, par commune et par province. Jan Hertogen prétend que son étude est plus sérieuse que les autres. Et il affirme lui-même dans Le Soir du 18 novembre qu’il publie ses chiffres pour la bonne cause : « Prenez-le comme un acte de protestation de ma part face au refus du monde académique et politique, même dans les milieux dits « progressistes », de prendre au sérieux certaines réalités sociales. (…) En fait, c’est en lisant Le Soir de samedi, qui ouvrait le débat sur la possibilité d’une majorité musulmane à Bruxelles en 2030, que j’ai voulu objectiver la situation. Les organisateurs admettaient qu’ils comptaient en débattre sans disposer d’un état des lieux statistique. Surréaliste ! (…) Quand j’ai commencé à publier des chiffres sur l’immigration, l’asile ou l’islam, voici quatre ans, on m’a accusé d’alimenter les thèses d’extrême droite. Demandez-leur donc ce qu’ils pensent de moi !(…) En livrant ces chiffres, qui sont, je le rappelle des estimations, et pas le résultat d’un recensement, j’invite les décideurs politiques et les citoyens à ouvrir les yeux sur une réalité qu’ils préfèrent dissimuler.» (1)
Chaud débat
Ne pas se cacher les réalités, c’était aussi l’objectif affiché d’un colloque organisé par l’association laïque La Pensée et les Hommes, le 13 novembre à Bruxelles : Une majorité musulmane à Bruxelles, en 2030 : comment nous préparer à mieux vivre ensemble ?
On a donc beaucoup parlé de ces questions ces dernières semaines. Et tout le monde n’est pas d’accord. Ainsi le sociologue Dirk Jakobs : «Jan Hertogen livre des chiffres précis, sans marge d’erreur, qui donnent l’apparence d’être le résultat d’une démarche scientifique, alors qu’il n’en est rien. Pour estimer le nombre de musulmans, il transpose à nos populations d’origine musulmane des coefficients d’appartenance à l’islam tirés d’un sondage allemand. Mais la population turque d’Allemagne est-elle comparable à la population turque de Belgique ? Leur histoire migratoire est différente, de même que leurs réseaux sociaux. L’extrapolation est hasardeuse. Ce n’est pas de la science. Ses chiffres relèvent de ce qu’on appelle les « educated guesses ». Ce n’est pas de la démographie ou de la sociologie quantitative (…)» (2) Et Dirk Jakobs s’interroge aussi sur l’utilité de ces données concernant la religion: « Il faut aussi se poser la question de l’utilité de ces données. S’il s’agit de rééquilibrer le financement des cultes, faisons comme en Allemagne où le contribuable décide sur sa déclaration d’impôts à quel culte ou quelle philosophie il accorde sa contribution, par la fiscalité. »
Débat ou fantasme ?
Quant au colloque « Une majorité musulmane à Bruxelles, en 2030 : comment nous préparer à mieux vivre ensemble ? », le sociologue Felice Dassetto y réagissait dan Le Soir du 28 octobre : « Cette façon de présenter les choses témoigne à la fois d’une méconnaissance des réalités du terrain et d’une crainte de principe. Cela relève un peu du fantasme, d’une attitude typique du 19e siècle qui consiste à faire front face aux dynamiques religieuses. (…) »
Pourtant, Felice Dassetto ne se cache pas les réalités. Il était d’ailleurs interrogé dans le Soir à l’occasion d’une conférence qu’il faisait à l’Académie royale des sciences intitulée simplement: Bruxelles, ville musulmane ? Il s’agit pour lui de répondre à la question: comment penser la présence musulmane à Bruxelles, du point de vue du territoire ? D’autres ont ce questionnement, mais essentiellement sur base démographique, en postulant – erronément ! – que toute personne d’origine musulmane est nécessairement musulmane. Avec, en toile de fond, une vision de l’ombre de l’Islam menaçant qui plane sur Bruxelles. Mon approche est plus scientifique : c’est celle du sociologue et de l’anthropologue. (…) Beaucoup de recherches ont porté sur la ville, sur les relations interculturelles, mais on y aborde très peu l’Islam. Il fait partie du non-dit implicite. En revanche, l’Islam est devenu le cheval de bataille de polémistes et d’imprécateurs, voire de certains politiciens qui clament la peur de l’Islam (…)»(3)
(1) et (2) : http://archives.lesoir.be/-c-8217-est-cacher-la-
realite-qui-alimente-les-extremis_t-20101118-014ULP.html
« Crier au loup est une erreur », entretien paru dans Le Soir du 13 novembre 2010
Le sociologue Felice Dassetto (UCL) étudie l’islam belge depuis 40 ans. Il publie, début 2011, L’Iris et le Croissant.
Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030 : info ou intox ?
C’est une approche purement quantitative qui soulève un épouvantail démographique. Et de manière erronée : elle assimileassimiler: penser que quelqu'un est le même que quelqu'un d'autre. toutes les personnes d’origine musulmane à des « religieux ». Parmi les citoyens d’origine musulmane, il y a beaucoup d’indifférents, d’agnostiques ou d’athées. Et, parmi les religieux, tous n’ont pas la même conceptionmanière particulière de penser quelque chose; par exemple, un concept juridique est une manière de penser la justice. de l’islam et leurs conceptions évoluent dans le temps. L’islam est multiple, beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine. (…)
Lire la suite sur http://archives.lesoir.be/bruxelles-musulmane-en-2030-_t-20101113-014LP2.html
Une réponse
L’Islam en questions
On est en période de ramadan et nous avons reçu un message de Mme A. Seddar qui explique sereinement l’importance du ramadan pour celles et ceux qui sont musulmans pratiquants.
Thierry Verhoeven, Secrétaire de rédaction
Le ramadan est le quatrième pilier de l’islam. C’est une période
de jeûne et de recueillement, les musulmans n’ont pas de droit
de manger, de boire, de fumer ou d’avoir des relations sexuelles,
de l’aube au coucher du soleil. Les dates du ramadan varient et se
calculent selon la position de la lune.
C’est la révélation du Coran au prophète Mohamed. Le ramadan c’est l’effort et le
partage, le jeûneur doit réfléchir sur la place de la foi dans sa vie
et développé ses qualités humaines : la patience, la tolérance, la
compassion et l’humilité. Le jeûne aide à parfaire ses facultés de
patience et augmente les capacités à résister aux accoutumances
de toute nature et de toute forme. Il adoucit le cœur et incite
le croyant vers de chemin de la piété.
A. Seddar