vendredi 3 mai 2024

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L’Ouzbékistan en sang

 


Photo: Belga

Une répression en Ouzbékistan a fait des centaines de morts. Tous
les regards sont tournés vers le gouvernement ouzbek d’Islam Karimov,
un homme qui règne d’une main de fer sur son pays. Une partie de
la communauté internationale demande des comptes.

Il y a eu de graves violences dans la vallée du Ferghana,
située à l’est
de l’Ouzbékistan: plus de 700 morts. Tout a commencé dans
la nuit du 12 au 13 mai, lorsque des insurgés armés
ont forcé une
prison dans la ville d’Andijan et libéré environ 2 000
détenus. Parmi ces prisonniers, 23 hommes d’affaires accusés
d’appartenir à une organisation islamiste interdite, car considérée
par le gouvernement ouzbek comme très radicale. Les insurgés
ont ensuite occupé un bâtiment de l’administration régionale.
Soutenant les insurgés, des milliers de citadins se sont rassemblés
le 13 mai sur la place principale d’Andijan. Ils demandaient la démission
du président ouzbek Karimov et réclamaient la démocratisation
de la vie politique. Les manifestants, parmi lesquels figuraient de nombreuses
femmes, dénonçaient également leurs conditions de vie
difficiles.

Carnage

La suite des événements a donné lieu à un véritable
carnage. Des échanges de tirs ont débuté entre insurgés
et soldats. Les forces de l’ordre ouzbèkes ont ensuite ouvert
le feu à la mitrailleuse sur la foule de manifestants. La répression
aurait fait plus de 700 morts et environ 2 000 blessés. Officiellement,
les autorités dénombrent 169 décès, dont 32 soldats.
Le lendemain, des émeutes ont éclaté dans d’autres
villes aux alentours, faisant environ 200 autres tués.

Suite à l’insurrection d’Andijan, près d’une
centaine de personnes ont été arrêtées par les autorités
ouzbèkes. La moitié est toujours en prison. Parmi ces prisonniers,
il y a Saidjahon Zainabidinov, le responsable d’Apellatsia, une ONG ouzbèke
de défense des droits de l’homme. Fuyant la répression
dans leur pays, des centaines d’Ouzbeks, dont des femmes et des enfants,
se sont réfugiés au Kirghistan voisin. De son côté,
le gouvernement ouzbek ne voit pas cette situation d’un bon œil.
Il reproche au Kirghistan d’accueillir des islamistes radicaux.

Timides réactions

Au lendemain du bain de sang d’Andjian, la communauté internationale
ne s’est pas bousculée pour dénoncer l’événement.
L’Union européenne et l’OTAN ont finalement réclamé une
enquête de l’ONU pour faire la lumière sur les événements
du 13 mai. Les Etats-Unis et la Russie sont plus discrets. En effet, Moscou
et Washington considéraient, jusqu’à présent, le
régime d’Islam Karimov comme leur allié dans la lutte contre
le terrorisme islamiste. Sans oublier que suite aux attentats du 11 septembre,
l’Ouzbékistan est devenu une importante base militaire pour les
Américains contre les talibans d’Afghanistan.

L’Ouzbékistan est l’un des régimes les plus répressifs
au monde. Les prisons du pays, où la torture est largement pratiquée,
comptent environ 7 000 détenus politiques ou religieux. Son système
politique est loin d’être démocratique. La preuve: lors
des dernières élections, l’opposition n’a tout simplement
pas été autorisée à participer.

Céline Teret

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