« Le football aux footballeurs ! » C’est un slogan oublié de Mai 68. A l’époque, des footballeurs dénonçaient déjà le pouvoir des fédérations de football, la montée en puissance de l’argent et du commerce dans leur sport. Ils réclamaient aussi le droit à la parole. En 2022 au Qatar, ces problèmes sont-ils les mêmes ?
Presque tous étaient d’accord en 2011 et le sont toujours : « Oui à la Coupe du monde au Qatar ! » Qui ? Les dirigeants de la Fédération internationale de football, les grosses entreprises sponsors évidemment, mais aussi des dirigeants politiques et des joueurs. Quelques-uns ont protesté, ils étaient rares. Mais plus la Coupe approchait, plus les opposants se faisaient entendre. On parlait de plus en plus des problèmes du Qatar avec la démocratie et les droits humains : femmes infériorisées, homosexuels poursuivis, travailleurs migrants sans droits. Certains parlaient même de boycotter la Coupe. Finalement, la Coupe a lieu.
One Love
Des joueurs et des fédérations nationales voulaient quand même dénoncer les discriminations sexuelles au Qatar. L’Angleterre, le Pays de Galles, la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse avaient prévu que le capitaine de leur équipe porte un brassard arc-en-ciel appelé « One Love ». La Fédération internationale de football a alors averti : un capitaine avec un tel brassard risquait un carton jaune. Les fédérations nationales ont alors reculé.
Les Allemands
Seuls les joueurs allemands ont osé poser pour la photo officielle avec leur main sur la bouche pour montrer qu’ils ne pouvaient pas s’exprimer. Et l’avion qui avait amené l’équipe d’Allemagne a dû atterrir en Arabie saoudite. Le Qatar avait refusé qu’il atterrisse sur son sol parce qu’il y avait un slogan sur l’avion : » La diversité gagne » .
L’Allemagne encore… Dans l’équipe allemande, il y a 5 joueurs du Borussia Dortmünd, un des plus grands clubs de foot d’Allemagne. Les supporters du Borussia avaient lors d’un match du championnat allemand déroulé une immense banderole avec « BOYCOTT QATAR ». Cela montre qu’il est possible de parler, de s’opposer publiquement aux décisions des dirigeants du football qui ont aussi d’autres intérêts que le sport.
S’organiser
Éric Cantona, ancien footballeur français, a déclaré boycotterrefuser de participer à un événement, à une action la Coupe du monde au Qatar. Il n’y va pas et ne regarde pas les matchs. Un autre ancien footballeur français Vikash Dhorasso déclarait le 23 novembre, à la radio France Culture : « Je pense qu’il faut attaquer la FIFA. Cette organisation est très opaque. Ceux qui dirigent cette organisation ont pour but de gagner beaucoup d’argent, de truster les postes. » Et il ajoute : « Il suffit d’être organisé, et donc de refuser les sanctions. La Fédération internationale ne doit pas décider de ce qu’on peut faire sur un terrain de football, notamment juste pour un brassard. Elle s’est imposée, elle a gagné alors que les pays auraient pu désobéir et reprendre un peu de pouvoir, notamment les joueurs de foot. »
Un Mai 68 ?
Cela rappelle le sloganphrase courte et frappante pour défendre une idée, une opinion. « Le football aux footballeurs ! » C’est un slogan qui date de Mai 68. Car en Mai 68, il y a eu aussi des footballeurs qui manifestaient. Un groupe de footballeurs a occupé les locaux de la Fédération française de football et distribué des tracts. Ils dénonçaient déjà le football professionnel soumis à l’argent et au commerce.