Fin avril, le film Les Barons est sorti en DVD. Ce film belge est une comédie très drôle sortie fin 2009 en Belgique et début 2010 en France. On y parle avec humour et autodérision de sujets qui fâchent… Ce n’est pas si fréquent… Et en plus cela se passe dans les quartiers de Bruxelles…
Les Barons, c’est le premier film de Nabil Ben Yadir, un jeune cinéaste belge d’origine marocaine né à Molenbeek. Nabil Ben Yadir y parle avec beaucoup d’humour et de talent de ce qu’il connaît bien. « Je fais un film bruxellois tourné à Bruxelles, avec des Bruxellois. Sans parler d’intégration, car c’est une question que je ne me pose plus depuis longtemps »
Et pourtant, les Barons sont issus de l’immigration. Ils s’appellent Hassan, Mounir et Aziz. Ces trois jeunes Marocains de Bruxelles passent leur temps, couchés sur l’étalage du dernier épicier belge du quartier, le vieux Lucien. «Pour être un baron, dans la vie, dit Hassan, il faut être le moins actif possible, parce que chaque être humain naît avec un crédit de pas et chaque pas épuise ton crédit. Donc, pas la peine de courir. C’est ce qui nous différencie du reste du monde : c’est que nous, les barons, on le sait dès le départ. »
Rêve d’avenir
Les Barons, c’est aussi et surtout l’histoire de Hassan…
« Le baron le plus ambitieux, c’est moi. Mon rêve, c’est de faire rire. Mais blagueur, pour mon père, c’est pas un métier, c’est pas comme chauffeur de bus, un vrai métier, un métier avec des fiches de paie. En plus, chez nous, monter sur scène, faire rire les gens en parlant de ta famille, de ta culture, de tes potes, c’est un truc de vendu. Surtout aux yeux de Mounir, le vrai baron, le plus âgé d’entre nous, ma principale source d’inspiration. »
Hassan a même réussi à convaincre un responsable du cabaret local de l’engager pour un one man show. Mais il n’ose pas l’avouer aux copains, et encore moins à son père. Car il y a un monde entre ce qu’Hassan veut et ce que sa famille veut pour lui. Le père de Hassan rêve que son fils devienne chauffeur de bus, qu’il se marie avec une gentille voisine qu’il aurait choisie pour lui…
Avenir choisi ou subi
Les Barons c’est aussi un film, sur le passage à l’âge adulte et sur les choix que l’on doit poser pour grandir et devenir soi-même : des choix encore plus difficiles
pour de jeunes maghrébins de Bruxelles tiraillés entre leurs parents musulmans et la société occidentale dans laquelle ils ont grandi. Pris en « sandwich » entre le respect des traditions de leurs parents et les habitudes des jeunes de leur génération.
« Le deuxième problème c’est Malika. Ça fait des années que je suis amoureux de Malika, présentatrice du J.T., la star du quartier. Déclarer sa flamme, faire le premier pas, c’est compliqué pour un baron. Question de crédit… et Malika, c’est la soeur de Mounir. Pas de bol : on touche pas à la soeur d’un pote; la soeur d’un pote c’est comme un pote, mais avec des cheveux longs. »
Alors Hassan est tenté d’abandonner ses rêves et de « rentrer dans le rang ». Celui de ses parents ou celui de ses potes… Il devient chauffeur de bus à la STIB à contre-cœur. Il accepte un mariage arrangé par son père. Mais c’est compter sans les copains et sans Malika qui a fait « un truc de malade » : des études de journalisme et qui est devenue journaliste et présentatrice à la télé… Malika qui, elle, a bougé pour réaliser ses rêves … Et qui y est parvenue…
Une galerie de personnages
Mais Les Barons c’est aussi une galerie très colorée de personnages secondaires très drôles : le personnage « téléphone arabe » qui colporte les ragots partout avec son petit chien, la famille Ozgur, des ferrailleurs garagistes spécialistes de la priorité de droite et aussi les Bruxellois de souche. Tout ce petit monde anime la vie d’un quartier de Bruxelles que l’on n’avait plus vu comme ça depuis longtemps… Et c’est bien rafraîchissant…
Lydia Magnoni
Bandes annonces
Extrait famille Ozgur
http://www.youtube.com/watch?v=BLCSM715Pfc&feature=related