Ce qu’en dit Patricia Delecluse
Quand je suis arrivée à la FUNOCFormation pour l'université ouverte de Charleroi, j’étais vraiment mal dans ma peau avec mes difficultés de lecture et surtout d’écriture. Jusque-là, personne ne s’était vraiment intéressé à ma scolarité. Ce qui comptait,
c’est que je m’occupe de la maison, des frères et sœurs et des neveux. Et comme en plus- on s’en est rendu compte bien après- je suis dyslexique, je n’avais pas vraiment beaucoup de chances d’arriver à bien lire et écrire.

J’ai longtemps hésité à m’inscrire à un cours d’alphabétisationenseignement des bases de la lecture, de l'écriture, des mathématiques. Je me sentais mal à l’aise. Et j’avais l’impression que j’étais la seule dans mon cas. Quand je suis arrivée dans le groupe, tout a changé. J’ai vu que d’autres avaient des problèmes comme les miens. Les formateurs nous encadraient, nous aidaient, nous encourageaient. J’ai commencé à me sentir mieux, à prendre confiance, à apprendre sereinement, sans trop stresser. Pourtant c’était fatigant parce que je travaillais en même temps, en décalé. Je me levais tôt et je me couchais tard.
C’est aussi dans le groupe A2 que j’ai reçu L’Essentiel pour la première fois. On lisait parfois des textes en groupe au cours de français. Et puis, à l’entrée des bâtiments de la FUNOC, il y avait un présentoir et chaque mois, on voyait y apparaître le nouveau numéro. Je le prenais là, quand je ne le recevais pas au cours de français. Je l’emmenais chez moi et au bout du mois, je l’avais lu en entier.
Je me souviens bien de ses articles, de sa présentation. Les textes étaient clairs, bien présentés. Surtout le langage était facile à comprendre. Bien plus facile que dans les autres journaux. Et on expliquait vraiment tout depuis le début.

Je m’y retrouvais facilement et j’apprenais plein de choses, toute seule chez moi, au calme.
Je lisais tout. Je commençais par parcourir les gros titres. Je choisissais ce que j’allais lire en premier. Souvent je commençais par un peu de tout, l’actualité « comique ». Puis je poursuivais avec les articles culture. Il y avait des présentations de spectacles, de films, d’expositions.
Je lisais aussi les articles d’actualité de Belgique et des autres pays. Je continue à lire L’Essentiel sur internet mais je regrette un peu le journal papier. Grâce à ce journal, je comprends mieux ce qui se passe autour de moi.
Bref, ce journal m’a beaucoup aidée. Aussi, en 93, quand Lydia m’a demandé de
les accompagner à Bruxelles, pour parler du journal à une réunion de responsables de la Fédération Wallonie-BruxellesInstitution compétente pour les francophones de Wallonie et de Bruxelles, j’ai accepté. J’étais morte de peur. Je suis plutôt timide et je n’avais jamais parlé en public. Dans la voiture, je paniquais. Mais au final tout s’est bien passé. J’étais contente et à vrai dire assez fière d’avoir pu expliquer ce que L’Essentiel était pour moi et comment ce journal m’aidait et pouvait aider d’autres personnes comme moi.

Sur cette photo d’il y a trente ans, Patricia est aux grottes de Han avec le groupe alpha 2. Elle se souvient de cette excursion avec beaucoup d’émotion.