vingt ans après…
La coïncidence est troublante. Vingt ans après le drame du Heysel
où 39 supporters avaient péri, l’équipe anglaise de
Liverpool a remporté la finale de la Ligue des Champions.
Photo: Belga
Pour sa cinquantième édition, la plus prestigieuse des Coupes
d’Europe de football proposait une bien belle affiche: les Anglais de
Liverpool face aux Italiens de l’AC Milan. Avant ce match, les premiers
avaient déjà remporté quatre fois la coupe
aux grandes oreilles et les seconds, six fois. Seul le Real Madrid, avec ses neuf succès,
présente un meilleur palmarès. C’est d’ailleurs le
club espagnol qui s’est imposé pour la première fois dans
cette Coupe d’Europe. C’était en 1956…
Un scénario incroyable
Revenons en 2005, sur la pelouse du stade Atatürk à Istanbul. A
la mi-temps, les carottes semblaient cuites. Les Italiens avaient déjà envoyé trois
fois le ballon au fond des filets adverses. Mais c’était sans
compter avec la combativité des Reds de Liverpool. En l’espace
de six minutes, ces derniers ont marqué trois fois pour revenir à égalité.
Il restait alors une demi-heure de jeu, qui a été passionnante.
Puis les prolongations, épuisantes pour les joueurs. Finalement, l’épreuve
des tirs aux buts allait départager les deux finalistes. Au bout du
compte, les nerfs des joueurs anglais ont été les plus solides
puisqu’ils se sont imposés par 3 tirs au but à 2. Grâce à cela,
les Reds ont rapporté la coupe aux grandes oreilles à la maison.
La dernière fois, c’était en 1984…
Le drame du Heysel
Entre-temps, le club de foot de Liverpool a vécu l’événement
le plus dramatique de son histoire. Le 29 mai 1985, Bruxelles accueillait,
comme Istanbul cette année, celle qu’on appelait alors la finale
des clubs champions. Face à face, ce soir-là: les Reds de Liverpool
et les Italiens de la Juventus de Turin. Avant la rencontre et dans les tribunes,
des incidents provoqués par les hooligans anglais ont dégénéré,
jusqu’au drame: 39 personnes, principalement des Italiens, sont alors
tuées, après avoir été piétinées
ou écrasées contre les barrières du stade. Vingt ans après
les faits, les télévisions ont remontré ces images atroces
et qui à l’époque, ont été diffusées
en direct sur de nombreuses chaînes. Et pour cause, les caméras étaient
présentes pour retransmettre ce qui devait être un simple spectacle
sportif. Malgré les morts, le match, lui, a bien eu lieu. La raison?
Eviter que des supporters fou furieux ne provoquent d’autres émeutes
parce qu’on les avait privés de finale.
A qui la faute?
Vingt ans après le drame du Heysel, la question est toujours la même:
comment une telle chose a pu se produire? Pour tenter d’y répondre,
il faut se remettre dans le contexteLes circonstances, les conditions, les explications d'un événement, d'un fait, d'une action de l’époque. Une époque,
où (presque) rien n’avait encore été fait pour venir à bout
de ce fléau qu’est le hooliganisme. Ainsi, les spectateurs n’étaient
pas assis comme aujourd’hui, mais debout. Cela favorisait les bousculades.
Les supporters italiens et anglais n’avaient pas été soigneusement
séparés. Les policiers n’étaient pas assez nombreux.
Ils n’étaient pas suffisamment préparés à un
tel événement. Et puis, le stade du Heysel était vétuste.
Les Anglais ont utilisé des morceaux de celui-ci pour attaquer les Italiens.
Et la fameuse tribune Z s’est effondrée sous le poids des supporters.
Drôle de sport
Depuis, un procès a eu lieu pour désigner les coupables. Les
clubs anglais ont été exclus des compétitions européennes
pendant plusieurs années. Le monde du football, lui, a tiré les
leçons de ce drame et a pris des mesures très sévères
pour sécuriser les stades: caméras de surveillance, grillages,
policiers en grand nombre, systèmes pour repérer les hooligans,
etc. Une bonne chose, probablement. Sauf que toutes ces mesures coûtent énormément
d’argent et mettent une drôle d’ambiance pour ce qui n’est
finalement qu’un simple match de sport…
Anouck Thibaut