A Charleroi, la part d’enfants venus des écoles primaires à moyenne économique et sociale faible a parfois augmenté dans les écoles secondaires. Mais on ne peut pas parler de mixité socialediversité sociale. Car comme dans toutes les grandes villes, les Carolosmot familier pour dire Carolorégien, un habitant de Charleroi sont de plus en plus nombreux à être de plus en plus pauvres. D’ailleurs, une étude de l’université de Leuven le montre. Ces 10 dernières années, le déséquilibre entre les écoles a augmenté dans toutes les grandes villes. Certaines ont beaucoup d’élèves de milieux favorisés et d’autres ont beaucoup d’élèves de milieux défavorisés. On le voit surtout dans l’enseignement secondaire.
Ecoles ghettos
Au fil des années, la situation s’aggrave par un effet boule-de-neige. Beaucoup d’enfants de milieux moins favorisés vont dans des écoles où il y a déjà beaucoup d’élèves dans la même situation sociale. Du coup, des parents d’un milieu social et économique plus favorisé ne veulent pas inscrire leurs enfants dans ces écoles. Et cela touche même des écoles où il y avait encore de la mixité sociale, il y a dix ans.
A l’opposé, certaines écoles accueillent trop peu d’élèves de milieux défavorisés. Pour « faire le tri » entre les élèves, ces écoles ont plusieurs stratégies. Elles ne font que de l’enseignement général. Elles demandent beaucoup de travail à domicile. L’enfant doit alors souvent être aidé par des parents ou des professeurs particuliers. Les frais scolaires sont élevés. Elles renvoient les élèves en cours d’année. Elles ne réinscrivent pas certains élèves pour l’année scolaire suivante. A Charleroi, plus qu’ailleurs, ces écoles « de choix » peuvent se compter sur les doigts de la main. En tant que parents, nous avons le choix de l’inscription. Et la société de consommation nous a appris que puisque nous avons le choix, c’est qu’il y a des différences de qualités.
Classement des écoles
La ministre de l’enseignement, Joëlle Milquet, a récemment sorti un document fait en 2011 sur un classement des écoles. Selon le niveau social et économique du quartier où vivent les parents d’élèves, les écoles sont classées par un indice de 1 à 20. Le « 1 » classe les écoles où les enfants vivent dans les milieux les plus défavorisés. Le « 20 » classe les écoles où les enfants vivent dans les milieux les plus favorisés.
Dans toute la Wallonie et à Bruxelles, les écarts sont très grands entre les différentes écoles, surtout dans le secondaire. Dans la région de Charleroi, sur 70 écoles, plus de 2 sur 3 ont un indice inférieur à 6. Seulement 6 écoles ont un indice supérieur à 10. Et en tête de classement, avec un indice proche de 20, presque toutes les écoles sont de l’enseignement libre.
Mixité sociale au départ et à l’arrivée…
Dans ces « écoles de choix », plus on avance dans la scolarité, moins il y a de classes et moins il y a d’élèves dans ces classes. Or, on ne peut parler de vraie mixité sociale que si elle existe dans la durée. C’est-à-dire quand des élèves de milieux moins favorisés entrés dans une école réussiront leur enseignement secondaire, en fin de parcours. Le problème est donc moins à l’entrée qu’au milieu du parcours. Le plus souvent, l’école secondaire actuelle exclut les plus faibles en 3e ou 4e année. Cela veut dire que, 9 fois sur 10, l’élève quitte l’enseignement général pour être « réorienté » vers une autre école qui fait du technique et du professionnel.
Au final, l’enseignement général exclut les plus faibles et rassemble surtout des enfants qui sont « meilleurs » élèves, mieux adaptés au système et qui généralement viennent des milieux favorisés. Et sur « la gare de triage », on a les élèves en difficulté ou plus défavorisés qui sont « réorientés ». Il y a donc de plus en plus d’inégalités dans le choix des filières… Où est-elle alors, la vraie mixité sociale ?