Cela se passe en 1982 dans un commissariat de police à Paris. Une jeune femme est venue porter plainte pour viol. Le policier qui la reçoit est vulgaire et lui fait la leçon. Il lui dit : « Il faut que vous compreniez une chose, Mademoiselle, c’est que le viol en France c’est un crime, que ce garçon il risque de se retrouver pendant 5 ans en taule, minimum, parce qu’il a fait l’amour avec vous alors que vous, vous n’étiez pas d’accord pour faire l’amour avec lui… (…) Ça fait quand même beaucoup, hein ! »
Le policier demande ensuite à la jeune femme d’aller s’excuser auprès de son violeur : « Vous allez vous faire des excuses. Lui de vous avoir fait ce qu’il vous a fait, qui n’était peut-être pas très correct… » La femme répond, désemparée : « Je ne veux pas le voir… » Le policier l’interrompt en disant : « Et vous, vous allez vous excuser auprès de lui, parce que vous lui avez fait passer une sacrée soirée, hein ! »
En fait, le policier donne la définition du viol selon le code pénal : « Il a fait l’amour avec vous alors que vous n’étiez pas d’accord.» Mais, il demande à la jeune femme de s’excuser !
La scène est bien réelle, elle est dans le film Faits divers de Raymond Depardon. Depardon a tourné un documentaire, pendant l’été 1982, sur le quotidien des policiers dans commissariat du Ve arrondissement de Paris. Cette scène a été rediffusée récemment dans l’émission « C politique » de France 5.
Invité de cette émission, Raymond Depardon a réagi à cet extrait de son documentaire: « Je pense que c’est le vrai problème de ces femmes qui rentrent dans un commissariat. Qu’est-ce qui va leur arriver ? Qu’est-ce qu’on va leur dire ? » explique le cinéaste et photographe.
Depardon ajoute qu’à l’époque, ce type de comportement de la part des policiers n’était pas exceptionnelqui est rare, pas dans les habitudes. Mais désormais, avec la libération de la parole de femmes victimes de violences sexuelles, « il va falloir se préparer à ça », poursuit-il. « Il faut écouter la parole. »
Cet extrait du commissariat est la conclusion de l’enquête si l’on peut dire menée par le policier ce jour-là. Cette enquête est racontée dans le journal « Le Nouvel Obs ». A lire ici.