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A la base de la construction européenne, il y a des hommes qui ont osé lancer l’idée d’une Union entre des pays qui venaient de se faire la guerre. Une idée audacieuse.
Nous sommes en 1950. La seconde guerre mondiale est à peine finie. L’Allemagne est coupée en deux par ce que l’on a appelé le rideau de fer, frontière entre le monde occidental et le bloc soviétique. Le monde est entré dans la guerre froide. C’est à cette époque qu’un homme d’affaires français Jean Monnet lance l’idée de l’Union.
Négociateur
Jean Monnet vient d’une famille de négociants en cognac. Il a noué de nombreux contacts à l’étranger. Monnet pense que l’on ne peut construire l’Europe qu’à partir de choses concrètes. Son idée est de mettre en commun le charbon et l’acier. Cette idée est à la base de la CECA. Jean Monnet propose cette idée à Robert Schuman alors ministre des Affaires étrangères françaises. Robert Schuman est originaire de Lorraine. Or, la Lorraine a été allemande jusqu’en 1918. Schuman sait donc combien il est important de s’unir pour éviter une nouvelle guerre en Europe. Il est impossible, à ce moment-là de proposer une union européenne politique.
Les souvenirs de la guerre sont encore trop présents, trop douloureux. Pour Schuman et Monnet, c’est le commerce qui pourra à nouveau unir les peuples que la guerre a séparés.
Cela tombe bien, en Allemagne, un homme partage le même sentiment. Konrad Adenauer dirige l’Allemagne de l’ouest depuis 1949. L’homme est un anti-nazi de la première heure. Il est allé en prison pour ses opinions anti-nazies. Adenauer, allemand, et Schuman, français, ont les mêmes idées sur l’Europe. Ces idées vont ensuite gagner du terrain. Ainsi, le Premier ministre italien de l’époque, Alcide De Gasperi, démocrate-chrétien lui aussi, est séduit par le projet. Gasperi, comme les autres « Pères de l’Europe » est un homme de frontière. Et Gasperi a, lui aussi, été emprisonné parce qu’il était opposé au fascisme et à Mussolini. L’Europe se reconstruit sur les ruines de la guerre.
Un Belge
Un socialiste belge Paul-Henri Spaak, a aussi joué un rôle important dans la construction de l’Europe. Premier ministre avant la seconde guerre mondiale, il part en exil à Londres pour mieux se battre contre l’Allemagne nazie. En Angleterre, Spaak rencontre des Luxembourgeois et des Hollandais en exil. Il leur proposera un projet d’union douanière. Ce projet se concrétise en 1944 : le Benelux est créé. C’est la toute première avancée vers l’Europe unie.
Paul-Henri Spaak va relever un lourd défi. A cette époque, la France a peur de perdre sa souveraineté. Spaak sera sans doute le plus actif pour trouver une solution. Il est le principal artisan de la signature du Traité de Rome en 1957. Après deux ans de négociations, la Communauté européenne va naître. Et dans la foulée, l’Euratom qui prévoit une coordination en matière d’énergie atomique.
Désormais, six Etats sont liés entre eux par des institutions communes, c’est le « marché commun » de la petite Europe des six. Les noms de Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer, Alcide De Gasperi,
Paul-Henri Spaak, sont aujourd’hui des rues, des places, des boulevards. Sans ces hommes qui ont voulu une paix durable malgré toutes les difficultés, nous ne pourrions peut-être pas en parler aussi librement aujourd’hui.
Nicolas Simon