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Sarah De Laet est géographe. Elle habite Bruxelles depuis son enfance. Son parcours l’a menée dans le monde de la recherche, dans le domaine de la géographie urbaine et sociale. Sarah a également travaillé dans le secteur associatif, pour Inter-Environnement Bruxelles, une association qui milite pour le droit à la ville. Elle est aussi militante pour Action Bruxelles Logement et le Front Anti-Expulsion. Son engagement, elle l’explique en ces mots : « Pour moi, le logement est un sujet politique, une question collective, un bien de première nécessité que nous sommes en mesure de nous garantir à toutes et à tous. »
Puiser dans son parcours
En tant que chercheuse, Sarah a interrogé des gens sur leur « parcours résidentiel », leurs différents lieux de vie, les endroits où ils ont habité et où ils habitent. Et lorsqu’elle travaillait dans le secteur associatif, elle a examiné la place laissée aux personnes précarisée dans multiples projets immobiliers, souvent luxueux. Et donc inaccessibles financièrement. Elle a participé à des enquêtes publiques. Elle a lu des centaines de pages de gros dossiers sur des projets immobiliers se développant à Bruxelles. Lors de commissions de concertation, elle proteste contre le manque de logements accessibles aux personnes à bas revenus. Et elle se retrouve face à des promoteurs immobiliers qui lui disent: « Mais moi, madame, mon objectif, c’est de faire de l’argent. » Elle s’étonne, aussi, du manque de volonté politique pour faire bouger les lignes.
Une conférence gesticulée pour dénoncer
« Pourquoi a-t-on tant de mal à se loger à Bruxelles et dans nombre de villes ? », s’interroge la géographe dans sa conférence gesticulée (lire encadré) « J’habite, tu habites, ils spéculent… ». L’expérience de Sarah, acquise sur le terrain, ses rencontres et les témoignages récoltés, ses nombreuses connaissances accumulées avec le temps sont au cœur de cette conférence gesticulée. Sarah De Laet y parle aussi de son propre parcours résidentiel, de son expérience d’habitante, depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui. Elle raconte son propriétaire qui n’intervient pas en cas de fuite d’eau dans sa douche. Cette voisine qui n’a pas les revenus suffisants pour se reloger. Cet homme et sa famille expulsés de leur logement, les loyers qui augmentent sans cesse, les bâtiments de logement chics qui se construisent mais restent vides. Les 51 000 ménages bruxellois qui ont déposé une demande de logement social et sont toujours en attente…
Mots, chants, gestes
Pour présenter sa conférence gesticulée, Sarah explique : « A travers mon parcours dans Bruxelles et mon amour de la géographie urbaine, j’aborde des problèmes de logement que de plus en plus de personnes rencontrent dans les villes d’Europe. » Et elle ajoute : « Comme j’aime Starmania, et que cette comédie musicale parle de tout, même de changements urbainsde la ville et de logement, on chantera aussi un peu. » Car oui, Sarah chante aussi sur scène lors de sa conférence gesticulée. Et elle n’hésite pas à utiliser son corps pour soutenir ses propos. En marquant, par exemple, la hausse des prix des loyers à l’aide de ses bras. Comme un graphique corporel. Simple et efficace. Parlant et révélateur des injustices en matière d’accès à un logement décent.
La conférence gesticulée « J’habite, tu habites, ils spéculent… » met en lumière de nombreux enjeux liés au logement et au mal logement. Une performance remarquable à voir et à revoir, sans hésiter !
>> Plus d’infos et prochaines dates de la conférence gesticulée « J’habite, tu habites, ils spéculent… » : J’habite, tu habites, ils spéculent … c’est ici
C’est quoi, une « conférence gesticulée » ?
Une conférence, c’est une présentation, un discours fait par une ou plusieurs personnes devant un public, sur un sujet, une question précise. Une conférence est dite « gesticulée » lorsqu’elle rassemble deux sortes de connaissances. Les savoirs « froids » : des données théoriques, des informations récoltées dans des études, des analyses, des documents…, et des savoirs « chauds » basés sur l’expérience de vie, le vécu de la personne qui présente la conférence gesticulée. Les conférences gesticulées sont des prises de parole devant des publics sous la forme de spectacles politiques militantspersonnes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause.. Elles servent donc à dénoncer une situation, un enjeu de société.
Ce moyen d’expression issu de l’éducation populaire s’est développé en France et, depuis quelques années, en Belgique également. Si des formations existent pour aider à s’initier à cette forme d’expression, il ne faut pas être acteur ou actrice professionnel pour créer une conférence gesticulée. Bien souvent, les « gesticulants » ou « gesticulantes » sont des personnes qui souhaitent témoigner de leur expérience de vie et/ou professionnelle sur une thématique. Il existe plusieurs conférences gesticulées en Belgique sur des thématiques très variées : éducation, service public, féminisme, travail social…
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