Pour la première fois, un avion de ligne a fait un vol avec du carburant «vert». Et ce carburant n’est pas fabriqué à partir de cultures alimentaires.
Le 24 février un Boeing 747 de la compagnie aérienne Virgin Atlantic a fait un vol sans histoire entre Londres et Amsterdam. Un vol parfaitement banal. Sauf que cet avion ne transportait que quelques ingénieurs. Ils étaient là pour tester un nouveau carburant : un biocarburant. C’est la première fois, après des mois de test, qu’un avion volait grâce à du biocarburant. En partie seulement : il y avait 5 500 kg sur 22 000 kg de carburant au total. S’il y avait un problème, il fallait pouvoir couper le réservoir du biocarburant et voler avec le carburant habituel. Mais le vol a été une réussite. Ni l’avion ni les moteurs n’ont été transformés. La preuve est donc faite que les avions peuvent voler avec du carburant fabriqué à partir de la biomasse.
Cet essai est très important pour plusieurs raisons. D’abord parce que les avions consomment beaucoup de carburants. Et leur carburant habituel, le kérozène pollue beaucoup et est responsable du réchauffement climatique. Donc, si les avions peuvent utiliser un carburant naturel et non polluant, c’est une très bonne nouvelle pour l’homme et la planète.
Ensuite, l’essai est très important à cause du type de biocarburant utilisé. Le patron de Virgin Atlantic est le milliardaire britannique Richard Branson. Branson a notamment lancé les disques et les magasins Virgin. Il est très engagé dans le respect de l’environnement. Et, pour le vol, il a choisi un biocarburant à base d’huile de coco et de babassu. Ce biocarburant n’a rien à voir avec les biocarburants classiques, ceux qui commencent à être utilisés pour les voitures. Ces biocarburants classiques sont fabriqués à base de produits alimentaires (tournesol, colza, maïs, etc). On sait aujourd’hui qu’ils ne sont pas une solution. Bien sûr, ils polluent moins quand ils brûlent. Mais pour les produire, il faut beaucoup d’énergie.
Et comme la demande est très forte, on détruit des forêts pour cultiver les plantes qui vont servir à fabriquer le biocarburant. En plus, ces plantes auraient pu être utilisées pour l’alimentation. Donc, c’est aussi un désastre social. Par contre, selon Richard Branson, le biocarburant qu’il a utilisé ne menace ni les sources alimentaires ni les forêts. Il y aurait en effet moyen de vérifier que ce biocarburant provient de plantations existantes. Mais on peut quand même se demander ce qui arriverait si ce biocarburant devait être utilisé dans tous les avions. Branson et son équipe pensent déjà à utiliser un autre biocarburant qui serait, cette fois, socialement et écologiquement sûr : un biocarburant fabriqué à base d’algues.
Marc Vandermeir