Trois avis de spécialistes pour mieux comprendre le débat sur le multiculturel en Allemagne et en Europe.
Gilbert Casasus, professeur d’études européennes à l’université de Fribourg, spécialiste de l’Allemagne, souligne à propos des déclarations de Mme Merkel : Parce que trop soucieuse de ne pas heurter l’aile droite de la CDU, mais aussi influencée par une vision très traditionaliste de l’Allemagne, Mme Merkel vient de décréter la fin du modèle multiculturel dont la gauche allemande s’était fait l’avocate depuis près de trente ans. Ce modèle est moins exemplaire que ses défenseurs ne veuillent bien le prétendre. Il favorise certes l’acceptation de l’autre, mais réfute son intégration au sein de la société. Il est fondé sur le principe du respect mais non sur celui de l’égalité. Se voulant tolérant, il a aussi pour effet pervers de distinguer ce qui est allemand de ce qui ne l’est pas. »
En intégralité sur le site du magazine Marianne : L’Allemagne, prisonnière des religions http://www.marianne2.fr/Au-dela-du-MultiKulti-l-Allemagne-prisonniere-des-religions_a199010.html
Patrick Weil, historien, chercheur au CNRS, professeur associé à l’université de Yale (Etats-Unis), spécialiste des questions d’immigration. Patrick Weil répondait aux questions du journal Le Monde, le 19 octobre. Et il disait notamment ceci :
Jusqu’il y a 10 ans, l’Allemagne ne reconnaissait pas le droit du sol (…). Le droit de la nationalité ne permettait pas aux enfants nés de parents étrangers de devenir automatiquement allemands. Se développait un multiculturalisme d’exclusion. Depuis 2000, les enfants nés de parents résidents étrangers sont allemands dès la naissance à la condition qu’ils optent pour la nationalité allemande à leur majorité. Jusqu’alors, ils ne pouvaient accéder à la nationalité qu’adultes, en passant par une procédure de naturalisation déclarative. Ce n’est donc que récemment que l’Allemagne a signifié sa volonté d’intégrer ses étrangers, d’en faire des Allemands. Or cette réforme ne produira ses effets que dans une ou deux générations. Une autre différence avec la France se joue sur la scolarisation des enfants, qui intervient plus tardivement en Allemagne, vers 6 ans. Les Allemands n’ont pas le même système de crèches collectives que les Français. Or la scolarisation en commun, avec l’apprentissage précoce de la langue du pays d’accueil, est un important facteur d’intégration. (…)
En France, des voix s’élèvent pour considérer qu’ici aussi l’intégration serait un échec…
C’est effectivement ce que proclament Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux ! Comme en Allemagne, il y a une dimension politicienne à ces discours. Mme Merkel subit une chute libre dans les sondages.
Pourquoi les débats se focalisent-ils sur l’immigration en Europe ?
La question des minorités est toujours agitée à des fins politiciennes dans les moments de crise. Les Européens sont confrontés à une grande incertitude sur l’avenir. Cela crée des angoisses qui peuvent être soit apaisées soit excitées par les politiques.
Dans toute l’Europe, environ 20 % de l’électorat craint que la diversification culturelle qui s’est développée depuis cinquante ans fragilise les nations. La façon de répondre à cette angoisse varie d’un pays à l’autre : contrairement à M. Sarkozy, il faut noter que Mme Merkel n’a pas créé le débat auquel elle participe(…)
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Le “multikulti” a-t-il échoué ? d’Henbry Goldamn sur http://blogs.politique.eu.org/Le-multikulti-a-t-il-echoue