jeudi 28 mars 2024

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L’écogeste? Une charge mentale pour les femmes

Depuis quelques années, la tendance « zéro déchet » est très à la mode. Le zéro déchet c’est changer sa manière de consommer pour diminuer ses déchets au minimum. Des citoyens et citoyennes décident alors de faire des « écogestes », des gestes « écoresponsables », au quotidien. Ils utilisent des emballages réutilisables. Ils achètent leurs aliments en vrac. Ils font eux-mêmes leurs produits d’entretien ou de soin. Ils évitent de gaspiller. Ils achètent moins et d’occasion. Les objets, meubles et vêtements sont réparés plutôt que jetés.

Des gestes importants

Ces petits gestes individuels ne vont pas tout résoudre. Les industries, les entreprises, les hommes politiques ont aussi des choses à changer pour préserver l’environnement.
Mais tous ces gestes, ces écogestes diminuent les pollutions. Ils diminuent un peu l’empreinte écologique des êtres humains sur la planète. Ils ont un effet positif sur l’environnement et sur la santé.

Plus de tâches, plus de charge mentale

Seulement voilà, ces écogestes font bien souvent partie des tâches ménagères et domestiques. Et qui s’occupe généralement de ces tâches ? Les femmes.
Les femmes consacrent en moyenne, 26h par semaine aux tâches domestiques (nettoyage, lessive, cuisine, enfants…). C’est 11h de plus que les hommes, presque deux fois plus.
Les gestes écoresponsables s’ajoutent aux tâches domestiques. Et donc cela pèse plus encore sur ce que l’on appelle la « charge mentale » des femmes. La charge mentale des femmes, c’est quoi? C’est le fait de penser tout le temps à l’organisation et à la vie du foyer. C’est avoir l’esprit sans cesse occupé par toute une liste de choses à faire : la liste des courses, inscrire les enfants à leur stage d’été, acheter un cadeau pour une fête d’anniversaire, ranger le linge, prendre des nouvelles de la famille, inviter des amis à souper… Et, bien souvent, cette longue liste se trouve dans la tête des femmes. C’est Emma, une auteure de BD, qui a fait connaître cette idée de charge mentale. Elle en parle très bien dans sa BD « Fallait demander ».

Tout cela prend du temps!

Les écogestes peuvent surcharger les tâches domestiques et la charge mentale des femmes. Comment ? Quelques exemples: si on fabrique sa lessive ou son dentifrice soi-même, il faut s’informer pour savoir comment s’y prendre, trouver un magasin qui vend les ingrédients nécessaires, acheter ces ingrédients, puis fabriquer ses produits. Tout cela prend du temps. Si l’on décide d’utiliser des sacs et des contenants réutilisables (boites en plastique, bols en verre…), il faut aussi penser à les prendre avec soi avant d’aller faire ses courses, les laver et les conserver pour les prochaines courses…
Si on décide de se fournir en fruits et légumes auprès des producteurs et des maraîchers locaux, il faut penser à passer sa commande (à temps) et aller chercher son panier (à temps).
Et le mieux serait même d’aller chercher ce panier en bus ou à vélo. Puis, on va devoir prendre le temps de préparer un repas sain et équilibré, conserver les épluchures des légumes pour le compost (qu’il faut entretenir, mais ça, c’est encore une autre affaire…) ou pour le compost de quartier (et il faut aller jusque-là…). Un autre exemple ? Les couches lavables. Il faut préparer les couches et, une fois utilisées, les mettre à tremper, puis à laver et à essorer, les plier, les ranger, gérer le stock… Le temps nécessaire à l’utilisation de couches lavables est estimé à 202 heures sur les 3 premières années de vie d’un enfant (3). Cela représente 5 semaines de travail.

Dépression et charge morale

Tous ces écogestes ont leur importance, mais bien souvent, ils sont faits par les femmes. Les tâches domestiques devraient être mieux réparties dans les couples et les familles, les écogestes aussi. Le danger, c’est que les femmes s’épuisent dans ces tâches. Selon certaines études, les situations de surcharge domestique et de surcharge mentale peuvent en effet mener au burn-out ou à la dépression.
À cela, on pourrait même ajouter une forme de « charge morale ». Aujourd’hui, on parle partout d’urgence écologique. Une pression supplémentaire s’exerce sur les épaules des femmes : la charge morale. Elles ont le sentiment qu’elles doivent faire quelque chose. Elles se sentent investies d’une mission : agir pour l’environnement. Et elles agissent là où la société leur a imposé d’être depuis des siècles : la sphère privée, le soin des autres, des enfants, de la famille… Elles font « leur part » à l’ombre du foyer. Mais à vouloir en faire trop pour « sauver la planète », elles risquent de s’épuiser.

Du foyer à la sphère publique

Alors que les femmes agissent dans l’ombre du foyer, ceux qui prennent les décisions restent les hommes. Les hommes occupent la plupart des postes importants à la tête des entreprises ou au niveau politique. En gros, les hommes gouvernent, les femmes réparent, au risque parfois de s’oublier. C’est un peu caricatural, mais on n’en est pas loin…
Alors, faut-il arrêter les gestes écologiques et solidaires ? Evidemment non. Mais le sexisme doit prendre fin, dans les foyers que dans la vie publique (entreprises, politique…). Pour que les hommes et les femmes travaillent, de façon égalitaire et à tous les niveaux, pour un monde meilleur.

Une étude sur la répartition des tâches domestiques entre les femmes et les hommes
La bande dessinée d’Emma sur la charge mentale
Une étude sur les couches lavables

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