Mohamed Darwich était un grand poète palestinien. C’était aussi un dirigeant politique de l’Organisation de libération de la Palestine. Il a lutté pour les droits du peuple palestinien. Il a surtout lutté pour les droits de tous les peuples. Il a surtout lutté pour les droits et la liberté de celles et ceux victimes d’injustices partout dans le monde. Mort en 2008, il a écrit de nombreux poèmes, de nombreux textes. L’Essentiel en a choisi un. Il s’appelle: Pense aux autres. C’est un poème simple et fort. Mohamed Darwich a dit: «J’ai longtemps cru que la poésie était une arme. Et puis j’ai compris qu’un poème ne changeait rien. Rien que la poésie.» Sans doute, mais un beau poème quel qu’il soit est toujours un espoir.
Dans la colonne de gauche, le poème et dans la colonne de droite, l’explication de certains mots. En dessous, le texte original en arabe.
Pense aux autres
Le poème | Explication de mots |
Quand tu prépares ton petit déjeuner, pense aux autres. (N’oublie pas le grain aux colombes.) | Le grain aux colombes: nourrir les colombes, la colombe est l’oiseau symbolePersonne ou chose qui représente bien un sentiment, une idée, qui sert d'exemple de la paix |
Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres. (N’oublie pas ceux qui réclament la paix.) | Le poème a bien sûr été écrit avant la guerre à Gaza (Darwich est mort en 2008), mais il reste malheureusement très actuel. Le gouvernement israélien et le monde entier d’ailleurs ne doivent pas oublier ceux qui réclament la paix. |
Quand tu règles la facture d’eau, pense aux autres. (Qui tètent les nuages.) | Qui tètent les nuages: les nuages sont des gouttes d’eau en suspension, téter les nuages, c’est une image pour dire que l’on n’a que peu d’espoir d’avoir de l’eau. |
Quand tu rentres à la maison, ta maison, pense aux autres. (N’oublie pas le peuple des tentes.) | Le peuple des tentes: ce sont les personnes réfugiées qui vivent dans des camps sous des tentes. |
Quand tu comptes les étoiles pour dormir, pense aux autres. (Certains n’ont pas le loisir de rêver.) | On peut s’endormir paisiblement et rêver, d’autres vivent une réalité qui les en empêche. |
Quand tu te libères par la métonymie, pense aux autres. (Qui ont perdu le droit à la parole.) | La métonymie: une façon de s’exprimer où l’on remplace des mots par des autres plus courts. On donne ainsi un sens nouveau aux mots, on joue avec la langue et cela enrichit le vocabulaire. Exemples: boire un verre (on ne boit pas le verre, mais ce qu’il y a dedans); avoir perdu sa langue (on n’a pas perdu sa langue, mais la parole); trouver un toit (trouver un logement). |
Quand tu penses aux autres lointains, pense à toi. (Dis-toi : Que ne suis-je une bougie dans le noir) | Les autres lointains: les personnes qui sont loin. La bougie est le symbole de guide, d’espoir pour les personnes qui souffrent. |
Voici le poème en arabe
فكِّر بغيركَ
وأنتَ تُعِدُّ فطورك، فكِّر بغيركَ
لا تَنْسَ قوتَ الحمام
وأنتَ تخوضُ حروبكَ، فكِّر بغيركَ
لا تنس مَنْ يطلبون السلام
وأنتَ تسدد فاتورةَ الماء، فكِّر بغيركَ
مَنْ يرضَعُون الغمامٍ
وأنتَ تعودُ إلى البيت، بيتكَ، فكِّر بغيركَ
لا تنس شعب الخيامْ
وأنت تنام وتُحصي الكواكبَ، فكِّر بغيركَ
ثمّةَ مَنْ لم يجد حيّزاً للمنام
وأنت تحرّر نفسك بالاستعارات، فكِّر بغيركَ
مَنْ فقدوا حقَّهم في الكلام
وأنت تفكر بالآخرين البعيدين، فكِّر بنفسك
قُلْ: ليتني شمعةُ في الظلام