Elle a fait le marathon féminin des Jeux olympiques de Paris. Elle est rentrée au Kenya où elle vivait. Son ancien compagnon a jeté de l’essence sur elle et a mis le feu. Elle est morte de ses brûlures. Elle avait 33 ans. Elle s’appelait Rebecca Cheptegei. Comme beaucoup d’autres femmes dans le monde, Rebecca a été victime d’un féminicide.
Superwomen
Les JO de Paris semblent déjà loin et leur palmarès encore davantage. Si je vous dis « marathon féminin » ? Vous souvenez-vous de Sifan Hassan, de Tigist Assefa et de Hellen Obiri ? Bien sûr ? À peine ? Pas du tout ? Si c’est « pas du tout », c’est bien compréhensible, même si on a beaucoup parlé de ces 3 grandes athlètes, de ces 3 “superwomen”. C’était les 3 premières du marathon qui a clôturé les Jeux le 11 août 2024. Et vous connaissez sans doute encore moins l’Ougandaise Rebecca Cheptegei. Elle a terminé à la 44e place du marathon. Début septembre, son nom apparait dans les journaux pour une autre raison. Elle est morte après avoir été brûlée par son ancien compagnon.
Les faits
Le 1er septembre, son ancien compagnon s’introduit dans sa maison, alors qu’elle se trouve à l’église avec ses 2 filles de 9 et 11 ans. À leur retour, il verse de l’essence sur Rebecca et y met feu, devant ses enfants. Elle est conduite aux soins intensifs à l’hôpital dans un état critique. Elle est brûlée à plus de 80 %. Malgré les soins, elle décède 4 jours plus tard, le 5 septembre. L’agresseur, brûlé à 30 %, décèdera peu après.
Féminicide
Apparemment, le couple séparé avait des disputes fréquentes et l’ex-compagnon montrait une tendance certaine à la violence. Pourquoi a-t-il agressé Rebecca ? Parce qu’elle avait acheté un terrain pour faire construire une maison, sans lui.
Parce que son ex-compagne faisait preuve d’indépendance. Parce qu’elle était une femme. Rebecca a été victime d’un féminicide. Le féminicide, c’est le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme.
Même les superwomen se font agresser par des hommes. Même les superwomen meurent parce qu’elles sont des femmes.
Au Kenya
Rebecca Cheptegei était née à la frontière entre l’Ouganda et le Kenya. Elle avait la nationalité ougandaise, mais elle vivait au Kenya. Depuis plusieurs, au Kenya, des associations féministes réclament une politique pour lutter contre la violence des hommes. En janvier 2024, plus de 20 000 personnes, presque toutes des femmes, avaient manifesté contre le féminicide dans les rues de Nairobi, la capitale du Kenya. Audrey Mugheni, responsable d’un mouvement contre les féminicides, avait déclaré à cette occasion : « Le patriarcatForme d'organisation de la société où les hommes ont le pouvoir sur les femmes dans tous les domaines. est une composante très forte de la société kényane (…) Pour une femme, la réussite sera d’avoir des enfants et un mari. Pour un homme, ce sera d’avoir de l’argent et du pouvoir. Si une femme a du pouvoir et de l’argent, ça devient douteux. »
Une association de lutte contre les féminicides au Kenya (Femicide Count Kenya) a enregistré 152 féminicides en 2023. Le drame du féminicide touche tous les pays du monde. Dans le monde, selon l’ONUOrganisation des Nations unies, presque tous les Etats du monde sont à l'ONU. L'ONU a été créée pour défendre le droit international, la justice, la sécurité et la paix., une femme ou une fille est tuée par son partenaire ou un membre de sa famille toutes les 11 minutes.
À l’ONU
Le 5 septembre, le porte-parole du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies l’a rappelé devant les journalistes : « Chaque jour dans cette salle, nous passons beaucoup de temps à parler des problèmes liés à la paix et la sécurité dans le monde. Aujourd’hui, je veux prendre un moment pour évoquerfaire penser à la mort tragique de Rebecca Cheptegei, qui illustre un problème plus large trop souvent ignoré. » Le porte-parole a ajouté : « Les violences basées sur le genre sont une des violations des droits humains les plus répandues dans le monde et devraient être traitées comme telles. »
Antonio Gutterez, le secrétaire général l’ONU, avait lui déclaré : « Nous vivons dans une culture dominée par les hommes, qui rend les femmes vulnérables en les privant d’égalité, de dignitéRespect pour un être humain et de droits (…) Nous en payons tous le prix. Nos sociétés sont moins pacifiques, notre économie moins prospère et notre monde moins juste. Mais un autre monde est possible. »
Combat à mener
La ville de Paris a annoncé qu’elle donnerait le nom de Rebecca Cheptegei à un site sportif. Et au Kenya, de plus en plus de voix et d’associations s’élèvent contre les violences faites aux femmes et le féminicide. La mort de Rebecca a au moins servi à ça.
Télécharger l’article
Télécharger l’exercice et sa correction
En fichier WORD
En fichier Open document