samedi 27 avril 2024

L’ESSENTIEL L’information simple comme bonjour

Fausse bonne idée?

Diminuer les salaires des travailleurs et, en même temps, augmenter leur
pouvoir d’achat? Impossible, direz-vous! Et pourtant, c’est ce que
propose Guy Verhofstadt, notre Premier ministre. Il demande aux syndicats et
aux patrons d’y réfléchir.

Une nouvelle fois, la compétitivité est en débat dans notre
société. La compétitivité est le cheval de bataille
de notre société capitaliste. L’idée est de rendre
les produits et les services proposés aux consommateurs toujours moins
chers qu’ailleurs. Pour cela, il y a plusieurs solutions. Celles dont on
parle habituellement sont de diminuer les salaires ou de fabriquer plus avec
le même nombre ou même moins de travailleurs. Le Premier Ministre,
Guy Verhofstadt, veut, lui, généraliser une espèce de formule
magique: diminuer le salaire brut mais augmenter le salaire net.

Salaire brut

Dans un salaire, il y a, en général, plusieurs parties. Les trois
premières forment ce qu’on appelle le salaire brut. Elles sont sur
la fiche de paie du travailleur. On y trouve la cotisation à l’ONSS.
Cela représente 13,07 % du brut et est versé à la sécurité sociale.
Cette partie va alimenter une caisse qui servira à payer les allocations
sociales
et le remboursement de frais médicaux. Une fois cette part retirée,
reste alors le salaire brut imposable.

Du salaire brut imposable, on retire alors une autre partie appelée précompte
professionnel. Cette part est destinée à alimenter la caisse des
impôts. Ceux-ci serviront à payer les frais de l’état:
salaire des fonctionnaires, aménagement des routes, des bâtiments
publics, etc… Ce qui reste enfin, c’est le salaire net. C’est
l’argent qu’on touche réellement à la fin du mois.

Il y a aussi une 4e partie dans le salaire d’un travailleur: ce sont les
charges patronales. Les employeurs versent une cotisation à la sécurité sociale
pour chaque travailleur qu’ils occupent. Cette cotisation est calculée
en fonction du salaire brut. Ces dernières années, l’Etat
a accordé beaucoup de réductions aux employeurs sur ces charges
patronales.

Formule magique

Guy Verhofstadt propose de diminuer le salaire brut. Et pour augmenter le
pouvoir d’achat, son idée est de diminuer le précompte. Au bout du
compte, le salarié ou l’allocataire social aurait donc plus d’argent
en poche à la fin du mois.

La formule peut sembler magique mais beaucoup de choses sont calculées à partir
du salaire brut. D’abord, les cotisations sociales. Comme elles sont un
pourcentage du salaire, moins de salaire signifie moins de cotisations sociales
dans les caisses de l’ONSS. Ensuite, l’indemnité de chômage,
le montant de la pension, l’indemnité de maladie, etc… sont
calculées sur base du salaire brut. Le travailleur peut donc perdre de
l’argent s’il est malade ou s’il arrive à la retraite.
Au bout du compte, le travailleur y perd financièrement.

De plus, si on diminue les impôts, cela veut dire que l’Etat aura
moins d’argent pour assurer les services au public. On peut se demander
où le gouvernement pense aller chercher l’argent ? Certains ont
peur que l’Etat invente de nouvelles taxes pour compenser la perte. Ou
encore qu’il licencie dans le secteur public pour économiser des
salaires.

Alternatives

Il existe d’autres moyens pour augmenter la compétitivité des
entreprises comme, par exemple : diminuer la marge de bénéfices des entreprises. Pour compenser la perte des impôts, on peut aussi imaginer
de taxer un peu plus ces bénéfices. D’autant que pour 2005,
on annonce encore une augmentation de 24 % de bénéfices pour
les entreprises.

Quoi qu’il en soit le Premier Ministre a demandé aux partenaires
sociaux
de réfléchir à la question et de faire des propositions
plus détaillées. Ceux-ci devront se mettre d’accord. On peut
donc s’attendre à des débats agités.

Marie-Luce Scieur

Une réponse

  1. La proposition de Verhofstadt n’est pas une formule d’illusionniste : c’est tout à fait réalisable. Mais je comprends le point de vue de l’auteur de l’article : la ‘question sociale’ n’est pas à négliger. Il ne faudrait pas trop diminuer le brut au détriment du financement de la sécurité sociale : l’impact se ferait très rapidement sentir. En revanche, en travaillant à plus petite échelle, les entreprises peuvent réhausser leur compétitivité : imaginez une entreprise de 500 personnes. Si on peut diminuer tous les salaires bruts de 50 EUR (tout en respectant les barèmes), cela représente un gain direct pour l’entreprise de 33250 EUR nets (25000 EUR + les 33% de cotisations patronales). L’entreprise peut réinvestir ces 25000 EUR dans le salaire poche des travailleurs en leur octroyant des remboursement pour frais forfaitaires (exemple : 50 nets par mois). Chaque travailleur a perdu 50 eur bruts, mais l’a gagné en net. Par contre, l’entreprise a réalisé une économie et a diminué ses coûts. La SS a touché moins d’argent, mais les travailleurs peuvent consommer plus, ce qui peut motiver des chômeurs à reprendre le travail…

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