jeudi 16 mai 2024

L’ESSENTIEL L’information simple comme bonjour

A Tunis, un drôle de numéro

Le mois dernier, en Tunisie, 18 000 personnes venues de 176
pays ont participé au
Sommet de l’ONU sur la société de l’information. Il
y avait des représentants des Etats, des entreprises, des médias,
des associations. Ils ont discuté de deux grandes questions. Comment aider
les pays pauvres à avoir accès à l’information? Qui
doit contrôler Internet?

Après la Suisse, il y a 2 ans, l’ONU avait choisi la Tunisie
pour un Sommet sur l’information. Pas par hasard sans doute. Dans ce
pays, il n’y a pas beaucoup de liberté de l’information.
Mais les discussions ont dépassé ce problème. La société de
l’information, aujourd’hui, c’est Internet. Et devant Internet,
les pays du monde ne sont pas à égalité. Pour avoir Internet,
il faut des lignes de communication qui fonctionnent bien. De plus, pour communiquer
régulièrement, il est préférable d’avoir
un ordinateur personnel. Il faut donc l’argent pour acheter la machine
et payer son abonnement à un fournisseur d’accès Internet.
Pas étonnant que les habitants des pays pauvres aient peu de chances
d’utiliser Internet.

Fracture Nord/Sud

En Amérique du Nord, il y a 223 millions d’ internautes, en Amérique
du Sud, 68 millions. En Europe, il y en 269 millions, en Afrique, 16 millions…
A Tunis, il y a eu de petites avancées pour tenter de réduire
cette fracture entre le Nord et le Sud. Un Fonds de solidarité a été créé.
Les pays riches de la planète peuvent verser de l’argent pour
aider les pays pauvres à développer les technologies de l’information.
Mais la cotisation n’est pas obligatoire. Autre petite avancée:
des chercheurs américains ont présenté un ordinateur portable à 100
dollars. Il se recharge à la manivelle et peut se connecter à Internet,
même sans fil. Ces chercheurs sont en négociation avec plusieurs
Etats pour que les enfants de ces pays reçoivent gratuitement la machine.
Ils veulent réduire ce qu’ils appellent la «fracture de
l’éducation» même si l’informatique n’est
qu’un moyen comme un autre pour avoir accès au savoir. Un moyen
comme un autre sans doute. Mais un moyen qui est au centre de grands intérêts économiques,
financiers et politiques. Un moyen qui signale aussi une autre fracture.

L’autre fracture

Internet fonctionne dans le monde entier grâce à un ordinateur
qui est aux Etats-Unis. C’est le département du commerce des USA
qui contrôle la gestion de cette énorme base de données.
Une adresse Internet se termine par .com, .org, .fr, .be… Par exemple, .be
, c’est la Belgique. Les Etats-Unis peuvent décider d’éliminer
toutes les adresses Internet qui se terminent par .be. Comme Internet est devenu
très important pour le commerce et l’information d’un pays.
Ce serait une catastrophe. Evidemment, les Etat-Unis n’ont jamais fait
ce genre de chose mais ils sont tout-puissants dans Internet.

En plus, il n’y a pas que l’Etat des Etats-Unis. Il y a aussi toutes
les grandes sociétés informatiques qui sont américaines.
En France, par exemple, les chercheurs ne peuvent plus utiliser un programme
gratuit de communication téléphonique pour des raisons de sécurité.
Le programme développé en Europe a, en effet, été racheté par
eBay, une énorme société américaine de l’Internet.
Suite à un rapport «confidentiel-défense», la France
a jugé que ce programme n’était pas sûr.

L’Union européenne et d’autres grands pays du monde contestent
cette domination américaine sur Internet. Ils voudraient aussi pouvoir
participer au contrôle de cet énorme échange d’informations électroniques.
A Tunis, les Etats-Unis ont accepté d’en discuter. Mais aucune
décision n’a été prise sinon de se revoir l’année
prochaine pour continuer… à en discuter. Les échanges politiques
et surtout les changements politiques vont beaucoup moins vite que les échanges
d’informations sur Internet.

Thierry Verhoeven

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