Malgré la pression qui pesait sur ses épaules, Tom Bonen a répondu
présent. A 24 ans, il a emporté, à Madrid, le championnat
du monde de cyclisme. Une course qui termine magnifiquement une saison hors
du commun pour le jeune belge.

Tom Bonen est devenu champion du monde de cyclisme – Photo: Belga

Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Championnat du monde.
Trois monuments du sport cycliste que tout coureur rêve de gagner, au moins une fois, dans
sa carrière. Tom Bonen, lui, les a déjà remportés
tous les trois et dans la même saison. Avant lui, personne n’avait
jamais réalisé pareil triplé. Et dire que le coureur flamand
va, ce mois-ci, seulement fêter ses 25 ans… Pour peu, on en oublierait
aussi ses deux victoires d’étape dans le Tour de France. Une épreuve
dans laquelle il aurait pu briguer le maillot
vert s’il n’avait
pas dû abandonner suite à une blessure au genou. Mais revenons
au tout dernier exploit de l’Anversois, du côté de Madrid.

La victoire d’une équipe

Depuis le début de la saison, cette épreuve était promise à Tom
Bonen. La raison? Sur un tel parcours, sans véritable difficulté,
les chances étaient grandes que l’épreuve se termine par
un sprint massif. Et comme Bonen est désormais un des sprinters les
plus redoutables du peloton, l’affaire paraissait dans le sac, bien avant
le départ. Mais avant de lever les bras au ciel en signe de victoire,
il fallait d’abord éviter les pièges de la course: les
ennuis mécaniques, les échappées, etc. Et puis, surtout,
se montrer plus rapide que les autres hommes en forme du moment comme Petacchi
ou McEwen. Plus facile à dire qu’à faire…

De plus, un Championnat du monde n’a rien d’une course ordinaire.
C’est la seule épreuve qui se déroule par équipe
nationale. Le reste de l’année, les coureurs sont regroupés
par équipe financée par une marque, un sponsor. C’est une
différence importante qui pose des problèmes. Prenons, par exemple,
l’Australien McEwen. Il court, toute l’année, dans une équipe
belge, celle de Lotto-Davitamon. Une formation à laquelle appartient
aussi certains des meilleurs coureurs belge comme Peter Van Petegem ou Mario
Aerts. Tom Bonen, lui, fait partie de l’équipe “concurrente”,
celle de Quick Step, dirigée par Patrick Lefevere. Avant la course,
une question était sur toutes les lèvres. Les coureurs belges
de l’équipe Lotto-Davitamon allaient-ils vraiment tout faire pour
que Tom Bonen l’emporte? Ou secrètement ne préfèreraient-ils
pas que McEwen, avec qui ils courent et s’entraînent toute l’année,
gagne ce Championnat du monde?

Et après?

Dès les premiers kilomètres de course, la réponse a été claire:
les neuf coureurs belges allaient jouer le jeu et défendre les couleurs
de la Belgique! C’est d’ailleurs cet esprit d’équipe
qui a permis à Tom Bonen de l’emporter. Voilà donc une
autre particularité du sport cycliste. La victoire et les honneurs reviennent à un
seul coureur, le vainqueur. Mais sans le travail de son équipe, un seul
coureur n’est rien et peut difficilement l’emporter.

A Madrid, Tom Bonen a permis à la Belgique de gagner son 25ème
titre de champion du monde. Le premier Belge à avoir réussi pareil
exploit? Un certain Karel Kaers, en 1934. Le dernier? Johan Museeuw, en 1996,
du côté de la ville suisse de Lugano. Voilà encore un point
commun entre les deux hommes. Longtemps, le jeune Bonen a été désigné comme
le successeur de Johan Museeuw. Après sa formidable saison 2005, l’élève
n’a certes pas encore dépassé le maître. Mais il
a prouvé, que grâce à son talent et sa motivation, il pourrait
bien un jour y arriver… De quoi l’avenir de Tom Bonen serait-il fait?
Tout porte à croire qu’il pourrait bien continuer à accumuler
les victoires. Mais avec le maillot arc-en-ciel qu’il portera sur les épaules
durant une saison, il va être fort demandé. Il sera aussi attendu
au tournant par ses adversaires qui voudront, plus encore que par le passé,
franchir la ligne avant lui…

Anouck Thibaut