au Parlement européen
Le 17 novembre dernier, le Parlement européen a approuvé, à 407
voix contre 155, le projet Reach. Reach impose un nouveau système pour évaluer
30 000 substances chimiques. Et pour arriver d’ici onze ans à interdire
les plus dangereuses.
La nouvelle législation européenne sur les produits chimiques
s’appelle Reach. Reach est un acronyme pour Registration Evaluation and
Authorization of Chemicals (Enregistrement, évaluation et autorisation
des produits chimiques). Désormais, les industriels devront tester leurs
substances avant de les produire.
Emploi contre santé
Presque tous les objets du quotidien contiennent des produits chimiques.
Les produits de soins et de toilette, les produits d’entretien, les peintures,
vêtements, moquettes, téléviseurs… sont parfois lourdement «chargés».
Quelques exemples: les phtalates dans les anneaux de dentition des bébés,
les PFC (composés perfluorés) dans les poêles antiadhésives
et les tissus «anti-tache» des canapés.
Sur 100 000 produits chimiques en vente dans l’UE, à peine 3 000
ont été étudiés. Le WWF a testé le sang
de députés et ministres européens. Il y a trouvé cinquante-cinq
agents chimiques utilisés dans les canapés, les poêles à frire
antiadhésives, les boîtes à pizza qui résistent
au gras… Greenpeace a révélé que plusieurs parfums de
marques très connues contiennent des produits chimiques qui pénètrent
dans l’organisme. Ils se dégradent difficilement et peuvent nuire à la
santé. Selon le Plan Santé-Environnement de juin 2004 , «7 à 20%
des cancers seraient provoqués par des facteurs environnementaux».
Le débat sur ces produits oppose depuis près de cinq ans les
industriels aux écologistes. Les écologistes défendent
la santé et l’environnement. L’industrie chimique est très
puissante et emploie beaucoup de personnes. Les industriels disent que Reach
va faire perdre beaucoup d’emplois.
Une longue bataille
La Commission européenne a lancé le projet Reach en mai 2003.
Celui-ci prévoit que 30 000 produits fabriqués ou importés à plus
d’une tonne seront enregistrés dans une agence à Helsinki.
Depuis 2 ans, la Commission, l’industrie chimique et les écologistes
s’empoignent sur le niveau de cette évaluation. Quels tests seront
obligatoires? De simples tests sur les propriétés des produits
comme le veulent les industriels? Des tests sur la toxicité, comme le
veulent les écologistes? A partir de quelles quantités?
Le vote du 17 novembre est un compromisdécision prise après une discussion où chacun a abandonné une partie de ce qu'il voulait pour trouver un accord.
Les écologistes ont gagné sur un point important. Les industriels
seront obligés de remplacer les produits les plus dangereux. Ces produits
ne seront autorisés que pour cinq ans maximum. L’industrie développe
des produits de remplacement.
En revanche, les industriels européens ont obtenu que les tests soient
simplifiés pour l’enregistrement des substances produites à moins
de 100 tonnes.
Cela représente quand même près des deux tiers des substances. «L’industrie
chimique fait une grosse erreur. Elle choisit une logique économique à courte
vue, mais elle risque de perdre la confiance des citoyens», regrette
un écolo.
De quoi en effet ont peur les industriels de la chimie ? Du coût des
tests? Celui-ci représente 0,4% de leur chiffre d’affaires. A
moins qu’ils ne craignent que ces tests montrent que beaucoup de produits
et articles sont nocifs, et même toxiques pour les consommateurs.
Marie Thomas