samedi 18 mai 2024

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Electrabel ou Electrafrance?

Le groupe français Suez va racheter Electrabel, le premier producteur
d’électricité belge.Une entreprise qui en achète une
autre, cela se voit tous les jours et on n’en parle pas nécessairement
dans les journaux. Mais quand c’est Electrabel, une des plus grandes entreprises
de Belgique, cela devient un événement national.


Photo: Belga

Electrabel est un géant: il produit plus de 90% de l’électricité du
pays. Le groupe français Suez possédait déjà la
moitié de la société. Il veut tout. Il a proposé une
offre intéressante aux actionnaires d’Electrabel. En échange
de leurs actions Electrabel, il va leur donner de l’argent et des actions
Suez. Ce «paquet» vaut 15% de plus que ce que valait l’action
Electrabel au début de l’été.

Suez met beaucoup d’argent sur la table. Il va dépenser 11,2 milliards
d’euros pour acheter cette moitié d’Electrabel qu’il
ne possède pas.

A moins d’une immense surprise, l’opération réussira.
Les seuls actionnaires importants qui auraient pu s’y opposer sont les
communes. Et elles ne vont pas s’y opposer. Elles ont besoin de cet argent
pour rembourser leurs dettes.

Une vieille histoire

Cela fait des années que Suez dirige Electrabel. Le groupe français
est devenu propriétaire d’une partie d’Electrabel lorsqu’il
a acheté la Générale de Belgique à la fin des années
80. La Générale de Belgique était une grande société,
qui était propriétaire de beaucoup d’entreprises belges.
Parmi ces entreprises, il y avait deux géants de l’électricité:
Tractebel, société active dans l’électricité dans
de nombreux pays et sa «fille» Electrabel. Petit à petit,
Suez a éliminé les petits actionnaires. D’abord dans Tractebel,
en 1999. Et maintenant, dans Electrabel. Car ces entreprises sont de très
bonnes affaires. Aujourd’hui, ce sont elles qui font 70% du bénéfice
total du groupe français! Ce qui fait dire à certains qu’on
aurait mieux fait de trouver un accord entre Belges pour ne pas vendre ces
bijoux à l’étranger.

Suez répond qu’il n’est pas un groupe français. Il
a deux sièges, l’un à Paris, l’autre à Bruxelles.
Son actionnaire le plus important est le Belge Albert Frère qui possède
8% du groupe. Et sur les trois hommes forts de Suez, les numéros deux
(Jean-Pierre-Hansen) et trois (Gérard Lamarche) sont belges.

Un trésor encore
un peu belge ?

Electrabel rapporte beaucoup, beaucoup d’argent. Au cours de la première
moitié de cette année, son bénéfice a dépassé 1,3
milliard d’euros. C’est d’ailleurs pour cela que Suez n’a
pas hésité à casser sa tirelire pour avoir la moitié des
actions qu’il ne possédait pas encore. Si Electrabel rapporte
autant, c’est parce que l’entreprise n’a pas été obligée
de construire de nouvelles centrales ou de rénover des anciennes.

Mais bientôt, il va falloir choisir. L’argent qu’Electrabel
va dépenser pour se développer, va-t-il l’investir un peu,
beaucoup ou pas du tout en Belgique? La question est évidemment importante
pour les employés d’Electrabel. Et ils sont 11 000 en Belgique.
Du côté syndical, on craint qu’Electrabel se développe
plutôt à l’étranger que dans notre pays. Et c’est
vrai qu’Electrabel a déjà acheté des centrales un
peu partout, en Europe de l’Est, en Espagne, et surtout en France.

Pour qu’Electrabel ne devienne pas une société contrôlée
uniquement à Paris, le gouvernement belge a signé un accord avec
Suez. Le groupe français a promis de laisser un siège de la société à Bruxelles,
et de conserver le nom d’Electrabel. Suez vendra aussi les anciennes
centrales qui ne fonctionnent plus à d’autres producteurs d’électricité.
Mais est-ce que cela sera suffisant pour garantir un prix de l’électricité assez
bas et un caractère belge à Electrabel?

Pierre Henri Thomas

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