vendredi 17 mai 2024

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La nouvelle donne


La rue a manifesté pour le départ du président Chevarnadze (Photo: Belga)

En novembre, la Géorgie a connu une “révolution” en
douceur. L’opposition a obtenu le départ du Président de
la république. Des élections sont prévues début janvier.
Mais pourquoi ce petit pays grand comme deux fois la Belgique et peuplé de
5 millions d’habitants a fait la Une de l’actualité?

Début novembre, des élections ont eu lieu en Géorgie. Elles
ont été remportées par le parti du président Chevarnadze.
Mais les résultats de ces élections étaient truqués.
L’opposition a manifesté et a obtenu le départ de Chevarnadze.
Ce changement s’est fait sans violence. De nouvelles élections auront
lieu début janvier. L’ancien président Chevarnadze n’est
pas n’importe qui. C’est un ancien dirigeant communiste et ancien
ministre des Affaires étrangères de l’Union soviétique,
du temps de Mikhaïl Gorbatchev. Tout comme l’ancien chef d’Etat
soviétique, Chevarnadze était aussi un des symboles de la glasnost et de la perestroïka.

L’échec

D’origine géorgienne, Chevarnadze est devenu président de
cette jeune république du Caucase en 1992. La Géorgie était
indépendante depuis 1990. A l’époque, Chevarnadze promettait
de lutter contre la corruption, les mafias et aussi de développer le pays.
C’est un échec! En novembre 2003, les Géorgiens ont l’impression
que rien n’a changé. Aujourd’hui, plus d’un habitant
sur deux vit dans la pauvreté. Et les Géorgiens redoutent l’arrivée
de l’hiver. Ces dernières semaines, ils ont manifesté avec
l’opposition politique qui est composée d’anciens amis politiques
de Chevarnadze. Le président a démissionné. Tout cela s’est
fait dans le calme. C’est une révolution “de velours”,
comme on dit.

Lorsque Chevarnadze est arrivé au pouvoir en Géorgie, on pouvait
penser que le pays allait être fort influencé par la Russie, son
voisin. Pourtant, ces dix dernières années, les relations entre
les deux pays ont plutôt été mauvaises. La Russie a accusé la
Géorgie de soutenir les indépendantistes tchétchènes.
De son côté, les Géorgiens ont accusé Moscou de soutenir
les séparatistes des peuples de plusieurs régions de Géorgie:
Adjares, Abkhazes, Ossètes.

Le jeu d’échecs

La Géorgie s’est plutôt rapprochée de l’Ouest
et des Etats-Unis. Ce pays a aussi marqué une grande sympathie pour l’OTAN.
Des militaires américains ont aidé l’armée géorgienne à s’organiser.
Les Etats-Unis soutiennent financièrement le pays depuis plusieurs années.
Et pour cause, la Géorgie est située dans une zone sensible: le
Caucase est un des points de passage entre l’Est et l’Ouest, l’Occident
et l’Orient, l’Europe et l’Asie. Voilà sans doute le
véritable intérêt pour les événements qui se
passent dans ce petit pays.

En Géorgie, il y a donc une lutte entre la Russie et les Etats-Unis. Comme
dans beaucoup d’autres anciennes républiques de l’URSS, d’ailleurs.
La Russie s’inquiète de l’influence américaine en Géorgie.
La Géorgie est située juste au-dessus de la Turquie, membre de
l’OTAN et allié des Etats-Unis. La Russie s’inquiète
aussi des projets d’oléoduc et de gazoduc. Ils amèneraient
le pétrole et le gaz de la Mer Caspienne en Turquie en traversant la Géorgie
sans passer par la Russie. De leur côté, les Etats-Unis courtisent les dirigeants géorgiens pour les mêmes raisons. Il s’agit évidemment
du contrôle du pétrole et du gaz de la Mer Caspienne. Il s’agit
aussi de diminuer l’importance de la Russie au-delà de ses propres
frontières. Et, par la même occasion, les Etats-Unis pourraient étendre
encore un peu plus leur influence dans cette région du monde…

Thierry Verhoeven

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