vendredi 17 mai 2024

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Le bourbier dépasse les frontières


Les soldats américains et britanniques s’enlisent en Irak (Photo: Belga)

En Irak, les troupes américaines et britanniques s’enlisent. Dans
le même temps, les attentats contre les occidentaux se multiplient. Mais
les terroristes frappent aussi hors d’Irak, comme ce fut le cas en Turquie
en novembre dernier.

Pour le président américain Georges Bush, la guerre en Irak est
terminée depuis la chute de l’ancien dictateur Saddam Hussein. Mais
sur le terrain, la guerre est tout sauf finie! Au contraire, elle est plus meurtrière
que jamais: plus de soldats américains sont morts depuis la chute de Saddam
Hussein que durant la guerre en elle-même. Tous ces soldats sont morts
dans des attentats. Si les soldats américains sont les principaux visés,
les Britanniques le sont aussi. A la mi-novembre, un attentat très sanglant
a également visé des troupes italiennes. Pourtant, les soldats
italiens n’ont pas participé aux combats. Ils sont sur place pour
fournir de l’aide humanitaire.

Des attentats qui se multiplient

Par ailleurs, les attentats ne visent plus seulement les militaires. Les
institutions et ONG qui sont sur place pour fournir de l’aide humanitaire sont aussi
visées. Ces dernières semaines, les bureaux des Nations unies à Bagdad
ainsi que des ONG comme la Croix-Rouge ont aussi été touchés.
Conséquence: ces organismes évacuent leur personnel du pays pour
des questions de sécurité.

En réalité, on ne sait pas vraiment qui se cache derrière
tous ces attentats qui secouent l’Irak. Ils sont probablement commis par
plusieurs organisations. Mais sont-ils commis par des partisans de Saddam Hussein
qui est toujours dans la clandestinité? Ou encore par des commandos de
mouvements islamistes intégristes liés ou non au réseau
Al Qaïda d’Oussama ben Laden? Pour l’instant, aucune réponse
n’est sûre. Ce qui est certain, par contre, c’est que la population
irakienne est écœurée. En effet, beaucoup de civils irakiens
sont touchés dans ces explosions. De plus, les Américains et les
Britanniques avaient promis une reconstruction rapide du pays en ce qui concerne
les hôpitaux, les routes, la distribution de l’eau et de l’électricité.
En réalité, ces travaux ne sont nulle part. Pour cette raison,
les réactions de la population sont de plus en plus hostiles.

La Turquie atteinte

Dans le même temps, la guerre en Irak a aussi sauté les frontières.
Au mois de novembre, en moins de huit jours, la Turquie a été frappée
par quatre terribles attentats. A Istanbul, deux synagogues ont d’abord été attaquées.
Puis ce fut au tour du consulat et du siège d’une banque britannique
d’être visés. Il est plus que probable que ces attentats ont
un lien avec la situation irakienne. Au total, plus de soixante personnes sont
mortes.

Ce n’est pas un hasard si les terroristes ont frappé en Turquie.
Tout d’abord, ce pays est dirigé par un gouvernement islamique modéré.
Ensuite, il entretient de bonnes relations avec Israël. Enfin, la Turquie
est pro-occidentale. Après de longues négociations, des troupes
américaines en route vers l’Irak sont d’ailleurs passées
par ce territoire. Suite à ces attentats, commis par des citoyens turcs,
une dizaine de personnes ont été arrêtées. Mais ces
attaques ont été revendiquées à la fois par Al Qaïda
et par des mouvements islamistes intégristes turcs interdits.

Les élections de 2004 en point de mire

Dans tout cela, les Etats-Unis essaient de sortir du bourbier en Irak. Ils
veulent provoquer des élections dans un an, avant même qu’une nouvelle
Constitution soit établie. Ils demandent à l’ONU ainsi qu’à certains
pays comme la France et l’Allemagne de les aider. Pourtant, ces deux pays
se sont opposés à la guerre en Irak. En même temps, les Etats-Unis
veulent garder le contrôle du pays, notamment au niveau de l’aide,
des ressources économiques… Or, l’ONU et les pays appelés à l’aide
refusent cette situation. Ils disent que seule une véritable action internationale,
sous le contrôle des Nations unies, pourra faire évoluer la situation.

En fait, pour les Américains, la situation en Irak est devenue une question
de politique nationale. En effet, les prochaines élections présidentielles
américaines auront lieu en 2004. Et Georges Bush s’y représentera.
Aujourd’hui, les citoyens américains ont peur que l’Irak soit
un nouveau Vietnam. Par ailleurs, l’idée que la guerre lancée
par le président américain était une erreur commence à se
répandre dans la population américaine. Le prochain président
américain pourrait fort bien ne plus être Georges Bush…

Marc Vandermeir

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